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Islam - Page 6

  • Pas de contrainte en religion ?

    Au nom de l'AGRIF, Bernard Antony formule 11 questions qu'il faudrait poser à Dalil Boubakeur. Il les présente ainsi :

    « Le docteur Dalil Boubakeur est le recteur de la mosquée de Paris et le président du Conseil Français du Culte Musulman. A ce titre il a été très souvent invité pour réagir aux propos extraits de la remarquable conférence de Benoît XVI à Ratisbone sur le dialogue des cultures et les violences au nom de la religion.

    « Le docteur Boubakeur est un homme respectable, distingué, cultivé, d’une grande religiosité. Les interlocuteurs qu’on lui a opposés, comme l’évêque de Vendée Mgr Santier, étaient hélas bien timorés et même semble-t-il tristement ignorants. Quant au docteur Boubakeur, il a usé et même abusé de l’ignorance compréhensible de la majorité des Français sur l’islam.

    « Nous regrettons qu’on ne l’ait guère convié à débattre avec ceux des non-musulmans qui ne se contentent pas désormais d’une information superficielle. Voici les questions que nous lui aurions volontiers posées. »

    On lira ces questions ici :Pas_de_contrainte_en_religion.doc
  • Des propos d’Ahmadinejad

    Lors de la conférence de presse qu’il a tenue en clôture de sa visite au Venezuela, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a tenu des propos intéressants, dans le contexte actuel d’hystérie islamique contre Benoît XVI.

    « Nous respectons le pape et toutes les personnes qui s’intéressent à la paix et à la justice. J’ai entendu de sa part que les paroles qu’il avait émises ont été modifiées », a-t-il déclaré. En fait elles n’ont pas été modifiées, mais le pape a clairement souligné que le propos le plus critiqué n’était pas de lui et qu’il ne reflétait pas son opinion personnelle. Ce qui est intéressant ici est le ton employé par un homme qui est à la tête d’un des gouvernements les plus islamistes du monde.

    La suite est de même fort intéressante. Démêler le vrai du faux demanderait une très longue analyse, car Ahmadinejad ne s’embarrasse pas de précisions, de quelque ordre qu’elles soient. Mais ce n’est pas la lettre de ce qu’il dit qui importe, c’est ce que cela sous-entend.

    « Toutes les guerres qui ont eu lieu au XXe siècle ont été causées par les pays européens et les Etats-Unis. (…) Une partie du gouvernement américain dit qu’ils sont chrétiens, mais ils ne sont pas chrétiens, car le Christ comme tous les prophètes de Dieu fut le prophète de la justice et de la paix de l’humanité. (…) Ceux qui ont initié ces guerres disaient qu’ils suivaient le Christ, mais nous savons qu’ils mentaient car ils ne connaissent pas le Christ. »

    Si l’on oublie toutes les objections qui viennent immédiatement à l’esprit, on peut constater que ce propos, dans ses sous-entendus (discernables sous les erreurs et le caractère fuligineux de la pensée), entre en résonance avec ce que Benoît XVI a (re)dit à Ratisbonne : « Les cultures profondément religieuses du monde voient précisément dans cette exclusion du divin de l’universalité de la raison une attaque à leurs convictions les plus intimes. Une raison qui reste sourde face au divin et qui repousse la religion dans le domaine des sous-cultures est incapable de s’insérer dans le dialogue des cultures. »

    Car ce que veut dire Ahmadinejad, semble-t-il, c’est que les Occidentaux ne sont plus chrétiens, que cela les conduit à se comporter comme des païens, et que, du point de vue de dirigeants musulmans croyants, cela est incompréhensible et conduit à ce qu’il n’y ait plus de point de contact. Saint Louis pouvait parler avec le sultan.

  • Le Saint-Siège et l’islam

    « Nous avons subi une lourde manipulation du texte qui a été transformé en quelque chose d’autre par rapport aux intentions du Saint Père », a déclaré le cardinal Bertone, le nouveau Secrétaire d’Etat du Saint-Siège. C’est le moins que l’on puisse dire, en effet. Le pape a subi le même traitement que celui dont Jean-Marie Le Pen est habituellement victime sur le plan politique dans notre pays. Dans un discours, les journalistes vont chercher une petite phrase, ils la sortent de son contexte, et en font un sujet de polémique contre l’homme à abattre.

