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Liturgie - Page 292

  • Vigile de l'Ascension

    Pater, venit hora, clarífica Fílium tuum claritáte quam hábui, priúsquam mundus esset, apud te, allelúia.

    Mon Père, l’heure est venue, glorifiez votre Fils de la gloire que j’ai eue en vous avant que le monde fût, alléluia.

    Dans l’antienne du Benedictus, aux laudes de ce jour, Jésus donne le sens de la vigile de l’Ascension, l’annonce de ce qui va se passer. Cette phrase paraît être prise telle quelle de l’évangile de ce jour, c’est-à-dire du début du chapitre 17 de saint Jean, sa dernière prière au Cénacle juste avant la Passion. En réalité, elle est composée de deux morceaux pris au premier verset et au cinquième verset, et c’est si parfaitement agencé que l’on ne peut pas savoir où l’on passe de l’un à l’autre sans se reporter au texte.

    L’antienne insiste sur la gloire qui attend le Christ ressuscité quand il va monter au ciel. Cette gloire est sa gloire divine, qu’il n’a jamais perdue et qu’il avait déjà avant la création du monde. La différence est que désormais elle rejaillit sur toute la nature humaine, et que c’est notre gloire qu’il va inaugurer au ciel.

  • Mardi des Rogations

    Les trois oraisons de la messe.

    Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, qui in afflictióne nostra de tua pietáte confídimus ; contra advérsa ómnia, tua semper protectióne muniámur. Per Dóminum nostrum.

    Faites, nous vous en supplions, ô Dieu tout-puissant : que, plein de confiance en votre bonté dans notre affliction ; nous soyons constamment fortifiés contre toutes les adversités.

    Hæc múnera, quǽsumus, Dómine, et víncula nostræ pravitátis absólvant, et tuæ nobis misericórdiæ dona concílient. Per Dóminum.

    Que ces offrandes, nous vous le demandons, Seigneur, fassent tomber les liens de notre malignité, et nous obtiennent les dons de votre miséricorde.

    Vota nostra, quǽsumus, Dómine, pio favóre proséquere : ut, dum dona tua in tribulatióne percípimus, de consolatióne nostra in tuo amóre crescámus. Per Dóminum nostrum.

    Accueillez nos demandes, Seigneur, avec une tendre bienveillance : en sorte que vos dons, reçus dans l’épreuve, nous réconfortent et nous fassent croître dans votre âmour.

  • Lundi des Rogations

    Lecture des matines avant 1960

    « Si l’un de vous a un ami, et qu’il aille le trouver au milieu de la nuit, pour lui dire : Mon ami, prête-moi trois pains… »

    Encore un passage comportant un précepte :il faut offrir la prière à tous les moments, non seulement le jour, mais encore la nuit. Vous voyez, en effet, que cet homme qui alla trouver son ami au milieu de la nuit, lui demandant trois pains, et persistant à les demander, ne fut pas privé de l’objet de sa prière.

    Que signifient ces trois pains, si ce n’est l’aliment des célestes mystères ? Si vous aimez le Seigneur votre Dieu, vous pourrez mériter ses dons non seulement pour vous, mais encore pour les autres. Qui est plus notre ami que celui qui a livré son corps pour nous ? C’est à cet ami que David, au milieu de la nuit, a demandé ces pains, et il les a reçus. Car il les demandait, quand il disait : « Au milieu de la nuit je me levais pour vous louer » (ps 118,62) ; c’est pourquoi il a mérité ces pains qu’il nous a présentés pour nous en nourrir. Il les demanda encore, lorsqu’il dit : « Je laverai chaque nuit mon lit de mes pleurs » (ps 6,7) ; il ne craignait pas d’interrompre le sommeil de celui qu’il sait veiller toujours. Aussi, nous souvenant de ces paroles des Écritures, implorons le pardon de nos péchés en persévérant jour et nuit dans la prière.

