Vere dignum et iustum est, æquum et salutáre, nos tibi semper et ubíque grátias ágere: Dómine, sancte Pater, omnípotens ætérne Deus: Qui salútem humáni géneris in ligno Crucis constituísti: ut unde mors oriebátur, inde vita resúrgeret: in quo ligno vincébat, in ligno quoque vincerétur: per Christum Dóminum nostrum. Per quem majestátem tuam laudant Angeli, adórant Dominatiónes, tremunt Potestátes. Cæli cælorúmque Virtútes, ac beáta Séraphim, sócia exsultatióne concélebrant. Cum quibus et nostras voces, ut admítti júbeas deprecámur, súpplici confessióne dicéntes:
Depuis hier la préface de la messe est la préface de la Croix, Præfatio de sancta Cruce :
Vous avez placé le salut du genre humain dans le bois de la Croix : pour, là-même où la mort était née, y faire surgir la vie : et pour que celui qui avait vaincu par le bois fût aussi vaincu par le bois.
En latin, et particulièrement dans la Vulgate, le mot lignum désigne aussi bien l’arbre que le bois. Le premier lignum de la Préface désigne l’arbre de la connaissance du bien et du mal, par le fruit duquel le diable fit sombrer le monde dans le péché originel et par le péché dans la mort. Le second désigne le bois de la croix, sur lequel le Christ vainquit le diable. La croix est ainsi l’arbre de vie, dont le Christ est le fruit qui donne la vie éternelle.
C’est aussi ce que l’on trouve dans l’hymne des matines de ce temps :
De parentis protoplasti
fraude factor condolens,
quando pomi noxialis
morsu in mortem corruit:
Ipse lignum tunc notavit,
damna ligni ut solveret.
Attristé de l'égarement de notre premier père, qui tomba dans la mort en mordant le fruit néfaste, le Créateur choisit lui-même un arbre pour réparer la malédiction de l'arbre.
Hoc opus nostræ salutis
ordo depopiscerat ;
multiformis proditoris
ars ut artem falleret,
et medelam ferret inde,
hostis unde læserat.
Cette œuvre de salut, l'ordre divin l'exigeait, pour vaincre par la ruse la ruse multiforme du Malin, et porter le remède d'où venait la blessure.
• Le jeûne de Jonas.