La Commission européenne, selon son habitude, a immédiatement réagi aux mesures annoncées par Michel Barnier pour les pêcheurs.
Si l’« aide sociale » de 40 millions d’euros devait être une compensation directe pour atténuer la hausse du prix du gazole, « il faudrait examiner si cela respecte les lois de la concurrence et dans ce cas la Commission examinerait le dossier ». « S’il s’agit d’une aide d’Etat, il faudrait que la France notifie cette mesure à la Commission. »
Toutefois, il semble que les 40 millions « viendraient d’un fonds social français et seraient donnés directement aux familles des marins et non comme compensation financière pour la flambée du gazole », et dans ce cas on pourrait fermer les yeux.
Michel Barnier, quant à lui, a publié un communiqué pour préciser qu’il s’engageait à ce que la mise en œuvre des mesures soit « extrêmement rapide », que l’aide de 40 millions « prend effet à compter de ce jour et sera mise en paiement avant le 15 juin sur la base des demandes déposées », et pour saluer « les décisions prises par les marins pêcheurs sur un très grand nombre de ports de mettre un terme au blocage et de reprendre le travail ». Une « attitude responsable qui témoigne de ce que l’engagement du gouvernement et l’importance des financements modifiés en faveur de la pêche ont été compris ».
La situation sur le terrain est exactement l’inverse. Le mouvement se poursuit un peu partout, et la colère monte. A Dieppe, les marins pêcheurs ont repris le blocage du port transmanche. Commentaire du président du comité local des pêches : « C’est leur décision et je la respecte, mais il faut savoir que nous, les représentants des pêcheurs, nous ne maîtrisons plus rien du tout. Les pêcheurs veulent le gazole à 40 centimes à la pompe mais pas d’un mécanisme d’aide qui les apparente à des cas sociaux. »
La situation dans la Manche est aggravée par le fait que beaucoup de bateaux ont atteint (en mai !) leurs quotas annuels de prises (imposés par la Commission européenne), tant en maquereaux qu’en cabillaud ou merlan. « Même avec un gazole à zéro centime ils ne pourraient pas reprendre la mer faute de quotas », dit le président du comité régional des pêches de Haute-Normandie.
Pendant ce temps-là, tout va bien pour les pêcheurs norvégiens...
Commentaires
Cette affaire tombe à point nommé pour rappeler aux Français(es), qui l'auraient oublié depuis la victoire du Non au référendum de 2005, que le fonctionnement de l'UE en général et de la commission en particulier, est ubuesque, hypocrite et contre-productif.