Hymne de saint Hilaire, traduction dom Guéranger.
Jesus refulsit omnium
Pius redemptor gentium
Totum genus fidelium
Laudes celebret dramatum
Le miséricordieux rédempteur des peuples, Jésus, brille aujourd’hui d’une triple splendeur. Que la race entière des fidèles lui consacre ses louanges et ses cantiques.
Quem stella natum fulgida
Monstrat micans in æthera
Magosque ducit prævia
Ipsius ad cunabula.
Une étoile brillante, qui scintille au ciel, annonce sa naissance ; elle précède les mages et les conduit à son berceau.
Illi cadentes parvulum
Pannis adorant obsitum
Verum fatentur ut Deum
Munus ferendo mysticum.
Ils tombent aux pieds de cet enfant ; ils l’adorent dans les langes, ils le confessent pour un Dieu, et lui offrent de mystiques présents.
Denis ter annorum cyclis,
Jum parte vivens temporis,
Lympham petit baptismatis,
Cunctis carens contagiis.
Ayant trente fois parcouru le cycle de l’année, et avancé dans les jours de sa vie mortelle, Jésus demande l’eau du baptême, lui qui est exempt de toute souillure.
Felix Joannes mergere
Illum tremiscit flumine,
Petest suo qui sanguine
Peccata cosmi tergere.
L’heureux Jean frémit à la pensée de plonger dans le fleuve celui dont le sang a la vertu d’effacer les péchés du monde.
Vox ergo Prolem de polis
Testatur excelsa Patris.
Virtus adestque Pneumatis,
Sancti datrix charismatis.
La voix imposante du Père proclame le Fils du haut des cieux, et la vertu de l’Esprit, source des dons sacrés, descend visiblement.
Nos Christe subnixa prece
Omnes precamur protege,
Qui præcipis rubescere
Aquas potenter hydriæ.
Vous dont les ordres tout-puissants font rougir l’eau dans les vases du festin, ô Christ, nous vous en supplions, étendez sur nous tous votre protection.
Laus Trinitati debita,
Honor, potestas omnium,
Perenniter sint omnia
Per sæculorum sæcula. Amen.
À la souveraine Trinité, louange, honneur, puissance et gloire, à jamais, dans tous les siècles des siècles. Amen.
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On trouve une partie de cette hymne dans un disque du Chœur de Saint-Thomas de Leipzig, entre deux cantates de Bach pour l’Epiphanie. La musique n’est pas de Bach mais de Erhard Bodenschatz : ses motets furent publiés à Leipzig en 1618 et 1621, et on sait que Bach en avait fait faire des copies pour le chœur de Saint-Thomas.