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Afghanistan - Page 8

  • Afghanistan : la propagande et la réalité

    Déclaration de Donald Rumsfeld, diffusée par l’AFP hier à 18h07 :

    « En Afghanistan, 28 millions de personnes sont libres. Ils ont leur propre président, leur propre parlement, ça va beaucoup mieux dans les rues. C’est un grand succès ! »

    Extraits d’une dépêche AFP de 18h06 :

    Au moins 27 personnes ont été tuées et 57 blessées, en majorité des civils, dans un attentat suicide visant un responsable de la police de la province très instable de Helmand, dans le sud de l’Afghanistan.

    L’attentat de lundi à Gereshk est l’un des plus graves commis cette année après celui du 17 juin dernier qui avait fait 35 morts à Kaboul.

    Selon un rapport de l’ONU publié ce week-end, plus de 100 attentats suicide ont été commis en Afghanistan depuis le début de l’année. Face à cette spirale de la terreur, le président afghan Hamid Karzaï avait réitéré dimanche une offre de négociation avec les islamistes.

  • Crétins

    L’armée américaine a largué le 24 août par hélicoptère, dans le sud-est de l’Afghanistan, autrement dit dans les fiefs talibans, des dizaines de ballons de football destinés aux enfants. Ces ballons sont décorés de drapeaux de différents pays, dont celui de l’Arabie saoudite. Or le drapeau saoudien comporte la chahada : Il n’est pas d’autre dieu qu’Allah et Mahomet est son prophète. Donner un coup de pied dans un objet revêtu de ces noms est évidemment blasphématoire pour un musulman.

    L’affaire a fait du bruit en Afghanistan, et a été considérée comme une nouvelle provocation, surtout que c’est dans ces régions que 350 civils au moins ont été tués par « erreur » cette année. L’armée américaine a dû exprimer ses regrets...

    (via bafweb)

  • L’opium afghan : toujours plus

    L’Afghanistan était déjà, et de très loin, le premier producteur mondial d’opium, donc d’héroïne. Mais il bat un nouveau record. La production a augmenté de 34% cette année. Elle a doublé en deux ans, constate l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

    L’opium afghan représente désormais 93% de la production mondiale, contre 92% l’an dernier.

    « L’étendue des terres affectées à la culture du pavot est maintenant plus importante que le total cumulé de celles affectées à la production de coca en Amérique latine. Aucun autre pays n’a produit de narcotiques à une échelle aussi mortelle depuis la Chine au XIXe siècle », relève l’ONUDC.

    Les talibans au pouvoir avaient interdit la culture de l’opium et avaient pris les moyens de faire respecter l’interdiction. Aujourd’hui ce sont eux qui l’encouragent, pour financer leur guerre...

  • L’Afghanistan

    Les médecins de l’Institut médical français pour l’enfant de Kaboul lancent « un appel pressant à la communauté internationale pour ne pas abandonner les médecins afghans et surtout la population ».

    « Nous craignons de devoir nous arrêter, dit le Dr Cheysson. En septembre, nous n’avons pas d’anesthésiste pendant dix jours. »

    Car, face à l’insécurité, les candidats se font de plus en plus rares. Et l’équipe médicale ne quitte plus l’enceinte de l’hôpital...

    Cela ne se passe pas dans une bourgade soumise à des raids de talibans ou dans une région de combats, mais dans la capitale théoriquement sécurisée...

    Il y aura bientôt six ans que les Américains sont allés rétablir là-bas un ordre démocratique.

  • Karzai en colère

    Alors que 25 civils, dont neuf femmes et trois bébés, ont été tués dans une frappe aérienne nocturne de l'Otan sur leur village, le président afghan Hamid Karzai a lancé une charge sévère contre les forces internationales. « Depuis une semaine ou dix jours, à la suite d'opérations imprécises et menées sans discernement par les forces de l'Otan et de la coalition, notre peuple a souffert. Cela n'est pas acceptable. Cela ne sera plus toléré », a-t-il dit devant la presse. « Dans le district de Chora, les forces de l'Otan et de la coalition ont effectué des tirs d'artillerie et, selon nos dernières informations, 52 de nos concitoyens sont tombés en martyrs. » Il a également mis en cause les forces internationales pour la mort dans le district de Khas de plus de 10 civils dans de « mystérieux bombardements ».