    La conférence de Benoît XVI à l’université de Ratisbonne était dans le droit fil de sa longue réflexion, entamée il y a bien longtemps, sur les rapports entre la foi et la raison. Les deux derniers jalons importants de cette réflexion ont été son discours à Caen, lors des cérémonies du 60e anniversaire du débarquement, le 5 juin 2004, alors qu’il était encore préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, et son discours à l’université catholique du Sacré-Cœur, le 25 novembre 2005.

    Cette réflexion conduit Benoît XVI à formuler une critique radicale, non d’abord de l’islam, mais du rationalisme occidental contemporain, qu’il appelle une « pathologie de la raison », qui produit une « pathologie de la religion ». A Ratisbonne, il a fait un long développement sur la rencontre entre le message biblique et la pensée grecque, autour du Logos, qui est à la fois la raison, et Dieu (comme le proclame le premier verset de l’évangile de saint Jean). Déconnecter la raison de la religion, et la science de la théologie, conduit à mutiler l’homme. Et c’est seulement si nous unissons de nouveau la foi et la raison que nous pouvons devenir aptes à un véritable dialogue des cultures et des religions, car « les cultures profondément religieuses du monde » voient dans cette exclusion du divin « une attaque à leurs convictions les plus intimes ».

    On voit que cette conclusion de Benoît XVI dit exactement le contraire de ce qu’on lui reproche.

    Il est nécessaire de rétablir ainsi (de façon terriblement schématique), ce qu’a dit le pape, avant d’examiner ce qu’il a dit en rapport avec l’islam. Il avait choisi, comme « point de départ » de sa réflexion, une controverse entre l’empereur de Constantinople et un Persan musulman. Il cite un propos de l’empereur : « Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau, et tu y trouveras seulement des choses mauvaises et inhumaines, comme son mandat de diffuser par l’épée la foi qu’il prêchait. » Telle est la phrase qui a mis le feu aux poudres. Non seulement elle n’est pas de Benoît XVI, mais le pape soulignait lourdement que l’empereur s’exprimait « avec une rudesse surprenante qui nous étonne ». Ce qui l’intéressait n’est pas cette phrase, mais la façon dont l’empereur explique que la violence dans la diffusion de la foi est déraisonnable : « Dieu n’apprécie pas le sang, ne pas agir selon la raison – sun logo – est contraire à la nature de Dieu. »

    On remarque que les réactions des musulmans dans le monde entier, qui ont « vivement attristé » le pape, se concentrent sur la question de la violence de l’islam. Les voilà qui protestent que l’islam est une religion d’amour, de paix et de tolérance, et ils le font avec la plus extrême virulence, déclenchant une multitude de violences antichrétiennes. On ne se refait pas. La violence est bien évidemment consubstantielle à l’islam. Si l’on voulait l’expurger, il faudrait supprimer du Coran les innombrables versets d’appels à la violence qui s’y trouvent, dont les versets qui insultent les chrétiens et appellent à les tuer.

    Le tohu-bohu sur le point de la violence islamique a quasiment occulté l’autre point abordé par le pape, et qui est véritablement le nœud de la question. Le problème, dit Benoît XVI, est que si l’empereur de Constantinople, grec et chrétien, fait tout naturellement le lien entre foi et raison (par le Logos), « pour la doctrine musulmane Dieu est absolument transcendant, sa volonté n’est liée à aucune de nos catégories, pas même celle de la raison ». Et de citer Ibn Hazm qui allait jusqu’à expliquer que Dieu n’est même pas lié par sa propre parole, et que s’il le souhaitait, l’homme devrait même se livrer à l’idolâtrie.

    En effet, selon toute la tradition musulmane, Dieu est « impénétrable », il décide ce qu’il veut, l’homme doit se contenter d’obéir. C’est ce qui explique que ce qui pour nous est incompréhensible dans le Coran est accepté sans problème par les musulmans, à savoir que Dieu commande des choses parfaitement contradictoires, son nouveau commandement abrogeant simplement le précédent.

    Vendredi, alors que la polémique était à son comble, Benoît XVI nommait le nouveau secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les Etats : le Français Dominique Mamberti. Ce Corse né à Marrakech était nonce apostolique au Soudan depuis 2002. Auparavant, il a notamment travaillé au sein des représentations pontificales en Algérie et au Liban. On constate donc que le pape choisit un « ministre des Affaires étrangères » qui connaît l’islam de près. Interrogé par téléphone à Khartoum, Mgr Mamberti a bien évidemment refusé de se prononcer sur l’objet de la polémique, mais il a souligné, après avoir déclaré que le dialogue entre les différentes civilisations, cultures et religions sera une des grandes questions qu’il aura à traiter, que ce dialogue devait être « mené dans la vérité et sur des fondements intellectuels valides ». Ajoutant, au cas où l’on n’aurait pas compris : « Les réflexions du Saint-Père doivent être insérées dans ce contexte. »

    Pour être complet, rappelons que Benoît XVI a dissous le conseil pontifical pour le dialogue interreligieux (et avec lui sa commission pour les relations avec l’islam) dans le conseil pontifical pour la culture. On remarquera que l’expression devenue habituelle est « dialogue entre les cultures et les religions », les deux mots culture et religion étant désormais inséparables. A Ratisbonne, il a évoqué « les cultures profondément religieuses du monde » qui sont choquées par le rationalisme occidental.

