Le roi Albert II a donné hier sa feuille de route à Yves Leterme. Il le charge notamment de présenter au Parlement un projet de budget 2011, de prendre les dispositions nécessaires pour répondre aux exigences européennes dans divers domaines, et de prendre des mesures pour assurer le bien être des Belges.
« Le roi des Belges renforce les pouvoirs du Premier ministre », résume benoîtement l’agence Reuters.
Sauf qu’il n’en a évidemment pas le droit, puisque le « Premier ministre », Yves Leterme, est démissionnaire depuis le 26 avril 2010 et ne peut donc être chargé que des « affaires courantes ». Comme le souligne Jean Quatremer, un gouvernement en affaires courantes ne peut prendre ni accepter aucune initiative, puisqu’il ne peut pas être responsable devant le Parlement : il ne peut pas être renversé, puisqu’il l’est déjà.
« On octroie des prérogatives de plein exercice à un gouvernement en affaires courantes », s’indigne le professeur de droit constitutionnel Christian Behrendt (Université de Liège). « On est en plein surréalisme, on vient de faire tomber un pilier essentiel de notre droit constitutionnel », poursuit-il. Pas de doute. Pour ce juriste germano-belge, « c’est le premier acte de l’évaporation du gouvernement fédéral belge ».