    Car si un homme aussi saint que David, occupé du gouvernement de tout un royaume, louait Dieu sept fois le jour (ps 118,164), et était appliqué sans cesse à lui offrir les sacrifices du matin et du soir, que nous faut-il faire, nous qui devons prier d’autant plus que nous défaillons plus souvent, à cause de la fragilité de la chair et de l’esprit ; nous qui, las de la route et fatigués cruellement par notre course en ce monde et par les détours de cette vie, devons prier afin que le pain qui refait ne puisse nous manquer, lui qui fortifie le cœur de l’homme (ps 103,15). Ce n’est pas seulement au milieu de la nuit que le Seigneur nous apprend qu’il faut veiller, mais à tous les instants pour ainsi dire. En effet il vient et le soir, et à la seconde et à la troisième veille, et il a coutume de frapper à la porte. « Heureux les serviteurs que le Seigneur, quand il viendra, trouvera veillant ! »

  • Saint Patern

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    Bon, d’accord, cette note liturgique, par exception, concerne quelques dizaines de personnes… Mais, quoique ce soit un dimanche, c’est bien la messe de la fête de saint Patern que j’ai aujourd’hui, comme aussi les paroissiens de Saint-Patern à Vannes (la paroisse de la « forme extraordinaire »).

    Ceux-ci parce que c’est le saint patron de la paroisse. Les autres tenants de la « forme extraordinaire » parce que saint Patern est le patron principal du diocèse. Ainsi en a décidé… Paul VI, en 1964. Amusant, non ?

    Sur le papier, la fête de saint Patern est le 16 avril. Mais comme elle tombait presque toujours pendant la Passion ou la semaine de Pâques, on a pris l’habitude de la célébrer le 21 mai, jour de l’ancienne fête de la Translation des reliques du même saint.

    La messe commence par l’introït Statuit du commun des confesseurs pontifes, mais les autres chants lui sont propres : un alléluia Ecce sacerdos magnus, le second alléluia sur saint Patern, l’offertoire, un offertoire Gratia data est mihi, et la communion Ego sum pastor bonus du dimanche du Bon Pasteur.

    Le second alléluia chante ceci :

    « O sancte Paterne, serve Christi, ante Regem angelorum memor tui gregis mane, preces populi tui accipe, et a morsibus luporum oves tuas eripe. »

    O saint Patern, serviteur du Christ, garde le souvenir de ton troupeau devant le Roi des anges, reçois les prières de ton peuple, et arrache tes brebis des morsures des loups.

    Saint Patern fut le premier évêque de Vannes. Du moins le premier évêque connu. Car les évêques de la province de Tours dirent qu’ils s’étaient réunis « in ecclesia venetica » (en 465) pour ordonner un évêque. Or selon les historiens, s’il y avait déjà une « Eglise de Vannes » il devait y avoir un évêque à sa tête. Le pauvre Patern, qui n’était pas breton (contrairement aux six autres saints fondateurs des évêchés de Bretagne), fut confronté à des dissensions, entre Gallo-romains et Bretons de souche, et entre ceux-là et les… migrants qui débarquaient en masse... de Grande-Bretagne . Il préféra se retirer et vécut en ermite en Gaule, avant de mourir oublié de tous…

    Le Concile de Vannes, qui prit des dispositions dont nous avons encore le texte, définit également le territoire du diocèse, entre la Vilaine et l’Ellé. Ce devint le territoire du Vannetais.

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    Saint Patern dans la Vallée des Saints

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    Le buste reliquaire de saint Patern, qui ne contient que quelques osselets, son corps ayant été détruit  à la Révolution...

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  • Saint Bernardin de Sienne

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    Le nom de Jésus est la gloire des prédicateurs, parce qu’il fait annoncer et entendre sa parole dans une gloire lumineuse. Comment crois-tu que se soit répandue dans le monde entier une clarté de foi si grande, si rapide et si fervente, sinon parce qu’on a prêché Jésus? N’est-ce pas par la clarté et la saveur de ce nom que Dieu nous a appelés à son admirable lumière? À ceux qui ont été illuminés et qui voient la lumière dans cette lumière, l’Apôtre peut bien dire: Autrefois, vous n’étiez que ténèbres; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière; vivez comme des fils de la lumière.

    Par conséquent, il faut faire connaître ce nom pour qu’il brille, et ne pas le passer sous silence. Cependant, il ne doit pas être proclamé dans la prédication par un cœur impur ou une bouche souillée, mais il doit être conservé puis proclamé par un « vase choisi ». C’est pourquoi le Seigneur dit au sujet de saint Paul : Cet homme est le vase que j’ai choisi pour qu’il porte mon Nom auprès des nations païennes, auprès des rois et des fils d’Israël. Le vase que j’ai choisi, dit-il, est celui où se montre un liquide très doux et de grand prix, pour qu’on ait envie de boire parce qu’il brille et resplendit dans des vases de choix : afin qu’il porte mon nom, dit le Seigneur.

