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  • Le document sur les limbes

    On a appris hier par les agences de presse et par Radio Vatican que la commission théologique internationale a publié un document, approuvé par le pape, intitulé « L’espérance du salut pour les enfants qui meurent sans baptême ». Il s’agit de la conclusion des travaux de la commission sur les limbes.

    Mais publié où ça ? On ne sait pas. Il n’est pas encore en ligne sur le site du Vatican. L’agence qui en dit le plus est CNS (Catholic News Service), et à la fin de la longue dépêche il est dit qu’on peut lire le document (en anglais) en ligne si l’on est abonné (99 dollars !) ou l’acheter pour 5 dollars en le commandant par téléphone (?)… CNS est l’agence de l’épiscopat américain…

    La commission conclut sans surprise que l’idée des limbes reflète « une vision indûment restrictive du salut ».

    L’Eglise continue évidemment d’enseigner qu’à cause du péché originel le baptême est la voie ordinaire du salut et que les parents doivent faire baptiser leurs enfants. Mais, dit la commission, il y a une plus grande conscience théologique aujourd’hui que Dieu est miséricordieux et « veut que tout être humain soit sauvé ». La grâce l’emporte sur le péché, et l’exclusion de bébés innocents du paradis ne paraît pas refléter l’amour particulier du Christ pour les petits enfants.

    « Notre conclusion est que les nombreux facteurs que nous avons considérés donnent de sérieuses bases théologiques et liturgiques pour espérer que les enfants non baptisés qui meurent seront sauvés et jouiront de la vision béatifique ». La commission souligne que ce sont des raisons qui fondent une espérance plutôt qu’une certitude.

    Le baptême est nécessaire au salut, mais on doit considérer aussi que les petits enfants ne mettent pas d’obstacle personnel à la grâce rédemptrice. Dans cette situation, la nécessité du baptême n’est pas absolue, et elle est secondaire par rapport au désir de Dieu de sauver toute personne. « Dieu peut de ce fait donner la grâce du baptême sans que le sacrement soit conféré, et ce fait doit particulièrement être rappelé quand il est impossible de conférer le baptême. »

    Le petit enfant peut être uni au Christ

    — par la conformité salvifique au Christ quand l’enfant souffre et meurt.

    — par la solidarité avec le Christ, quand l’enfant, né ou non né, est victime de violence, comme les saints Innoncents.

    — par le fait que Dieu peut simplement accorder aux enfants non baptisés le don du salut correspondant au don sacramentel du salut dans le baptême.

    La commission rappelle l’enseignement de saint Paul selon lequel les conjoints de chrétiens sont « consacrés » par leur femme ou leur mari. Cela indique que la sainteté de l’Eglise atteint les personnes en dehors des frontières visibles de l’Eglise, à travers les liens de la communion humaine.

    L’Eglise enseigne que l’homme naît dans l’état de péché, qui requiert un acte de la grâce rédemptrice pour être lavé. Mais l’Ecriture proclame aussi la surabondance de la grâce sur le péché. Ce qui semble maquer à l’idée des limbes, qui identifie davantage à l’état de péché d’Adam qu’à la rédemption du Christ : « La solidarité du Christ avec toute l’humanité doit avoir priorité sur la solidarité des êtres humains avec Adam. »

    On sait que Joseph Ratzinger s’était plusieurs fois déclaré, à titre personnel, favorable à l’abandon par l’Eglise de « l’hypothèse » des limbes.

    Je renvoie à ce que j’en disais, moi aussi à titre personnel, et à mon tout petit niveau de simple fidèle, sur ce blog, le 15 octobre dernier.

  • L'Auberge du Bon Samaritain

    Sur les ruines d'une basilique byzantine, pèlerins et voyageurs sur la route de Jérusalem à Jéricho voient renaître l'Auberge du Bon Samaritain évoquée par Jésus.

    Décrit dans une parabole relatée dans l'évangile de Luc, le site est en train d'être restauré par l'administration militaire israélienne en Cisjordanie.

