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Chevènement

  • Chevènement cocu

    Au moment même où Ségolène Royal faisait ses déclarations, hier, à Luxembourg, sur la Constitution européenne, sortait le numéro du Monde daté de ce jour. Dans lequel Jean-Pierre Chevènement jugeait « pleinement satisfaisant » l’accord passé avec le PS sur la question européenne, d’autant que Ségolène Royal a déclaré « que la Constitution était caduque et qu’il fallait faire l’Europe de la preuve ».

    Eh bien Ségolène ne dit plus que la Constitution est caduque, mais qu’il faut seulement lui ajouter un « volet social » et la refourguer aux Français. Pauvre Chevènement, qui a vendu ses convictions pour quelques confettis électoraux…

  • Chevènement se moque du monde

    Suite au retrait de la candidature de Jean-Pierre Chevènement à la présidentielle, le PS et le MRC ont conclu un accord politique et électoral. Que dit cet accord sur l’Europe ? Il dit qu’un éventuel nouveau traité institutionnel européen « ne saurait en aucun cas prévaloir sur la Constitution nationale ».

    Chevènement prétend montrer ainsi qu’il reste ferme sur ses principes. Mais c’est une très mauvaise blague, et si j’étais un de ses partisans j’aurais honte pour lui.

    Certes, il était écrit dans le projet de Constitution européenne : «  La Constitution et le droit adopté par les institutions de l'Union, dans l'exercice des compétences qui sont attribuées à celle-ci, priment le droit des Etats membres. » C’est donc ce que Chevènement et le PS rejettent de concert. Mais cet article n’ajoute rien au droit en vigueur. Une déclaration annexe précisait du reste que c’était là la jurisprudence constante de la Cour de Justice européenne.

    Cette jurisprudence a établi en effet, depuis 1964, que le droit européen s’impose « absolument » au droit national. La primauté du droit européen, même dérivé, est absolue, constatent les juristes. Les directives européennes sont supérieures au droit national, y compris constitutionnel. C’est le sens même de la « communauté » vue par Bruxelles. Si un Etat pouvait opposer sa Constitution à une directive, il n’y aurait plus de droit « communautaire ». C’est là le nœud de la question européenne, qui est lui aussi soigneusement caché aux peuples, et que Chevènement contribue lui aussi maintenant à cacher. Ce qui est en cause dans cette primauté « absolue » du droit européen, c’est le totalitarisme de l’Union européenne telle qu’elle a été mise en place, et c’est bien sûr la très réelle et « absolue » perte de souveraineté des Etats membres.

    On laissera donc Chevènement à ses reniements, qui font d’autant plus apparaître Jean-Marie Le Pen comme le seul qui défende le peuple français.

  • La peur de Le Pen

    Après Christiane Taubira, les socialistes ont obtenu que Jean-Pierre Chevènement se retire de la course à la présidentielle. Rappelons seulement que Chevènement, naturellement soutenu par l’ensemble du MRC, avait très officiellement lancé sa campagne le 28 novembre dernier. Il disait alors : «Je lance ma campagne ce soir pour porter des idées qui aujourd'hui ne sont pas présentes dans le débat. Et en particulier pour faire respecter le vote que le peuple français a émis, pour réorienter la construction européenne de quoi tout le reste ou presque dépend. » Il ajoutait : « Je n'ai pas de raison de retirer ma candidature. Mon but est de peser, pas de témoigner ».

    Douze jours plus tard, le MRC vote à 84 % son ralliement à Ségolène Royal, et Jean-Pierre Chevènement annonce : « C’est en toute conscience que j’avais pris ma décision de me porter candidat, c’est en toute conscience que j’ai décidé de retirer ma candidature. » Une conscience pour le moins élastique, notamment en ce qui concerne le « respect du vote du peuple français » au référendum sur la Constitution européenne, puisque Ségolène Royal est à l’opposé de ses convictions en la matière.

    Le ralliement de Chevènement, comme celui de Taubira, fait suite à un marchandage électoral. Le PS octroie dix circonscriptions au MRC. « C’est un bon accord », dit Chevènement. Pour lui, sans doute, puisque Belfort figure parmi les dix. Mais certains de ses amis grincent des dents, jugeant « pas gagnables » la plus grande partie des circonscriptions offertes par le PS. Et puis, Chevènement avait obtenu 5,3 % des suffrages le 21 avril 2002. Le PRG, dont l’égérie n’avait obtenu que 2,3 %, se voit gratifié quant à lui de 36 circonscriptions… Il est vrai que le poids électoral des uns et des autres aux législatives est plutôt l’inverse des résultats à la présidentielle.

    Il y a derrière tout cela un énorme non-dit. Taubira et Chevènement ont été accusés par les socialistes d’avoir été, par leur candidature, les artisans de la chute de Jospin. Le « danger » Le Pen n’ayant pas disparu, c’est le moins qu’on puisse dire, il fallait donc faire le ménage à gauche. C’est uniquement la peur de voir réédité le premier tour de 2002 qui motive les socialistes, au point de faire cadeau à leurs encombrants voisins de dizaines de circonscriptions.

    Il y a un autre non-dit : on constate en effet que les socialistes se méfient des sondages. S’ils y croyaient, ils n’auraient pas fait des pieds et des mains pour récupérer Taubira et Chevènement. L’un et l’autre sont très marginaux dans les sondages, et Ségolène caracole en tête, en compagnie de Sarkozy, très loin devant les autres, y compris Le Pen. Dans cette configuration, il suffit d’attendre le second tour pour que se rallient les autres candidats de gauche. S’il faut les rallier avant, c’est qu’on voit bien que la promotion médiatique des deux vedettes est artificielle. Là encore, c’est parce que les socialistes prennent au sérieux le « danger » Le Pen.

    Quel peut être l’impact de ces manœuvres ? Il est trop tôt pour le dire. Il risque de ne pas être à la hauteur des espérances socialistes. Pour le moment, les Verts ont refusé toutes les offres socialistes (il est vrai qu’ils ne veulent pas quelques circonscriptions, mais un groupe à l’Assemblée nationale…), et Dominique Voynet affirme qu’elle ira jusqu’au bout. Et à l’extrême gauche, on s’achemine vers un nouvel éparpillement des candidatures, l’une ou l’autre pouvant fort bien récupérer les voix chevènementistes anti-européistes, voire celles qui se portaient sur Taubira pour son combat anticolonialiste et de promotion des minorités visibles.