    Il a poursuivi : « Si l'Otan veut gagner sa guerre contre la terreur, si elle veut sécuriser l'Afghanistan, alors elle doit coopérer véritablement avec le gouvernement afghan. A partir d'aujourd'hui, elles doivent travailler comme nous leur dirons de travailler ici. Point à la ligne. »

    La réaction des Américains sera évidemment : cause toujours, et si tu n’es pas content on mettra un autre à ta place. La réaction de Hamid Karzai, obligé des Américains, est néanmoins significative du ras le bol afghan.

    Pendant ce temps-là les affaires continuent. L’Afghanistan sous contrôle américain est plus que jamais le premier producteur d’héroïne du monde.

  • Même pas grave…

    Un attentat suicide a été commis hier devant l’entrée principale de la base américaine de Bagram, en Afghanistan, au moment même où Dick Cheney, le vice-président américain, s’y trouvait.

    Le ministère afghan de l’Intérieur a d’abord fait état de 18 morts, dont trois soldats étrangers. La « coalition » a rapidement démenti, affirmant qu’il y avait eu trois victimes, dont un soldat américain et un soldat sud-coréen. Puis la coalition a ajouté qu’il y avait eu aussi deux victimes civiles afghanes. Puis que ces victimes étaient en fait au nombre de six. Tandis que le journaliste de l’AFP arrivé sur place constatait qu’il y avait au moins 11 victimes afghanes.

    Le dernier bilan du gouvernement afghan fait état de 20 morts, dont quatre étrangers.

    La volonté américaine de minimiser l’attentat est manifeste. La Maison Blanche , de même, a souligné qu’il s’agissait d’un acte « isolé », que cela ne voulait pas dire « quoi que ce soit » sur la force supposée des talibans, et que si la revendication des talibans était plausible elle ne pouvait pas être confirmée…

    Cette attitude montre en réalité que les Américains accusent le coup, et durement. Leur base de Bagram est une gigantesque forteresse ultra-sécurisée. Il est tout simplement impensable qu’un terroriste puisse s’en approcher. Et il est plus impensable encore, si c’était possible, qu’un Afghan non identifié puisse arriver devant l’entrée principale au moment où le vice-président s’y trouve.

    Or le fait est qu’un taliban s’est fait exploser à cet endroit, tuant vingt personnes.

    « Nous avons souvent dit à propos des actes de terrorisme : un individu qui veut commettre un acte de violence et se tuer, c’est très difficile à empêcher », a rappelé le porte-parole de la Maison Blanche. Cela est vrai quand l’attentat a lieu dans la rue, dans un magasin, dans un autobus. C’est une tout autre affaire quand il a lieu dans un des endroits les plus surveillés de la planète, et quand le terroriste est passé à travers les contrôles de l’armée afghane…

    Prétendre qu’il s’agit d’un acte « isolé », c’est aussi, et d’abord, prétendre qu’il n’y a là aucun message, et que c’est une pure coïncidence si l’attentat a eu lieu en même temps que la visite du super-faucon numéro 2 des Etats-Unis. Mais à qui peuvent-ils faire croire cela ?

    La veille, Dick Cheney était au Pakistan, et il exprimait les « graves inquiétudes » du gouvernement américain concernant une offensive imminente des talibans. Avec 4.000 morts (insurgés, civils, policiers afghans, et 170 soldats de la « coalition »), l’année 2006 a été la plus sanglante en Afghanistan depuis l’invasion américaine.

  • L’Afghanistan de mal en pis

    Déclaration du général Maples, chef du renseignement militaire américain, sur la situation en Afghanistan, lors de son audition à la commission des forces armées du Sénat :

    « En dépit de lourdes pertes au combat en 2006, l’insurrection a renforcé ses capacités et son influence dans sa base, la communauté pachtoune. La violence cette année va probablement être deux fois plus élevée qu’en 2005, et en 2007 les insurgés vont sans doute poursuivre l’usage de techniques plus visibles, agressives et meurtrières dans leurs efforts pour saper la disposition de la communauté internationale à soutenir les opérations militaires de reconstruction en Afghanistan. »

    Rappelons que le régime taliban a été renversé par les Américains il y a… quatre ans et demi.