    Une toiture de bois toute neuve abrite désormais la grande mosaïque qui recouvrait le sol de la basilique, érigée à l'endroit où se serait trouvée l'Auberge du Bon Samaritain.

    "Il a fallu deux ans et 1.700.000 petites pierres pour restaurer et reconstituer l'immense puzzle de cette mosaïque aux motifs géométriques à partir des portions restées intactes", explique l'archéologue israélien Yitzik Magen.

    Sur le terrain, des ouvriers s'affairent sous le soleil.

    Galeb Abou Diab, un Palestinien de Jérusalem-Est, est le maître d'œuvre des travaux. Huit artisans palestiniens armés de minuscules marteaux et ciseaux travaillent sous ses ordres "avec les méthodes et les matériaux d'origine identifiés en laboratoire".

    Dans le périmètre de la basilique, des artisans travaillent sur d'autres mosaïques avec des gants pour ne pas être brûlés par la chaux vive, l'un de ces matériaux, précise-t-il.

    Des grappes de raisin, des fleurs stylisées, des palmiers et des perdrix sont les principaux motifs de ces mosaïques anciennes dont certaines proviennent de synagogues de Samarie où Yitzik Magen a mené des fouilles durant plus de 20 ans.

    Le musée de la mosaïque, qu'il ambitionne d'inaugurer prochainement, "réunira des pièces liées aux religions juive, chrétienne et samaritaine".

    Outre le musée, premier du genre en Terre sainte, le site comprendra un lieu de prière chrétien.

    L'emplacement de l'auberge a été identifié dès le quatrième siècle de l'ère chrétienne avec le défilé de Maalei Adoumim (en hébreu: la passe rouge, en arabe: Talaat al-Dam, la montée du sang), réputé pour être un coupe-gorge.

    Le site se trouve exactement à mi-chemin de la route qui mène de Jérusalem, sur les hauteurs, à Jéricho, 26 km en contrebas, sous le niveau de la mer, au cœur du désert de Judée. (AFP)

    Cette dépêche de l’AFP me rappelle d’émouvants souvenirs. Lorsque Mgr Joseph Nasrallah (que Dieu l’ait en son paradis) était curé de Saint-Julien-le-Pauvre, et que l’année liturgique arrivait au dimanche du bon Samaritain (le 9e dimanche après la fête de la Sainte Croix dans le calendrier byzantin), il nous racontait la parabole comme si nous y étions, car il connaissait bien le lieu où il se rendait souvent quand il était séminariste à Jérusalem, un lieu qui, disait-il, n’avait guère changé depuis les temps évangéliques. Ce dimanche-là, on n’était pas seulement plongé dans la lumineuse liturgie de saint Jean Chrysostome, on était aussi, avec le Christ, sur la route entre Jérusalem et Jéricho…

  • Le cinquantenaire de Fidei Donum

    Un ami m’écrit ceci, que je porte volontiers à la connaissance de mes lecteurs.

    Un cinquantième anniversaire risque de passer inaperçu, et c'est sûrement dommage : celui de l'encyclique Fidei donum, du pape Pie XII (21 avril 1957).

    On retient habituellement de ce texte l'élan missionnaire qu'il a suscité dans l'Eglise. Mais, pour des raisons de political correctness, on occulte plusieurs des motifs qui ont poussé le Souverain Pontife à écrire cette encyclique, et qui, cinquante ans plus tard, constituent un témoignage étonnant de la lucidité du regard que Pie XII et le Saint-Siège portaient sur le monde qui les entourait. Jugez-en par les extraits ci-dessous.

    « Il nous a semblé opportun d’orienter aujourd’hui vos regards vers l’Afrique, à l’heure où celle-ci s’ouvre à la vie du monde moderne et traverse les années les plus graves peut-être de son destin millénaire.

    « Là, comme partout, l’Église peut être fière de l’œuvre de ses missionnaires. »

    « Au moment où l’instauration de la hiérarchie pourrait à tort laisser croire que l’action missionnaire est sur le point de s’achever, plus que jamais la sollicitude de toutes les Églises (cf. 2 Co 11, 28) du vaste continent africain angoisse notre âme.

