Mgr Shao Zhumin, l’évêque clandestin de Wenzhou, a été libéré le 3 janvier dernier. Le 27, une grande fête a été organisée en son honneur, avec un chant composé pour l’occasion, célébrant « notre cher évêque qui nous conduit au Christ ».
On en sait désormais un peu plus sur sa détention, et sa libération. Pendant des mois on a voulu l’obliger à intégrer la soi-disant Association patriotique, l’Eglise officielle. Il devait signer un document comprenant les quatre conditions qui lui auraient permis d’être reconnu par le parti :
— son soutien au principe d’une Eglise indépendante ;
— son soutien à la nomination et à l’ordination d’évêques par la seule Association patriotique ;
— la concélébration avec un évêque officiel non reconnu par le Vatican ;
— la soumission aux nouvelles règles imposées aux religions à partir de février.
Mgr Shao Zhumin a refusé. Finalement il a été quand même libéré, semble-t-il sous la pression internationale, particulièrement de l’ambassadeur d’Allemagne. AsiaNews ajoute in fine : « Même le Saint-Siège avait exprimé son inquiétude sur son sort. » Sic.
Il est intéressant, et terrible, de comparer le témoignage de Mgr Shao Zhumin avec ce que dit le cardinal Parolin sur les négociations avec le pouvoir communiste chinois et sur les « sacrifices » qui sont demandés par le Vatican aux chrétiens (à savoir, mais Parolin n’a même pas le courage de le dire explicitement, d’accepter que les évêques fidèles soient remplacés par des évêques du pouvoir communiste)… Car les « sacrifices » qui sont demandés ne peuvent être que la conséquence de la reconnaissance par le Vatican des quatre conditions rejetées par l’évêque fidèle. L’abandon de l’Eglise en Chine apparaît ici de façon claire et monstrueuse.
Le pouvoir communiste n’a pas pu faire plier Mgr Shao Zhumin. C’est François qui aura sa peau…
N.B. Le cardinal Zen s'est rendu au Vatican pour évoquer l'affaire des "sacrifices" avec le pape et les responsables de la politique du Saint-Siège vis-à-vis de la Chine. Il a ensuite publié un long texte par lequel il tente de dédouaner François qui ne serait en rien responsable des agissements de ceux qui au Vatican veulent vendre l'Eglise de Chine... Le pape a réagi avec sa brutalité habituelle par un bref et cinglant communiqué du directeur du Bureau de presse du Saint-Siège démentant "une prétendue divergence de pensée et d’action entre le Saint-Père et ses collaborateurs de la Curie romaine, vis-à-vis des questions chinoises", et ajoutant qu'il est "surprenant et regrettable que des personnes d’Église affirment le contraire, et que soient ainsi alimentées tant de confusions et de polémiques"...