Les chants de la messe sont, comme il convient, ceux du Christ souffrant. Avec une exception spectaculaire : le chant de communion, qui paraît incongru : « Le Seigneur des puissances, c’est lui le Roi de gloire. » Pour l’expliquer, on peut se reporter au principe selon lequel, depuis le mercredi des cendres, les antiennes de communion sont prises selon l’ordre des psaumes, et qu’on en est aujourd’hui au 23. De fait, l’antienne est un verset du psaume 23. Mais on sait que ce principe subit un certain nombre d’exceptions (quand le verset de psaume est remplacé par un verset de l’évangile du jour), et l’on pouvait choisir un verset moins éclatant, même si le psaume tout entier chante la gloire de Dieu. En fait, ce verset, au début du temps de la Passion, vise à ce que l’on n’oublie pas que celui qui va être insulté, moqué, battu, fouetté, couvert de plaies et de crachats, et crucifié comme un bandit, est le Roi de gloire, qui fait précisément son entrée, comme dit le psaume, par une porte dont on doit élever les linteaux pour qu’il passe : la porte de la croix.
La première lecture, sur Jonas à Ninive, nous rappelle que nous sommes toujours dans le temps de la pénitence et du jeûne, et que cette pénitence doit avoir un caractère social, comme le soulignait le bienheureux cardinal Schuster : « En effet, il ne suffit pas que la religion et les pratiques du culte soient le tribut privé et personnel de l’individu, mais il faut qu’elles soient en outre collectives et sociales, puisque la société, la famille, la cité, la nation, etc. sont des entités réelles, et pour cela ont, comme telles, à rendre à Dieu le culte dû. »
Quant à l’évangile, il nous montre une nouvelle fois des gens qui cherchent à s’emparer de Jésus mais ne le font pas, une nouvelle affirmation par Jésus de sa divinité, et une nouvelle annonce du baptême pour les catéchumènes, mais qui dépasse de loin ce cadre.
L’affirmation par Jésus de sa divinité est hélas souvent gommée par les traductions. Il dit : « Vous me chercherez, et vous ne me trouverez pas ; et là où je suis, vous ne pouvez venir. » Il ne dit pas « où je serai », mais « où je suis », souligne saint Augustin dénonçant par avance les mauvaises traductions. Il dit « où je suis » parce qu’il est au ciel et qu’il n’a pas quitté le ciel en s’incarnant. Comme il l’a dit auparavant : « Personne n’est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme, qui est au ciel. » Qui est au ciel même quand il parle aux hommes sur la terre. Etre au ciel étant l’équivalent de : « Je Suis ».
L’annonce du baptême, par l’eau vive, dépasse ce cadre parce qu’elle concerne toute la vie spirituelle du croyant, à partir du baptême qui crée la source d’où doivent jaillir les fleuves engendrés par l’Esprit. Dans la lecture scripturaire du jour, Jérémie, Dieu se plaint que son peuple l'ait abandonné, lui, "la source d'eau vive". Il s'agit donc de la déification de ceux qui croient au Christ: ils ont en eux la source jaillissante qui est Dieu. La première condition est d'avoir soif.
Commentaires
Fascinante cette progression numérique des psaumes pour les antiennes de communion. Comment et où avez-vous trouvé cette information, s'il-vous-plait M. Daoudal ?
Je l'ai trouvée sur Introibo, tout simplement.
Le mercredi des cendres, le cardinal Schuster écrit:
"La série des antiennes ad Communionem durant les messes fériales du Carême, est tirée du psautier dans l’ordre même des Psaumes, et constitue un cycle spécial. Les exceptions sont très rares, et représentent des additions postérieures. Dom Cagin, après avoir étudié soigneusement la question, a conclu que les deux messes des IVe et VIe féries de quinquagésime, avec les antiennes ad Communionem, tirées respectivement des psaumes I et 2, appartiennent vraiment au cycle grégorien primitif des messes quadragésimales."
Et dom Pius Parsch:
"Le pape Saint Grégoire 1er réorganisa les chants de communion pour les féries de Carême. Il choisit pour cela les 26 premiers psaumes qu’il fit succéder dans l’ordre. On les chantait alors en entier. C’est une indication qui nous montre que, pendant le Carême, nous devons consacrer une attention particulière à ces psaumes. Nos lecteurs pourraient prendre aussi cette résolution de Carême : apprendre à mieux comprendre et à mieux réciter les psaumes."