    « La plupart des territoires traversent une phase d’évolution sociale, économique et politique, qui est de grande conséquence pour leur avenir et il faut bien reconnaître que les nombreuses incidences de la vie internationale sur les situations locales ne permettent pas toujours aux gouvernants les plus sages de ménager les étapes qui seraient nécessaires au vrai bien des populations.

    « L’Église […] ne peut qu’être particulièrement attentive aujourd’hui à l’accession de nouveaux peuples aux responsabilités de la liberté politique. Plusieurs fois déjà, Nous avons invité les nations intéressées à procéder dans cette voie selon un esprit de paix et de compréhension réciproque. « Qu’une liberté politique juste et progressive ne soit pas refusée à ces peuples [qui y aspirent] et qu’on n’y mette pas obstacle », disions-nous aux uns ; et nous avertissions les autres de « reconnaître à l’Europe le mérite de leur avancement ; sans son influence, étendue à tous les domaines, ils pourraient être entraînés par un nationalisme aveugle à se jeter dans le chaos ou dans l’esclavage » (Radiomessage de Noël, 1955).

    « Nous savons, malheureusement, que le matérialisme athée a répandu en bien des contrées d’Afrique son virus de division, attisant les passions, dressant les uns contre les autres, peuples et races, prenant appui sur des difficultés réelles pour séduire les esprits par de faciles mirages ou semer la révolte dans les cœurs.

    « Tandis que les ennemis du nom de Dieu déploient sur ce continent leurs efforts insidieux ou violents, il faut encore déplorer ces graves obstacles qui contrarient en certaines régions les progrès de l’évangélisation. Vous savez notamment l’attrait facile qu’exerce sur l’esprit d’un grand nombre une conception religieuse de la vie qui, tout en se réclamant hautement de la divinité, engage néanmoins ses adeptes dans une voie qui n’est pas celle de Jésus Christ, unique Sauveur de tous les peuples. Notre cœur de père demeure ouvert à tous les hommes de bonne volonté, mais, Vicaire de celui qui est la Voie , la Vérité et la Vie , Nous ne pouvons pas considérer sans vive douleur un tel état de choses. Les causes d’ailleurs en sont multiples ; elles tiennent souvent à l’histoire récente, et l’attitude de nations qui s’honorent pourtant de leur passé chrétien n’y fut pas toujours étrangère. Il y a là, pour l’avenir catholique de l’Afrique, un motif de sérieuses préoccupations.

    « Les Africains, qui parcourent en quelques décades les étapes d’une évolution que l’Occident a mis plusieurs siècles à accomplir, sont plus facilement ébranlés et séduits par l’enseignement scientifique et technique qui leur est dispensé, comme aussi par les influences matérialistes qu’ils subissent. Des situations difficilement réparables peuvent de ce fait se créer ici ou là et nuire par la suite à la pénétration du catholicisme dans les âmes et dans les sociétés.

    « Vingt prêtres de plus dans telle région permettraient aujourd’hui d’y planter la croix alors que demain cette terre, travaillée par d’autres ouvriers que ceux du Seigneur, sera peut-être devenue imperméable à la vraie foi. Et d’ailleurs, il ne suffit pas d’annoncer l’Évangile : dans la conjoncture sociale et politique que traverse l’Afrique, il faut très tôt former une élite chrétienne au sein d’un peuple encore néophyte, mais dans quelle proportion ne faudrait-il pas alors multiplier le nombre des missionnaires pour leur permettre d’accomplir ce travail d’éducation personnelle des consciences ?

    « Certes, le clergé africain augmente, mais ce n’est pas avant bien des années qu’il pourra, dans ses propres diocèses, tenir pleinement sa place, toujours aidé d’ailleurs par ceux qui furent ses maîtres dans la foi.

