Le Parisien croyait pouvoir annoncer ce matin que Jacques Chirac avait décidé de pas se présenter à la présidentielle, sur la foi d’une citation de ce que dit le Président dans l’émission Vivement dimanche de dimanche prochain (qui a été enregistrée il y a plus de deux semaines). Mais c’est à l’aide d’une citation tronquée que le quotidien faisait dire à Chirac qu’il « s’apprête à servir la France d’une autre manière ». L’Elysée a publié la version intégrale, pour souligner qu’il n’y a aucune révélation, ni rien de nouveau, dans ce qu’a dit Chirac : « J’ai toujours essayé d’agir pour les Français et pour l’idée que je me faisais de la France. Et si, le jour où je n’aurai plus de responsabilités de cette nature, eh bien j’essaierai de servir la France, les Français, d’une autre manière. » Tout au plus peut-on constater qu’il commence par dire : si, et qu’il modifie sa phrase en disant : le jour où. Mais cela ne mène nulle part…
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Supputations
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Villepin ne sera pas candidat…
Pour la première fois, Dominique de Villepin indique clairement qu’il se sera pas candidat à la présidentielle. C’est dans le grand entretien que publie le site internet du Financial Times. « Pourquoi ne vous présentez-vous pas à cette élection ? » « D’abord parce que, comme je l’ai toujours dit, j’ai accepté une mission en arrivant à Matignon dans une situation très difficile. Je veux gouverner jusqu’au dernier jour au service des Français. Il y a une élection qui arrive, c’est un autre sujet. Mon choix est de servir comme Premier ministre et d’assumer mes responsabilités. »
Mais il y a aussi la suite.
Quant à savoir comment il entend soutenir Sarkozy, il répond : « Nous verrons », et il ajoute : « La situation dans laquelle se trouve ma famille politique est un peu inhabituelle aujourd’hui, avec en même temps un candidat choisi par l’UMP et le président de la République qui n’a pas annoncé sa propre décision. Je suis le Premier ministre de Jacques Chirac, donc j’attendrai que le président fasse connaître ses intentions. Laisser le président décider en toute sérénité et liberté, c’est le moins que je puisse faire, dans ma position. »
Et si le président décide d’envoyer Villepin dans les pattes de Sarkozy ?
La question n’a pas été posée…
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Chirac et le « débat »
En présentant ses vœux à la presse, Jacques Chirac a déclaré qu’une éventuelle candidature à l’Elysée « mérite réflexion » et qu’il va donc « y réfléchir ». Et il a relevé que les propos qu’il a tenus ces derniers jours « ont pu étonner certains d’entre vous, qui s’attendaient à un bilan ou à un propos teinté de nostalgie »…
Quoi qu’il en soit de sa candidature, il compte « s’engager et fixer clairement les enjeux des élections » ; il faut, dit-il, un « vrai débat ouvert, responsable, démocratique ». Un débat qui n’a pas pu avoir lieu entre les tours en 2002, prétend-il, car l’élection « a porté sur les valeurs de la République et il n’y a pas eu réellement de confrontation entre deux projets économiques et sociaux ». Or il n’y a pas eu de confrontation entre deux projets politiques, parce que Chirac prétendait incarner les valeurs de la République face à un adversaire ainsi grotesquement disqualifié, dont il faisait un paria au lieu de respecter le suffrage populaire.
« Si nous ne voulons pas laisser le champ libre aux extrémismes et vivre un nouveau 21 avril, notre devoir c’est de montrer les dangers et les opportunités de ce nouveau monde (…), de désamorcer les peurs, les angoisses et les idées reçues », a-t-il ajouté.
Jean-Marie Le Pen a aussitôt répondu à ces propos par le communiqué suivant :
« Jacques Chirac déclare qu’il faut un « vrai débat » pour la présidentielle, et que rarement un tel débat n’a été « aussi nécessaire ». Or c’est lui qui a refusé le débat en 2002, et il le redit lui-même, sous le fallacieux prétexte que le second tour aurait porté sur les valeurs de la République et non sur un programme.
« Il faut « désamorcer les peurs, les angoisses et les idées reçues » pour éviter un nouveau 21 avril, dit-il. Mais cela fait douze ans qu’il est président de la République. Qu ’a-t-il fait pendant ce temps, sinon laisser monter les peurs et les angoisses ?
« Ce n’est pas en multipliant les mensonges statistiques (chômage, délinquance…) et les promesses démagogiques qu’on peut y remédier, mais en montrant le chemin de l’espoir, or c’est un tout autre chemin que celui des politiciens qui n’ont ni su, ni pu, ni voulu contrecarrer la décadence.
