Des militants d’ONG dénoncent les meurtres d’adolescents, en Irak, par des commandos chiites, sous prétexte que ces jeunes auraient une allure « emo ». Selon certains, près d’une centaine d’adolescents auraient ainsi été massacrés à coup de blocs de béton.
Le ministère de l’Intérieur reconnaît quelques cas de meurtres d’adolescents mais dément que le motif soit la mode « emo ». Il rappelle que la Constitution garantit les libertés publiques et met en garde les groupes extrémistes qui s’en prendraient à des personnes en raison de leur coiffure ou de leur apparence.
Mais, le 13 février, le même ministère de l’Intérieur publiait un long communiqué, qui se trouve toujours sur son site, et qui commençait ainsi :
« Le directeur de la police des mœurs dépendant du ministère de l’Intérieur a publié une déclaration, disant : “La Police des mœurs enquête sur le “phénomène Emo”, ou culte du diable, et a l’autorisation de l’éliminer aussitôt que possible car il affecte nuisiblement la société et devient un danger.” »
La police des mœurs a reçu l’autorisation du ministère de l’Education d’entrer dans les écoles de Bagdad pour faire la chasse aux « emos », mais elle se plaint de ne pas avoir assez de femmes dans ses rangs, car « le phénomène est spécialement populaire chez les filles de 14 à 18 ans ».
Le communiqué se terminait par cette description :
« Ils portent des vêtements bizarres et serrés avec des dessins de têtes de morts et utilisent des fournitures de papeterie en forme de têtes de morts. Ils portent également des boucles d’oreille sur le nez et la langue, et s’adonnent à d’autres activités bizarres. »
L’extrême violence contre les jeunes qui suivent cette mode vient en partie du fait que les islamistes assimilent les « emos » aux homosexuels, la mode « emo » voulant que les garçons se maquillent plus ou moins (avec du noir sur les yeux, les cheveux teints en noir avec une mèche sur un oeil) et portent éventuellement des vêtements ou des accessoires de filles.