    « [Veillez] à l’assistance spirituelle des jeunes Africains et Asiatiques que la poursuite de leurs études amènerait à séjourner temporairement dans vos diocèses. Privés des cadres sociaux naturels de leurs pays d’origine, ils restent souvent, et pour divers motifs, sans contacts suffisants avec les milieux catholiques des nations qui les accueillent. Leur vie chrétienne, de ce fait, peut se trouver en péril, car les vraies valeurs de la civilisation nouvelle qu’ils découvrent leur demeurent encore cachées, alors que déjà, des influences matérialistes s’exercent fortement sur eux et que des associations athées s’efforcent de gagner leur confiance. »

  • Saint Anselme

    O Anselme, Pontife aimé de Dieu et des hommes, la sainte Eglise, que vous avez servie ici-bas avec tant de zèle, vous rend aujourd'hui ses hommages comme à l'un de ses prélats les plus révérés. Imitateur de la bonté du divin Pasteur, nul ne vous surpassa en douceur, en condescendance, en charité. Vous connaissiez vos brebis, et vos brebis vous connaissaient; veillant jour et nuit à leur garde, vous ne fûtes jamais surpris par l'arrivée du loup. Loin de fuir à son approche, vous allâtes au-devant, et aucune violence n'eut le pouvoir de vous faire reculer. Héroïque champion de la liberté de l'Eglise, protégez-la en nos temps, où elle est presque partout foulée et comme anéantie. Suscitez en tous lieux des Pasteurs émules de votre sainte indépendance, afin que le courage se ranime dans le cœur des brebis, et que tout chrétien se fasse honneur de confesser qu'il est avant tout membre de l'Eglise, qu'à ses veux les intérêts de cette Mère des âmes sont supérieurs à ceux de toute société terrestre.

    Le Verbe divin vous avait doué, ô Anselme, de cette philosophie toute chrétienne qui s'abaisse devant les vérités de la foi, et, purifiée par l'humilité, s'élève aux vues les plus sublimes. Eclairée de vos lumières si pures, la sainte Eglise, dans sa reconnaissance, vous a décerné le titre de Docteur, réservé si longtemps à ces savants hommes qui vécurent aux premiers âges du christianisme, et conservent dans leurs écrits comme un reflet de la prédication des Apôtres. Votre doctrine a été jugée digne d'être réunie à celle des anciens Pères; car elle procède du même Esprit; elle est fille de la prière, plus encore que de la pensée. Obtenez, ô saint Docteur, que sur vos traces, notre foi cherche aussi l'intelligence. Beaucoup aujourd'hui blasphèment ce qu'ils ignorent, et beaucoup aussi ignorent ce qu'ils croient. De là une confusion désolante, des compromis périlleux entre la vérité et l'erreur, la seule vraie doctrine méconnue, abandonnée et demeurant sans défense. Demandez pour nous, ô Anselme, des docteurs qui sachent éclairer les sentiers de la vérité et dissiper les nuages de l'erreur, afin que les enfants de l'Eglise ne restent plus exposés à la séduction.

    Jetez un regard, ô saint Pontife, sur la famille religieuse qui vous accueillit dans ses rangs, au sortir des vanités du siècle, et daignez étendre sur elle votre protection. C'est dans son sein que vous avez puisé la vie de l'âme et la lumière de l'intelligence. Fils du grand Benoît, ayez souvenir de vos frères. Bénissez-les en France, où vous avez embrassé la règle monastique; bénissez-les en Angleterre, où vous avez été Primat entre les pontifes sans cesser d'être moine. Priez, ô Anselme, pour les deux nations qui vous ont adopté tour à tour. Chez l'une, la foi s'est tristement affaiblie; chez l'autre, l'hérésie règne en souveraine. Sollicitez pour toutes les deux les miséricordes du Seigneur. Il est puissant, et ne ferme pas son oreille aux supplications de ses saints. S'il a résolu dans sa justice de ne pas rendre à ces deux nations leur antique constitution chrétienne, obtenez du moins que beaucoup d'âmes se sauvent, que de nombreux retours consolent la Mère commune, que les derniers ouvriers de la vigne rivalisent de zèle avec les premiers, en attendant le jour où le Maître descendra pour rendre à chacun selon ses œuvres.

    (Dom Guéranger, L’Année liturgique)