Le lobby frénétiquement européiste EuropaNova a demandé aux deux candidats du second tour s’ils s’engageaient « à tout mettre en œuvre » pour aller plus loin et plus vite dans l’intégration politique européenne. Il leur demandait sept engagements.
Nicolas Sarkozy a répondu par un courrier bref et clair, Ségolène Royal par une très longue lettre filandreuse enfilant les clichés de sa campagne, à quoi s’ajoutent les réponses spécifiques sur les sept points.
Nicolas Sarkozy commence par « Chers amis », Ségolène Royal répond à « Monsieur » (Guillaume Klossa, président du collectif EuropaNova).
Telles sont les différences essentielles entre les deux candidats.
Tous deux commencent et finissent leur lettre par des éloges dithyrambiques de l’action d’EuropaNova en faveur d’une véritable Europe politique.
Tous deux répondent positivement aux sept « engagements » que leur soumet EuropaNova, même si c’est de façon plus ou moins floue.
Le premier peut être souscrit par tout le monde : il s’agit de s’engager à ce que s’ouvre un débat avec nos partenaires sur l’avenir de l’Union européenne.
Le deuxième est de « donner un président à l’Union européenne, élu à terme au suffrage universel ». Sarkozy et Royal s’engagent sur la « présidence stable », comme dit la défunte Constitution européenne, mais ni l’un ni l’autre ne s’engage sur l’élection au suffrage universel.
Le troisième est d’« accorder au Parlement européen des pouvoirs législatifs et budgétaires en tous points identiques à ceux exercés par le conseil des ministres ». Autrement dit que le Parlement européen soit un véritable Parlement supranational. Les deux candidats sont pleinement d’accord.
Le quatrième est de « supprimer le vote à l’unanimité entre Etats, c’est-à-dire généraliser le vote à la majorité qualifiée ». En termes clairs, cela veut dire que l’on supprime tout ce qui reste de la souveraineté nationale : tout Etat devra impérativement se ranger à la décision prise par la majorité (et l’on sait qu’en réalité cette décision est celle qui a été déjà prise par la Commission européenne). Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy y souscrivent sans réserve. Il est à noter que cela va encore plus loin que ce qui était stipulé dans la Constitution européenne.
Le cinquième est d’« œuvrer à la mise en place d’une véritable gouvernance économique et sociale de la zone euro, impliquant la mise en place d’un ministre des Finances de la zone euro ». Les deux candidats sont d’accord pour supprimer tout ce qui peut rester de souveraineté nationale en matière économique et sociale. Cela aussi va plus loin que la Constitution européenne.
Le sixième est de créer un « semestre européen » pour les jeunes, afin de leur permettre de séjourner dans un autre pays que le leur. Les deux candidats sont globalement d’accord, avec des modalités spécifiques.
Le septième est de « donner une valeur juridique contraignante à la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne ». C’est la deuxième partie de la Constitution européenne, et naturellement les deux candidats sont d’accord.
En résumé, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal vont tous les deux, dans le sens de l’intégration européenne, au-delà de la Constitution qui a été rejetée par le peuple français ; ils sont tous deux favorables à une suppression radicale de la souveraineté nationale, que même les rédacteurs du traité constitutionnel n’avaient pas osé formuler de façon aussi claire.
C’est une première dans l’histoire de France. Une première absolue. Pour la première fois, les deux candidats à la fonction de chef de l’Etat sont tous deux partisans résolus de la fin de la souveraineté française. Chacun d’eux est partisan de l’abdication de la France. Voter pour l’un ou pour l’autre implique que l’on accepte cette trahison historique de la nation française.