Dans la suite de leurs commentaires, jour après jour, ils soulignent que dans l'ordre des psaumes on en est arrivé à tel numéro, ou qu'il y a une exception. Dom Parsch en profite pour donner chaque jour tout le psaume, avec un bref commentaire.
Voilà, la liste des psaumes de communion :
Ps. 1. Mercredi des Cendres
Ps. 2. Vendredi après les Cendres
Ps. 4. 1ère semaine - Mardi
Ps. 5. 1ère semaine - Mercredi (des 4 temps)
Ps. 6. 1ère semaine - Vendredi (des 4 temps)
Ps. 7. 1ère semaine - Samedi (des 4 temps)
Ps. 8. 2ème semaine - Lundi
Ps. 9. 2ème semaine - Mardi
Ps. 10. 2ème semaine - Mercredi
Ps. 11. 2ème semaine - Vendredi
Ps. 13. 3ème semaine - Lundi
Ps. 14. 3ème semaine - Mardi
Ps. 15. 3ème semaine - Mercredi
Ps. 18. 4ème semaine - Lundi
Ps. 19. 4ème semaine - Mardi
Ps. 21. 4ème semaine - Vendredi (versets)
Ps. 22. 4ème semaine - Samedi
Ps. 23. Passion - Lundi
Ps. 24. Passion - Mardi
Ps. 25. Passion - Mercredi
Ps. 26. Passion - Vendredi
Pour les numéros manquants : peut-être est-ce dû à des réformes qui ont changé les antiennes de communion ?...
La réponse se trouve dans mon texte et dans celui du cardinal Schuster: ce sont des jours où le psaume a été ensuite remplacé par un verset de l'évangile.
Jésus est au ciel - et même au-dessus du ciel - par sa divinité, bien sûr. Mais il est aussi au ciel dans son humanité, en tant que Fils de l'homme, celui qui vient sur les nuées du ciel, car il jouit de la vision béatifique et par conséquent de l'omniscience dès le premier instant de son incarnation.
Quels sont selon vous les vrais auteurs de la liturgie grégorienne ? Sont-ce des moines ? Sont-ce des évêques ? Sont-ce les papes eux-mêmes ? En particulier, les mélodies grégoriennes sont-elles d'origine monastique ou seulement épiscopale ?
Pardonnez à mon ignorance crasse. Mais j'aimerais l'avis d'un connaisseur.
Tout le monde est ignorant en la matière, et ceux qui prétendent le contraire sont des imposteurs.
On dit "chant grégorien" et "liturgie grégorienne" en référence à saint Grégoire le Grand (qui était moine bénédictin avant d'être pape). On a pu lui donner la paternité de l'ensemble, de même qu'on attribuait à David tous les psaumes, même ceux qui étaient explicitement signés d'un autre. Il reste que saint Grégoire est certainement "l'auteur" de certaines pièces. Mais il n'a pas inventé la "musique" du plain chant dont l'origine se perd dans la nuit des temps et de la synagogue... (Saint Grégoire a surtout organisé la liturgie, y compris la messe ensuite codifiée par saint Pie V.)
Concernant le 7 avril.
La Crucifixion e eu historiquement lieu le vendredi 7 avril, an 30.
C'est la date précise et historique. C'est la date archi-sûre. C'est la date archi-exacte.
Toutes les autres supputations et autres dates, préconisant une prétendue autre année, ne sont que littérature et instrumentation pour soutenir des partis-pris antihistoriques et farfelus.
L'après-midi du vendredi 7 avril an 30 est la vraie et exclusive date de la Crucifixion historique.