    Il y a en effet quelque chose de nouveau dans l’approche de l’islam par le Saint Siège. Ce n’est pas la citation de l’empereur  du XIVe siècle. Certains chefs musulmans en sont certainement conscients. La violence des réactions à la petite phrase doit aussi être appréciée à l’aune de ce contexte.

     

  • Petite note de terminologie

    Depuis l’irruption de l’islam dans notre société, et dans l’actualité internationale, on utilise de plus en plus de mots arabes censés désigner des réalités islamiques. Mais il convient de garder à l’esprit que ces mots arabes sont… arabes, et par conséquent également utilisés par les chrétiens arabophones.

    A commencer par Allah. Appeler Allah le Dieu des musulmans, entendant par là qu’on désigne une divinité qui est propre aux musulmans, c’est se soumettre à l’islam, car les musulmans ne veulent pas, en effet, qu’on traduise Allah. Il n’empêche que Allah est le mot utilisé par tous les chrétiens arabophones pour désigner le Dieu Père, Fils et Saint-Esprit. Marie étant Oum Allah, la Mère de Dieu (effroyable blasphème pour les musulmans).

    J’écris surtout cette note pour prévenir l’accusation de pléonasme si je suis amené à parler de « charia islamique » dans mes chroniques.

    Charia, en arabe, c’est la loi. Dans l’Evangile en arabe, quand le Christ parle de la loi de Moïse, il dit Charia Moussa. Sa loi nouvelle est la nouvelle charia. Chez nous, quand on dit charia, on pense islam, parce que c’est un mot arabe, mais par respect pour les chrétiens arabophones, et pour la vérité, il faut dire « charia islamique », ou d’ailleurs, plus simplement, loi islamique ou coranique.

    Il en est de même du mot jihad et de son dérivé moujahidine. Quand dans la sublime prière de Carême de l’Acathiste, il est question des moujahidine de Marie, il est évident que ce ne sont pas des miliciens en armes.

    A propos des terroristes qui se font tuer, avec ou sans leur bombe, il est très curieux que l’on adopte, non le mot arabe, mais sa traduction : martyrs. Le mot arabe pour témoin ou martyr (le mot grec martyr veut dire témoin) est chahid. Or le mot martyr est tout à fait inapproprié du point de vue chrétien pour désigner un terroriste. Le martyr est quelqu’un qui est tué en haine de la foi, non quelqu’un qui se fait sauter en tuant des innocents. Utiliser le mot martyr est offensant pour la foi chrétienne. Et là on trouve le fil d’Ariane – antichrétien – de la terminologie qu’utilisent nos médias : faire d’Allah le Dieu des musulmans, de charia la loi des musulmans, et de moujahid le combattant musulman, c’est offensant pour les chrétiens arabophones, comme l’utilisation du mot martyr est offensante pour les chrétiens occidentaux. C’est pourquoi il faut être très vigilant dans l’emploi de tous ces termes.

  • Le pape au cœur de la question

    Des voix nombreuses (dont certaines menaçantes) se sont élevées dans tout le monde musulman, pour dénoncer (de façon le plus souvent virulente) les propos du pape sur l’islam. Ces réactions mériteraient d’être reprises et commentées une à une, tant elles sont importantes, et montrent par contraste l’importance du propos de Benoît XVI. Mais il y faudrait un long article, que je me propose de rédiger pour Reconquête.

    C’est la première fois qu’un pape, dans l’histoire moderne, s’exprime sur l’islam. Même s’il s’agissait plutôt d’une conférence du professeur Ratzinger devant ses collègues de Ratisbonne, sur le thème foi et raison, et non d’un acte du magistère pontifical, le professeur Ratzinger est le pape, il a prononcé ces propos dans le cadre de sa visite pontificale en Allemagne, et il sait pertinemment que tout ce qu’il dit engage sa fonction.