    Lorsqu’on allume un feu pour nettoyer les champs, les buissons et les épines, sèches et stériles, se mettent à brûler, lorsque les ténèbres sont chassées par les rayons du soleil levant, les voleurs, les vagabonds nocturnes, les cambrioleurs vont se cacher. C’est ainsi que la prédication de saint Paul, comme un fracas de tonnerre, comme un incendie violent, comme le soleil à son aurore, faisait disparaître l’incroyance, dissipait l’erreur, mettait en lumière la vérité, à la manière dont la cire se liquéfie sous un feu intense.

    En effet, il mettait partout le nom de Jésus: dans ses paroles, ses lettres, ses miracles et ses exemples. Il louait le nom de Jésus continuellement, il le chantait dans son action de grâce.

    De plus, l’Apôtre portait ce nom auprès des rois, des nations païennes et des fils d’Israël, comme une lumière dont il illuminait les nations du monde, et partout il s’écriait: La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche. Rejetons les activités des ténèbres, revêtons-nous pour le combat de la lumière. Conduisons-nous honnêtement, comme on fait en plein jour. Il montrait à tous la lampe ardente, posée sur le lampadaire, annonçant en tout lieu Jésus, le crucifié.

    Aussi l’Église, épouse du Christ, toujours appuyée sur son témoignage, exulte-t-elle en disant avec le Prophète: Mon Dieu, tu m’as instruit dès ma jeunesse, et je redirai tes merveilles jusqu’à présent, c’est-à-dire toujours. Le prophète y exhorte aussi en disant: Chantez le Seigneur en bénissant son nom, de jour en jour proclamez son salut, c’est-à-dire Jésus le Sauveur.

    Sermon 49.

    Saint Bernardin avait coutume de prêcher avec une tablette de bois portant le monogramme de Jésus IHS en lettres d’or au centre d’un soleil de flammes, avec laquelle il bénissait la foule. Il convainquit la ville de Sienne d’adopter ce symbole comme blason. Peinture du XVIe siècle, château de Langeais. Sur les portraits de saint Bernardin il y a souvent l’inscription « manifestavi nomen tuum hominibus » : J’ai manifesté ton nom aux hommes (Jean 17,6). Il se trouve que le saint est mort pendant les premières vêpres de l’Ascension, quand on chantait l’antienne de Magnificat « Pater, manifestávi nomen tuum homínibus… » Il semble que sur cette peinture il y ait « Domine manifestavi hominibus nomen tuum » (sous toute réserve).

  • Saint Yves

    Gaude mater Ecclesia,
    Et exulta Britannia,
    Nam per orbem celebria
    Sunt Yvonis solemnia.

    Réjouissez-vous, Eglise notre mère, et vous, terre de Bretagne, tressaillez d’allégresse, car le monde entier célèbre la gloire de saint Yves.

    Hic tonitrui filius,
    Prædicator egregius,
    In convescendo sobrius,
    Egenis erat socius.

    Ce saint, puissant comme le fils du tonnerre, fut un prédicateur distingué. Sobre dans sa nourriture, il se plaisait dans la société des pauvres.

    Ipsis una refectio
    De prægrossis cibariis,
    Nec huic erat plus socio
    Quam illis erat socius.

    Il mangeait, à la même table, des mets grossiers comme ils en mangeaient eux-mêmes, et avec une égalité parfaite.

    Fidelis in obsequiis
    Et justus in judicio,
    Discretus in consiliis
    Pressis erat præsidio.

    Il se prêtait à procurer fidèlement tous les secours qu’on lui demandait, rendait la justice avec une admirable équité, était d’une grande discrétion dans les conseils qu’il donnait, et portait joie et consolation à tous les opprimés.

    Intentus pio studio,
    In sedandis discordiis,
    Nullaque sibi ultio
    De susceptis injuriis.

    Tout ce qu’il entreprenait, il le faisait avec un soin remarquable, s’appliquait à apaiser les discordes et ne cherchait jamais à tirer vengeance des injures qu’il recevait.

