Cela m’avait échappé à l’époque : le témoignage de Mère Anne, higoumène du monastère de la Dormition et des saints Nicolas et Basile, à Nikolskoïe, près de Donetsk. C’était le 23 décembre dernier.
Depuis près de deux ans, depuis le 13 mars 2022, le monastère subit des tirs d’artillerie massifs venant d’Ukraine. Malheureusement, les tireurs n’ont pas été arrêtés par le fait que plus de 300 réfugiés avec leurs enfants avaient trouvé refuge dans nos caves, ni par le fait que des personnes âgées résidaient dans l’hospice, ni encore par le fait qu’il reste maintenant environ 50 moniales dans le monastère, afin que les offices soient célébrés et que les veilleuses ne s’éteignent pas. Une sorte de méchanceté inhumaine agit chez ces gens. L’été 2022, les résidents gravement malades et les personnes âgées de l’hospice du monastère ont été évacués. À l’heure convenue pour l’évacuation, des tirs ciblés ont commencé. Le monastère a été bombardé sans interruption pendant cinq heures : au-dessus de la tête des habitants explosaient des missiles « Grad », des roquettes « Ouragans », des munitions de différents calibres. L’église du réfectoire en l’honneur de tous les saints russes et la « Maison du Labeur » ont pris feu à cause d’obus explosifs. En fin d’après-midi, avec beaucoup de difficultés, nous avons réussi à faire sortir les personnes âgées du monastère. Au bout d’un certain temps, avec la bénédiction du hiérarque diocésain, le métropolite Hilarion de Donetsk, certains des habitants du monastère sont partis. À l’heure actuelle, les moines vivent dans la ville de Makeïevka, dans la skite Saint-Jean-Baptiste. 75 sœurs en charge de l’hospice vivent au monastère de l’icône de la Mère de Dieu de Kasperovo (à Gruzsko-Lomovka). Dans le village d’Andreïevka, dans le district de Snejnoïé, 20 sœurs vivent à l’église de la Protection-de-la-Mère-de-Dieu. Les sœurs vivent dans une communauté monastique, observant les règles du monastère, soutenant la vie du couvent en première ligne. À ce jour, il ne reste plus un seul bâtiment intact dans le monastère, et les toits de tous les bâtiments du monastère ont été endommagés. Malgré la destruction extérieure presque complète, le monastère continue à vivre. Tous les systèmes de communication du monastère ont été complètement détruits : il n’y a plus d’électricité, d’eau, de gaz, de chauffage, de communication. Les frères et sœurs du monastères qui sont restés vivent au sous-sol. Une grande partie des moines vit dans la crypte. Là, nous célébrons les offices tous les jours, et là aussi nous préparons la nourriture sur une cuisinière à gaz. Une bouteille de gaz est utilisée pour la cuisson. La vie du monastère dépend entièrement du fonctionnement du générateur. La route par laquelle le carburant diesel est acheminé est constamment bombardée. Les gens risquent leur vie pour livrer du carburant, du pain et de la nourriture au monastère. Il y a beaucoup de morts et de blessés. Le hiéromoine Boniface, la moniale du grand-habit Savva, le moine Germain et d’autres ont péri sur le territoire du monastère. Au total, huit personnes ont été tuées et dix blessées jusqu’à présent. Les frères et sœurs célèbrent, prient et sont animés par la brillante espérance que, tel un phénix, le monastère bien-aimé renaîtra inévitablement de ses cendres et que la Rus’ constituée de trois entités renaîtra inévitablement dans l’amour fraternel et dans l’unanimité spirituelle !…
On remarquera les derniers mots. La Rus’ est constituée de trois entités et elle renaîtra inévitablement. Les trois entités sont la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie. C’est le « monde russe », et personne ne peut le détruire. Ce serait bien s’ils se mettaient à comprendre cela, les imbéciles qui hurlent que Poutine attaquera d’autres pays si on le laisse vaincre l’Ukraine.