La République tchèque a signé mercredi avec les Etats-Unis un accord qui exempte ses ressortissants de visas s’ils veulent se rendre outre-Atlantique.
La Commission européenne avait condamné ces négociations bilatérales dans un domaine qui relève de sa compétence, et mercredi encore elle se réservait le droit de saisir la Cour européenne de Justice.
Mais elle a finalement baissé les bras.
« Il aurait été préférable de négocier en tant qu’Union, mais une fois que nous avons un accord signé (par un membre), je crois que c’est très difficile de trouver une solution pour des négociations avec l’ensemble de l’Union », a constaté le ministre slovène de l’Intérieur au nom de la présidence de l’Union. Signer des accords bilatéraux sera désormais possible, a soupiré le commissaire Frattini, qui a reconnu que la cause de toute cette affaire est l’incapacité de la Commission européenne de négocier avec les Etats-Unis une fin rapide des mesures discriminatoires imposées aux ressortissants des pays entrés dans l’UE depuis 2004 (sauf la Slovénie ), ainsi qu’à la Grèce.
« Nous avons attendu quatre ans et puis nous avons décidé d’y aller seuls », a déclaré à la presse le ministre tchèque de l’Intérieur. Interrogé sur les critiques de la Commission européenne et d’autres Etats membres, il a répondu : « Un homme qui n’a pas faim ne peut pas comprendre un homme qui a faim. » Et il a cité parmi les pays qui « ont faim » la Slovaquie , la Hongrie , Malte, la Grèce et les Etats baltes...
« Nous constatons la négation absolue de l’Union européenne de la part des Etats-Unis », a protesté un diplomate européen, ajoutant que « l’ambiance est un peu pénible » entre les Etats membres.
En effet, pour obtenir l’exemption de visas, les Tchèques ont accepté un transfert d’informations sur les passagers des vols à destination des Etats-Unis allant au-delà de ce que l’Union européenne a accepté l’an dernier. Mais ce sont bien les Tchèques qui étaient demandeurs. Et c’est la Commission européenne qui était incapable de trouver une solution. Et qui a capitulé devant la volonté d’un Etat membre...
La République tchèque présidera l’Union européenne au premier semestre 2009... Avec Vaclav Klaus, qui vient d’être réélu à la présidence de son pays et qui est le seul dirigeant « eurosceptique » de l’Union européenne... Alors que le traité de Lisbonne est censé entrer en vigueur le premier jour de cette présidence... si les Irlandais ne l’ont pas fait capoter d’ici là...