« Le débat est plus nécessaire que jamais, en effet : le vrai débat, celui-là même que Jacques Chirac refuse, mais que les citoyens vont imposer pour les prochaines élections. »
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Chirac et le Téléthon
Jacques Chirac a apporté son soutien au Téléthon, dans un discours prononcé à l’Elysée. Il va de soi que l’homme du droit à l’avortement, de la substitution de population par l’immigration, et de toutes les subversions, ne pouvait que s’opposer à des critiques portant sur le droit à la vie.
Et bien entendu il a lourdement insisté sur le fait que les recherches sur l’embryon financées par le Téléthon sont légales, puisque la loi de bioéthique permet de considérer l’embryon humain comme une chose : « C’est dans le strict respect de cette loi, je le répète, dans le strict respect de cette loi, que le Téléthon agit, à juste titre. Je tenais à le rappeler pour qu’il n’y ait aucune ambiguïté. »
Il n’y a en effet aucune ambiguïté. C’est aussi dans le strict respect de la loi que plus de 200 000 enfants sont massacrés chaque année dans le sein de leurs mères.
Quand on pose en principe « Pas de loi morale qui primerait la loi civile », la loi civile peut permettre tout ce que condamne la plus élémentaire loi morale.
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Imposture
Jacques Chirac est à Pékin, où il a vendu un certain nombre d’airbus et conclu divers autres contrats commerciaux. Ces visites sont toujours accompagnées de commentaires sur les « droits de l’homme » en Chine. On presse le dirigeant occidental de « parler des droits de l’homme », et l’on se désole qu’il ne l’ait pas fait, ou trop discrètement. Cette fois, Chirac est fier d’avoir, non seulement évoqué ouvertement la question, mais d’avoir fait franchir à la Chine un pas de géant dans ce domaine. En effet, les deux présidents ont signé une déclaration, par laquelle la Chine s’engage à protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales.
La déclaration dit même explicitement que c’est du « devoir des Etats de promouvoir et de protéger tous les droits de l’homme et toutes les libertés fondamentales », en « respectant l’universalité de ces droits » conformément à la charte de l’ONU.
En réalité, cette déclaration n’a strictement aucune valeur d’engagement à quoi que ce soit. C’est une petite poudre cosmétique destinée à faire plaisir aux lobbies de défense des droits de l’homme et à faire croire aux gogos que le commerce n’empêche pas l’éthique…
La déclaration n’engage à rien, pour la bonne raison que tout cela figure déjà dans la Constitution chinoise, qui garantit la liberté de croyance ou de non-croyance religieuse, d’expression, de presse, d’association, de procession (sic), et de manifestation. Et comme si cela ne suffisait pas, un amendement de 2004 stipule que « l’Etat protège et respecte les droits de l’homme ».
Dans la réalité, c’est tout le contraire. Parce qu’une batterie de lois interdit toutes ces libertés. La répression des religions non autorisées (notamment catholique) a même été récemment renforcée, et la dernière loi en date est celle qui censure internet. A l’arrivée de Jacques Chirac, un internaute était d’ailleurs condamné à trois ans de prison pour avoir émis sur son site des idées non conformes.
Le 8 octobre dernier, l’agence zenit interrogeait le célèbre opposant Harry Wu, qui vit en exil après avoir passé 19 ans en camp de concentration pour avoir dénoncé l’invasion de la Hongrie par les Soviétiques. Voici sa réponse à la question sur la situation des droits humains en Chine. Elle dit tout et se passe de commentaires. Vous avez eu la fiction Chirac. Voici la réalité.
« La situation est tout simplement tragique. Dans les laogai plusieurs millions (on ne sait pas le nombre exact) d’hommes, de femmes et d’enfants souffrent, contraints à travailler dans des conditions inhumaines, dans le seul but d’apporter un profit au gouvernement chinois et aux nombreuses multinationales. Et ce n’est pas tout. Des exécutions de masses sont perpétrées. Celles-ci sont suivies de vente d’organes humains. L’exploitation des enfants soumis à des travaux forcés est largement répandue. Les diverses Eglises et communautés de croyants subissent des menaces et des représailles. Avortements et stérilisations forcées sont pratiqués à grande échelle. La psychiatrie en tant qu’instrument d’oppression politique est utilisée de manière abusive. Il s’agit de graves violations des droits humains qui sont perpétrées dans la Chine d’aujourd’hui ! Des faits ignorés par les mass media du monde libre qui ne veulent pas perturber le commerce international. »