    Le même jour, le chef de la CIA a quant à lui dressé un tableau apocalyptique de la situation en Irak…

  • La réalité afghane

    Des commandants des cinq pays de l’OTAN ayant des troupes en Afghanistan (y compris, par conséquent, des commandants américains) exigent que leurs gouvernements sévissent contre le Pakistan.

    Au lendemain de la réception en grandes pompes du président Moucharraf par Georges Bush, et de l’assurance réciproque que le Pakistan est un allié sûr et déterminé dans la « guerre contre la terreur », les propos de ces commandants, rapportés par Daily Telegraph, prennent une allure de douche froide.

    « Il est temps aujourd’hui qu’un “ou vous êtes avec nous ou vous êtes contre nous“ soit adressé franchement à Moucharraf au plus haut niveau politique », disent-ils. Car « nos soldats souffrent dans le sud de l’Afghanistan de tout ce qui arrive de Qetta » au Pakistan.

    Ils soulignent (ou plutôt révèlent) que le rapport de l’OTAN sur l’opération Medusa (la sanglante campagne menée entre le 4 et le 17 septembre, stipule clairement que les services de renseignement pakistanais (ISI) étaient impliqués dans le soutien logistique aux talibans, dont les stocks de munitions atteindraient une valeur de près de 4 millions d’euros. « Les talibans n’auraient jamais pu faire cela sans l’ISI », constatent les commandants.

    Chacun sait que les services de renseignement du Pakistan sont en partie aux mains des talibans, mais c’est la première fois que des officiers en exercice (sous couvert de l’anonymat, évidemment) dénoncent cette situation. S’ils le font, c’est parce que la situation empire sur le terrain. Cinq ans jour après le début de la guerre…

  • En attendant la fête

    Dans le texte du budget américain de la Défense, en passe d’être promulgué par le président Bush, il est spécifié que le président pourra déclarer une journée officielle de fête à l’issue des victoires en Irak et en Afghanistan, et 20 millions de dollars (sic) sont dégagés dans cette perspective. En fait, cette mesure avait déjà été votée l’an dernier, mais elle était semble-t-il passée inaperçue. Il était alors précisé que si la victoire ne pouvait pas être célébrée en 2006, les fonds resteraient prévus pour 2007…

    C’est l’opposition démocrate qui a attiré hier l’attention sur cet article, en le critiquant vigoureusement.

    Quelques heures plus tôt, le porte-parole de l’armée américaine en Irak, le général Caldwell, faisait savoir que le nombre de voitures piégées et de bombes artisanales en Irak a été plus élevé au cours de la semaine écoulée qu’à aucun moment depuis le début de l’année. C’est lui qui, déjà, la semaine dernière, avait annoncé qu’au cours de la semaine précédente le nombre d’attentats suicides avait été le plus élevé depuis l’invasion de l’Irak.

    Le général Caldwell a également annoncé qu’une brigade de la police irakienne (soit environ un millier d’hommes) a été démobilisée et envoyée dans une base américaine pour y recevoir un entraînement « anti-milice et anti-confessionnel ». C’est-à-dire une sévère rééducation : cette brigade est accusée d’aider les « escadrons de la mort ». Et le général d’ajouter : « Nous avons réalisé qu’en fait, retirer cette brigade de Bagdad renforcerait la sécurité. » Sic.

    Dans cette même journée, quatre soldats américains ont été tués en Irak.  Ce qui fait 14 depuis lundi. Cela non plus, on ne l’avait pas vu depuis bien longtemps.

    La fête n’est donc pas pour demain.

    En ce qui concerne l’Afghanistan, où la situation d’aggrave également, y compris à l’ouest du pays, une cérémonie a eu lieu hier à Kaboul, au cours de laquelle le commandement des forces militaires a été intégralement transféré à l’OTAN. La « coalition » américaine opérait seule dans l’est du pays. Désormais tous les soldats opérant en Afghanistan dépendent de l’OTAN, dont le seul drapeau a été hissé. Autrement dit, même si l’OTAN est sous influence américaine et même si les Américains sont de loin les premiers contributeurs de troupes, la victoire en Afghanistan ne sera pas une victoire américaine, mais une victoire de l’OTAN. Un jour, peut-être. Mais ça fait déjà cinq ans que ça dure…