    Una vultus hilaritas,
    Una mentis constantia
    Quam non fregit adversitas,
    Nec resolvit lætitia.

    Sur ses traits, c’était toujours la même gaîté, dans son âme, la même constance : aucune adversité ne décourageait ses desseins ; rien n’assombrissait les traits de son visage.

    Assiduo circuitu
    Ibat prædicans populis,
    Fusco contectus habitu,
    Sed coruscans miraculis !

    Il parcourait avec assiduité tout le pays de Tréguier, prêchait au peuple, en allant comme en venant, toujours revêtu d’un habit bien pauvre, mais recevant un éclat extraordinaire des miracles qu’il opérait.

    Sit laus trino et simplici
    Deo, qui per suffragia
    Yvonis tam mirifici
    Det nobis cœli gaudia. Amen.

    Gloire, honneur et puissance au Christ que nous prions, par les miracles insignes de saint Yves, de nous donner la joie du ciel.

    Hymne du XVe siècle, traduction (parfois étrange) de l’abbé France, curé-archiprêtre de Lannion, 1893.

  • Saint Venant

    Peintures murales de l’église Sant-Venant de Pfärrenbach, Horgenzell, Bade-Wurtemberg.

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    Saint Venant est pendu la tête en bas au-dessus d’un feu ; il est jeté aux lions mais les lions ne le mangent pas et il prêche le Christ ; alors qu’on le conduit au lieu où il sera décapité il fait jaillir une source pour les soldats qui meurent de soif ; il est enterré par des chrétiens.

  • Saint Pascal Baylon

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    Saints et saintes de Dieu, par le Père René Moreau, Mame, 1925

  • saint Ubald

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    Selon la légende, saint Ubald, l’évêque de Gubbio, avait légué son anneau à son camérier, ou selon une autre version il lui devait des gages quand il est mort. Quoi qu’il en soit, l’homme, pour récupérer l’anneau, dut tirer tellement fort sur le pouce où il se trouvait que le doigt lâcha… Il s’empressa de cacher le pouce et son anneau dans son bâton, et il partit pour son pays, la Lorraine ou les Pays-Bas. Le 1er juillet 1161 (un mois et demi après la mort de saint Ubald), il se trouvait dans la vallée de la Thur. Plantant son bâton au pied d’un arbre, il s’endormit. A son réveil, impossible de retirer le bâton du sol (ou de l’arbre contre lequel il l’avait posé). Alors qu’il tirait de toutes ses forces, trois flammes (ou trois étoiles) jaillirent des arbres. Ce que vit de son château le comte Engelhard de Ferrette. Celui-ci accourut, et il décida, en accord avec le serviteur de saint Ubald, qu’on construirait une chapelle à cet endroit. Alors le bâton se détacha. Et l’on fit une chapelle pour la relique de saint Ubald, que l’on plaça dans un reliquaire en forme de pouce, puis dans le village de Thann (« sapin ») qui s’édifia on construisit une splendide église gothique, Saint-Thiébaut, qui devint un important centre de pèlerinage.

    Il fallait, dira-t-on, être naïf, autrefois, et aujourd’hui particulièrement demeuré, pour croire une telle histoire, dont la première version publiée date du début du XVIIe siècle. A l’époque des « faits », le comte de Ferrette ne s’appelait pas Engelhard mais Louis et il n’était pas encore seigneur du coin, il était seigneur de Vadans dans le Jura et d’une partie d’Engisheim qui se trouve près de Colmar et non à l’ouest de Mulhouse. Il y a sans doute une confusion avec le château d’Engelbourg, encore que de ce château l’éventuel seigneur local ne pouvait pas voir les éventuelles flammes de sapins. Il n’y a pas vraiment de rapport entre « Ubald » et « Thiébaut », et il est manifeste que le clergé local a inventé cette histoire pour développer un fructueux pèlerinage en assimilant un obscur saint local au célèbre thaumaturge italien.

