La Cour suprême du Pakistan a ordonné hier l’arrestation du Premier ministre Raja Pervez Ashraf et de quinze autres personnes pour des faits de « corruption » datant de 2010, quand Ashraf était ministre de l’Energie.
Ahraf avait été nommé Premier ministre en juin dernier, quand la Cour suprême avait contraint à la démission Youssouf Raza Gilani, « coupable » d’avoir refusé de réactiver une enquête pour « corruption » visant le président de la République Asif Ali Zardari.
Ce n’est pas une surprise. Dès la nomination de Raja Pervez Ashraf on savait que ses affaires allaient réapparaître, et que la Cour suprême n’allait pas se priver de les utiliser, pour le plus grand profit de l’armée qui voudrait reprendre le pouvoir et des islamistes qui voudraient le conquérir (les uns et les autres étant étroitement alliés).
Or comme par hasard la Cour suprême a pris sa décision alors que de grandes manifestations secouent le pays, menées notamment par l’islamiste Tahir ul-Qadri, qui a exigé la dissolution du Parlement et la constitution d’un gouvernement provisoire par l’armée et la justice…
Ainsi le président Zardari risque-t-il une nouvelle fois de ne pas aller au bout de son mandat : il n’en est pas loin, c’est en mars, et ce serait la première fois au Pakistan qu’un gouvernement irait au bout de son mandat…
Le problème est que si les dirigeants pakistanais sont « corrompus », et s’ils n’ont guère de pouvoir réel dans le pays, ils sont néanmoins les garants de la « laïcité » officielle et le rempart contre une dictature militaire ou (et) islamiste.