Votre commentaire ressemble à la profession de foi d'un candidat à une élection quelconque. Sachant que les dates proposées de naissance du Christ s'étalent de 12 av JC à 5 ap JC et celles de la Crucifixion de 29 à 33 ap JC. Sachant que personne n'a apporté d'argument décisif à ces choix, je m'en tiendrai aux dates transmises par la Tradition et Denis le Petit, c'est à dire pour la Crucifixion en 33, le Christ étant âgé de 33 ans. Ce qui est un choix que je ne chercherai pas à imposer et qui n'est ni plus bête ni plus illégitime que quelques autres choix (parmi les différentes dates, il y en a qui sont disqualifiées par erreur ou interprétation erronée des données en notre possession)
Sachant que “Luc”, dans son prologue, écrit « après avoir fait des recherches exactes sur toutes ces choses depuis leur origine », et que, quelques lignes plus loin, il commence sa narration par « la quinzième année du règne de Tibère César (…) la parole de Dieu fut adressée à Jean » et la poursuit avec « Jésus avait environ trente ans lorsqu’il commença son ministère », vous me faites doucement rigoler avec votre hallucinante “précision”…
Pour les mal-comprenants, j’explique :
— “Luc” revendique l’exactitude de ses informations ;
— Jean commence sa prédication (exactement) en l’an 15 de Tibère, laquelle consiste entre autres à baptiser Jésus ;
— lequel Jésus, peu après – mais on ne sait “exactement” combien de temps ; l’an 15 toujours ? l’an 16 ? l’an X ? – commence à son tour son ministère, âgé d’ENVIRON trente ans, soit né VERS 15 avant le principat de Tibère…
À la fin du IIe siècle, Irénée, lui qui tenait pour une mort de Jésus à l’âge de 50 ans – suite à un raisonnement spécieux mais de bon sens –, est persuadé que les contemporains de Jésus ont pu consulter les “actes de l’état civil” de l’époque… (Mais apparemment, son maître Polycarpe qui aurait été consacré par l’apôtre Jean ne lui a rien rapporté, dans sa prime jeunesse – à lui, Irénée – comme détails biographiques précis sur Jésus. C’est bête. Pourtant, à cette époque, commençaient à fleurir les Évangiles complémentaires, conçus pour répondre aux questions que se posaient les fidèles, comme le très ancien Protévangile de Jacques !)
Vous êtes très mal renseigné.
Renseignez-vous mieux : le vendredi 7 avril an 30 est basé sur des déductions, irréfutables et rationnelles, d'après les données évangéliques et le comput du calendrier.
Il est établi que Denis le Petit a fait une erreur (de très bonne foi). Il a voulu faire coïncider, très naturellement, le départ de notre ère avec l'an 1 de la vie du Christ. A cause de cette erreur, il est établi que le calendrier actuel, ne pouvant plus être modifié __ car on ne peut imposer à la planète de transfomer l'an 2014 en l'an 2010 ou 2011 __, le Christ, selon le comput même de Denis le Petit est réellement né en - 3 ou fin - 4 de notre ère.
Né en - 3, ou fin - 4 de notre ère, il est effectivement mort, selon la chair, à 33 ans, en l'an 30.
Quant à la fixation de cette année-là précise, renseignez-vous.
Nous en avons longuement parlé sur ce blog (avec J Ferrand). Sur 3 commentateurs, 3 interprétations différentes! Le mois de naissance n'est pas indifférent. La fixation de cette année là (fin 4 , début 3 av JC) ne reflète que l'opinion de certains chercheurs et historiens qui sont contredits par d'autres, chacun trouvant rationnelle et unique son interprétation. L'année de la mort d'Hérode étant la plus controversée et la clé du problème. Je suis plus renseigné que vous ne le croyez.
Je vous suggère ce lien, pour une approche déjà minimale de la date réelle de la Crucifixion : le vendredi 7 avril an 30.
http://enfant-prodigue.com/spip/spip.php?article4438
Et je recorrige cette phrase de moi, écrite ci-dessus (concernant l'erreur calendérique de Denis le Petit) :
"car on ne peut imposer à la planète de transfomer l'an 2014 en l'an 2010 ou 2011 __"
Evidemment j'aurais dû écrire :
"car on ne peut imposer à la planète de transfomer l'an 2014 en l'an 2018 ou 2017 __"
En effet, si Denis le Petit ne s'était pas trompé dans son comput avec un retard de 3 ou 4 ans, nous serions aujourd'hui en 2018 (ou 2017 puisqu'on ne sait pas précisément l'année de naissance du Christ). Par contre, on sait parfaitement la date de sa mort, à l'âge de 33 ans (à quelques mois près, selon qu'il est né en -3 ou fin -4 avant notre ère).