    C’est donc en effet Benoît XVI qui, en substance, a dit ceci : l’utilisation de la violence pour convertir les gens à sa foi, que le Coran prône sous le nom de jihad, est contraire à la nature de Dieu et à la nature de l’âme, parce que contraire à la raison. Mais pour l’islam Dieu est absolument transcendant, sa volonté n’est liée à aucune de nos catégories, pas même celle de la raison. Ibn Hazm allait jusqu’à expliquer que Dieu n’est même pas lié par sa propre parole, et que s’il le souhaitait, l’homme devrait même se livrer à l’idolâtrie.

    Tel est en effet le nœud de la question islamique, tel qu’on peut le voir de façon évidente dans le Coran et dans toute la tradition musulmane. Dieu est impénétrable, il décide ce qu’il veut, l’homme n’a qu’à obéir. (C’est ce qui explique que ce qui pour nous est incompréhensible dans le Coran est accepté sans problème par les musulmans, à savoir que Dieu commande des choses parfaitement contradictoires, son nouveau commandement abolissant simplement le précédent.) La foi musulmane est ainsi totalement déconnectée de la raison (alors que pour nous Dieu est Logos), et il est légitime d’utiliser la violence contre les infidèles puisque Dieu le dit.

    Les réactions à ces propos sont de deux ordres.

    Il y a ceux qui prétendent, jusqu’au ridicule, que ce que dit le pape du jihad est faux, que l’islam est une religion de paix et de tolérance et n’a jamais usé de violence, contrairement au christianisme avec ses croisades, son inquisition, etc. Le secrétaire général du conseil central des musulmans d’Allemagne va jusqu’à dire que l’expression guerre sainte a été utilisée pour la première fois par le pape Urbain II, alors que guerre sainte se traduit par jihad et que ce mot est un terme fondamental du Coran. On est ici dans le fantasme religieux et historique le plus… déraisonnable.

    Et il y a ceux qui poursuivent leur attaque sur la question de fond. Ainsi Dalil Boubakeur, le président du CFCM. Après avoir lui aussi affirmé que « l’islam est d’abord tolérance et fraternité », il conteste la référence à Ibn Hazm en déclarant que ce théologien n’a pas fait école, et qu’il vaudrait mieux se référer à Averroès, qui a inspiré saint Thomas d’Aquin, au mutazilisme, ou à la Nahda qui a « marqué une demande de retour à l’avènement de la raison ».

    Répondre ici à Dalil Boubakeur permet en même temps de répondre à tous ceux qui hurlent que le pape ne connaît rien de l’islam.

    La vérité historique est tout simplement le contraire de ce qu’avance Boubakeur.

    Ibn Hazm, gloire de l’Andalousie musulmane de l’an mil, considéré par certains comme le créateur de l’histoire religieuse comparée, est la principale référence du courant théologique zahirite : il est toujours une référence chez les juristes musulmans.

    En revanche, non seulement Averroès, lui aussi andalou, n’eut aucune postérité doctrinale, mais il fut persécuté et exilé au Maroc où il mourut.

    Quant au mutazilisme (qui affirmait notamment que le Coran était créé), il eut son heure de gloire au IXe siècle, avant d’être supplanté par le sunnisme. Tous les livres de ce courant de pensée furent brûlés, au point qu’on ne put le connaître qu’à travers les livres qui le réfutaient.

    Enfin, la Nahda ne fut pas un mouvement musulman, mais un mouvement culturel et politique de renaissance (ou réveil) arabe (contre l’oppression turque), lancé par des catholiques maronites au XIXe siècle. Des théologiens musulmans, notamment en Egypte, en firent aussi un mouvement de renaissance, ou plutôt de réforme, de l’islam, plus ou moins inspiré par les Lumières. Sur le plan religieux, la Nahda a bientôt disparu, réduite à néant par les chefs musulmans, notamment d’Al-Azhar.

    Ainsi le pape a-t-il parfaitement raison de se référer à Ibn Hazm et non à des personnages ou des courants qui ne représentent rien dans l’islam actuel.

    La violence des réactions, qui va sans doute s’accentuer et se déplacer sur le plan politique (le Parlement pakistanais a déjà voté une motion, et le chef des Frères musulmans demande aux gouvernements des pays musulmans de rompre leurs relations diplomatiques avec le Vatican), montre à l’évidence que le pape a visé juste, et que son propos est irréfutable. Puisse-t-il ouvrir les yeux de certains musulmans, et aussi des très nombreux catholiques auxquels a été donnée une vision fausse, absurdement christianisée, de l’islam.