Il n’y a pas que Bernard Kouchner à manger son chapeau. Christine Boutin l’a fait aussi, vendredi. Elle avait assuré à plusieurs reprises qu’il n’était pas question de reloger en priorité les otages africains du DAL alors que des milliers de familles attendent un meilleur logement. C’est pourtant ce qu’elle a promis, en signant avec le DAL un accord qui prévoit « le relogement de 374 ménages sous la responsabilité de l’Etat dans un délai maximum d’un an ». Ces ménages représentent environ 1.500 adultes et 900 enfants, selon Jean-Baptiste Eyraud.
Christine Boutin disait que ce serait une injustice. Elle a signé l’injustice.
Dans le même temps, le ministère du Logement a prévenu que « l’Etat ne renouvellera en aucun cas un accord de ce type si de nouveaux campements urbains étaient organisés par les associations signataires ou d’autres associations, dans la mesure où à compter du 1er janvier les procédures de traitement des demandes de logement et d’hébergement prévus par la loi Dalo seront en vigueur ». Et Christine Boutin, se disant « heureuse » de l’accord conclu, a martelé que s’il y avait de nouveaux campements il n’y aurait pas de nouveau contrat et que ces campements seraient évacués par la police.
Cette façon de faire est évidemment un encouragement à continuer les actions. Dès le lendemain, les Enfants de Don Quichotte installaient des dizaines de tentes le long de la Seine , près de Notre-Dame. La police a effectivement fait avorter l’opération, immédiatement. De même qu’elle avait immédiatement empêché le DAL d’établir son campement d’Africaines « mal logées » (en confisquant les tentes dès le rendez-vous dans une station de métro), et l’on a vu la suite...
Les Enfants de Don Quichotte, soutenus naturellement par tous les lobbies de ce type, et aussi par la gauche, clament que Christine Boutin n’a pas tenu sa promesse, que plus de 27.000 places avaient été promises et qu’il n’y en a que 14.000...
Christine Boutin répond que c’est faux, elle pleurniche sur le fait qu’Augustin Legrand monte une telle opération alors qu’il sait ce qu’il en est puisqu’il fait partie du comité de suivi et participe régulièrement aux réunions du ministère, et elle arpente les rues de Paris avec des journalistes pour montrer qu’il y a partout des places d’hébergement disponibles... Hier soir, visitant le centre d’accueil de la Croix Rouge à l’hôpital Broussais, où huit places sur une trentaine étaient occupées, elle a même décidé de publier quotidiennement le nombre de places et le taux d’hébergement dans chaque région...
Mais lors de la conférence de presse tenue samedi par les associations sur le parvis de Notre-Dame, il n’était pas vraiment question de l’hébergement d’urgence. On y parlait de la crise du logement, de la pénurie de logements sociaux.
Il s’agit donc toujours des « mal logés ». Mais les Enfants de Don Quichotte repassent à la vitesse supérieure, en se servant d’un faux problème d’hébergement d’urgence pour médiatiser leur action et leur « porte-parole ». Les SDF dans la rue, par ce froid, etc.
Christine Boutin n’est pas au bout de ses peines. Mais elle ne peut que s’en prendre à elle-même.
Et le pire est à venir. Car à partir du 1er janvier va s’appliquer la loi Dalo, comme elle le souligne elle-même. On peut compter sur les associations pour multiplier les procédures, et pour faire condamner l’Etat des milliers de fois, car il y a un réel manque de logements. Et en attendant les jugements, on continuera les opérations de rue pour arracher des accords comme celui de vendredi...