Par le lien donné vous justifiez ce que je disais plus haut. Je cite Charles Perrot:
" À l’aide du calcul astronomique, il est possible de savoir quand un 14 de Nisan est effectivement tombé le vendredi. Ce calcul permet d’abord d’exclure les années 28, 29 et 32 où une telle occurrence est impossible. Par ce même calcul, la date du 7 avril 30 est la plus probable ; celle du vendredi 3 avril 33 reste possible aussi."
Pourquoi excluez-vous l'an 33 ? S'il est né en décembre 1 av JC comme le dit Denis le Petit, sa mort en 33 ap JC colle parfaitement avec son âge. 3 ou 4 av JC vient de Kepler et son éclipse de lune avant Pâques à la mort d'Hérode (Flavius Josèphe). Mais Képler a omis de dire qu'il y avait des éclipses en 6 et 7 ap JC qui répondent à la question. Il a choisi celle qui lui permettait de contredire Denis. Donc, il n'y a aucune certitude, comme vous le prétendez.
Pas un de ces “spécialistes” ne sait comment fonctionne le calendrier hébraïque – en admettant que Jésus, frère d’un André au nom si aryen…, ait quelque chose à voir avec le mosaïsme, ce dont je doute plus que très fortement – de l’époque du temple d’Hérode l’Édomite : le calcul astronomique n’y entre pour aucune part.
de Jean Ferrand : 'Jésus est au ciel - et même au-dessus du ciel - par sa divinité, bien sûr. Mais il est aussi au ciel dans son humanité, en tant que Fils de l'homme, celui qui vient sur les nuées du ciel, car il jouit de la vision béatifique ..."
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Que signifie cette hérésie ???...
IL "jouit de la vision béatifique" ?... LUI ???
Mais IL EST LUI-MÊME la Vision béatifique. Et de SA vision béatifique jouissent les saints, et eux seuls. C'est eux qui jouissent de SA vision béatifique, à Lui, en l'Indivisible Trinité.
Ce n'est pas Lui qui jouit de la vision béatifique : IL EST Lui-même la vision béatifique.
L'Union hypostatique a eu lieu __ sans confusion, sans mutation et sans séparation __ dès l'Incarnation en ce monde, et pour l'éternité depuis l'Ascension.
N'allez donc pas m'introduire, je vous prie, l'enfer du nestorianisme au Ciel, en y distinguant, encore, d'une part, le Fils de l'homme, et de l'autre part le Verbe éternel.
Ne divisez pas l'Union hypostatique.
Je ne suis pas théologien, mais il me semble que l'âme de Jésus, puisque c'est une âme humaine, a la vision béatifique. Sinon Jésus n'est pas vraiment homme.
En Lui, corps et âme sont assumés de manière ineffable par le Verbe qui s'est fait chair : sans aucun confusion, sans aucune mutation, mais sans aucune séparation, sans aucune division : un seul Seigneur, Dieu Verbe, immuablement "l'un de la Trinité" alors même qu'il marchait, dormait, mangeait, souffrait parmi nous, un seul Seigneur dans les deux natures parfaites.
Lui qui sait tout, IL SAIT la Vision béatifique, et il sait ce qu'elle est indiciblement, et IL SAIT ce en quoi elle consiste. Il le sait justement par la communication des idiomes (communication idiomatique "ad intra" inhérente à l'Union hypostatique). Mais pour autant, ne jamais dire qu'il "en jouit", comme un élu méritant (!!!), comme par honneur (!), comme par concession (!), comme par grâce (!), qui lui seraient faits et accordés suite à des mérites de sainteté et d'excellence personnels, ce qui est vrai uniquement des élus. Jouissent également de la vision béatifique, par grâce et sans mérite, les puissances angéliques.
Donc : il ne faut pas dire "Il jouit de la Vision béatifique", car IL l'EST en Personne. Mais Il en est l'OBJET : de la part des puissances d'En-Haut et des élus réunis. En attendant la résurrection de la chair, où la vision béatifique aura lieu dans la chair même, dans la gloire à jamais.
Il faut être très prudent sur ces questions. La théologie ne souffre aucune équivoque. Elle est aussi précise qu'une algèbre, pour prendre une comparaison indigne et prosaïque.
Il faut même éviter les questions trop précises sur ce terrain, "éviter les questions scabreuses", comme disait S. Cyrille d'Alexandrie, Docteur de l'Union hypostatique, à Jean d'Antioche qui s'était peu ou prou compromis avec la Bête nestorienne, avant de s'en amender.