    Enfin, on a tout simplement la preuve concrète de l’inanité de la légende, puisque le corps de saint Ubald s’est momifié et qu’il est en parfait état de conservation, et que dès 1593 un rapport sur l’état du corps soulignait : « Corpus inventum intactum cum omnibus suis partibus nullo carens digito nec alio membro. » « Le corps a été trouvé intact avec toutes ses parties, il ne manque aucun doigt ni autre membre. »

    Tel était l’état de la question, jusqu’en… 1975. Cette année-là, des experts des Musées du Vatican furent chargés d’examiner le corps de saint Ubald, pour vérifier son état de conservation et le nettoyer. Et ils découvrirent qu’il manquait à son auriculaire droit un fragment de peau. De peau arrachée et non découpée. Et de l’exacte dimension de la relique de Thann, qui se trouve être un morceau de peau et non un pouce.

    Autrement dit l’essentiel de la « légende » est vrai.

    S’il reste des historiens honnêtes, tant hors de l’Eglise que dans l’Eglise, cette histoire devrait leur donner à réfléchir…

    *

    Le 30 juin de chaque année, à Thann, après les premières vêpres solennelles de saint Thiébaut, on allume trois « sapins », qui sont des assemblages de bois particulièrement combustibles (et l’on finit par un feu d’artifice).

    A Gubbio, la fête de saint Ubald a comme particularité (au soir du 15 mai) trois cierges géants portés en procession à dos d’hommes.

    (L’impressionnante statue de « saint Thiébaut », dans l’église de Thann, a été sculptée vers 1500.)

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  • Saint Robert Bellarmin

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    Dans les écrits de cet homme de gouvernement on perçoit de manière très claire, malgré la réserve derrière laquelle il cache ses sentiments, le primat qu'il accorde aux enseignements du Christ. Saint Bellarmin offre ainsi un modèle de prière, âme de toute activité: une prière qui écoute la Parole du Seigneur, qui se satisfait d'en contempler la grandeur, qui ne se replie pas sur elle-même, mais est heureuse de s'abandonner à Dieu. Un signe distinctif de la spiritualité de Robert Bellarmin est la perception vivante et personnelle de l'immense bonté de Dieu, grâce à laquelle notre saint se sentait vraiment le fils bien-aimé de Dieu et c'était une source de grande joie que de se recueillir, avec sérénité et simplicité, en prière, en contemplation de Dieu. Dans son livre De ascensione mentis in Deum — Elévation de l'esprit à Dieu — composé sur le schéma de l'Itinerarium de saint Bonaventure, il s'exclame: «O mon âme, ton exemple est Dieu, beauté infinie, lumière sans ombres, splendeur qui dépasse celle de la lune et du soleil. Lève les yeux vers Dieu dans lequel se trouvent les archétypes de toutes les choses, et dont, comme d'une source d'une infinie fécondité, dérive cette variété presque infinie des choses. C'est pourquoi tu dois conclure: celui qui trouve Dieu trouve toute chose, qui perd Dieu perd toute chose».

    Dans ce texte, on entend l’écho de la célèbre contemplatio ad amorem obtineundum — contemplation pour obtenir l’amour — des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola. Robert Bellarmin, qui vit dans la société fastueuse et souvent malsaine de la fin du XVIe siècle et du début du XVIIe siècle, tire de cette contemplation des aspects pratiques et y projette la situation de l’Eglise de son temps avec un vif souffle pastoral. Dans l’ouvrage De arte bene moriendi — l’art de bien mourir — il indique, par exemple, comme règle sûre d’une bonne vie, et également d’une bonne mort, de méditer souvent et sérieusement le fait que l’on devra rendre compte à Dieu de ses propres actions et de sa propre façon de vivre, et de chercher à ne pas accumuler de richesses sur cette terre, mais à vivre simplement et avec charité de manière à accumuler des biens au Ciel. Dans l’ouvrage De gemitu colombae — le gémissement de la colombe, où la colombe représente l’Eglise — il rappelle avec force tout le clergé et les fidèles à une réforme personnelle et concrète de leur propre vie, en suivant ce qu’enseignent les Saintes Ecritures et les saints, parmi lesquels il cite en particulier saint Grégoire de Nazianze, saint Jean Chrysostome, saint Jérôme et saint Augustin, en plus des grands fondateurs des Ordres religieux, tels que saint Benoît, saint Dominique et saint François. Robert Bellarmin enseigne avec une grande clarté et à travers l’exemple de sa propre vie qu’il ne peut pas y avoir de véritable réforme de l’Eglise si auparavant il n’y a pas notre réforme personnelle et la conversion de notre cœur.

    Benoît XVI