Selon l’Elysée, le dîner entre Nicolas Sarkozy et le président chinois Hu Jintao, hier soir à Pékin, a été « une partie de ping-pong élégante et sans smash ». Les deux présidents ont établi « une relation naturelle, chaleureuse et constructive ».
Ils ont parlé de tous les grands sujets du moment, et des contrats commerciaux, bien sûr, et des « droits de l’homme », naturellement, mais « le moment où la divergence a été la plus forte » a été celui où les deux hommes ont évoqué la question du yuan...
Bref, la seule divergence sérieuse est une question monétaire. Pour le reste, tout va bien. Nicolas Sarkozy joue gentiment au ping-pong avec le président de la plus grande dictature du monde, le chef d’un régime qui n’admet aucune liberté politique, qui censure internet, qui continue de faire croupir des centaines de milliers de personnes dans des camps de concentration, qui par ailleurs a développé un libéralisme économique sans foi ni loi où les travailleurs, tenus dans des conditions de misère, n’ont aucun droit, pas même celui de circuler dans la ville dont ils construisent les gigantesques banlieues.
D’ailleurs, Nicolas Sarkozy est d’accord avec le régime chinois pour dire que le Tibet et Taïwan font partie intégrante de la Chine , et pour dénier aux Taïwanais le droit de faire un référendum sur l’indépendance de l’île.
En ce qui concerne les « droits de l’homme », Nicolas Sarkozy s’est contenté de demander qu’il y ait un peu plus de liberté... au Tibet. Il avait pris soin de ne pas emmener avec lui Rama Yade, dont la présence paraissait pourtant aller de soi, puisqu’elle est secrétaire d’Etat aux droits de l’homme dans le monde. Mais Nicolas Sarkozy avait décidé que c’était lui qui parlait des droits de l’homme.
En réalité, Nicolas Sarkozy est allé en Chine pour signer des contrats. Pour 20 milliards d’euros, nous dit-on, dont 12 milliards d’airbus. Fort bien. Mais qu’il se contente alors de souligner son rôle de représentant de commerce. Un VRP ne joue pas au ping-pong quand il conclut des affaires.