En effet, le langage humain sera toujours impuissant à dire précisément les réalités indicibles. Son approche est par définition toujours relative, et elle risque à chaque pas, si elle n'y prend garde, de rouler dans des précipices d'erreur qui côtoient son étroite marge de manoeuvre. Pourtant, cette approche est nécessaire et vitale : le Magistère et les Conciles oecuméniques y ont avancés et y avancent dans l'infaillibilité. Par la force de l'Esprit Saint.
@ Dranem
Quel rapport SVP entre la date supposée de la mort du Christ et l'union hypostatique?
j'ajoute ce lien qui expliquera, très succinctement mais clairement, la communication idiomatique.
http://portail.atilf.fr/cgi-bin/getobject_?a.22:58:2./var/artfla/encyclopedie/textdata/image/
A Dauphin.
- J'ai parlé dans ce fil de la date historique de la Crucifixion parce que ce fil est initié le 7 avril, date reçue comme la véridique pour cet évenement, centre de toute l'Histoire.
- J'ai parlé dans ce fil, ensuite, de l'Union hypostatique (et de la communication des idiomes qui en découlent), réagissant à un commentaire néo-nestorien dans ce fil, qui divisait l'unique hypostase du Verbe incarné encore dans le Ciel même, parlant, d'une part, du Fils de l'homme avec idiomes distincts, et d'autre part du Fils de Dieu avec idiomes distincts, alors que les deux natures, dès l'Incarnation dans le sein de la Mère de Dieu toujours vierge, sont SANS SÉPARATION et SANS DIVISION, SANS CONFUSION et SANS MUTATION dans la communication parfaite des idiomes : un seul et unique Seigneur, né, ces derniers temps, dans l'étable de Bethléem et consubstantiel à nous selon notre nature, et Dieu Verbe né de toute éternité du Père, sans cesse engendré du Père, Monogène et consubstantiel au Père selon la nature divine, Verbe qui s'est fait chair pour nous et pour notre salut, par Qui tout ce qui existe a été fait et sans Qui rien de ce qui existe n'aura été fait. Une seule et unique hypostase, une seule et unique Personne, un seul et unique Seigneur Jésus-Christ, sur la terre comme au Ciel.
C'est clair et précis, merci
Si vous désirez approfondir ces matières touchant des réalités indicibles (économie et modalité de l'Incarnation, union hypostatique, communication des idiomes), je ne vous conseillerai qu'un seul titre :
les "Deux Dialogues Christologiques" de saint Cyrille d'Alexandrie.
Ces deux Dialogues (titres traduits en latin : "De Incarnatione", et "Quod Unus sit Christus" sont très bien traduits en français, avec le grec original en vis-à-vis, dans la collection "Sources chrétiennes", aux éditions du Cerf.
http://www.editionsducerf.fr/html/fiche/fichelivre.asp?n_liv_cerf=659#
Saint Cyrille d'Alexandrie, Père et Docteur de l'Eglise, est justement appelé le "Docteur de l'union hypostatique" et le "Docteur de la Maternité divine". C'est le glorieux tombeur de l'hérésiarque Nestorius.
Au sujet de ce Père et Docteur, de ce "Lion" défenseur de la doctrine catholique, il faut lire aussi tout ce que l'Office de la messe dit à son sujet, le jour de sa fête. Textes admirables d'un bout à l'autre, retraçant son glorieux combat contre l'hérésie nestorienne, et que l'on trouve ici :
http://www.introibo.fr/09-02-St-Cyrille-d-Alexandrie
Faites attention de ne pas verser dans le monophysisme, comme beaucoup de lecteurs de saint Cyrille...
La théologie la plus équilibrée sur l'union hypostatique est celle de saint Léon le Grand.
Oui, le Christ sur terre, qui était homme à 100% comme il était Dieu à 100%, avait la vision béatifique. De même qu'il avait une volonté humaine. ("Cependant, non pas selon ma volonté, mais selon la tienne.")
Oui, merci de me signaler la traduction par un professeur canadien parue aux éditions du Cerf. J'espère qu'elle figure dans les séminaires où le latin n'est plus pratiqué.
Introibo est un site à consulter souvent. Les textes de l'office de St Cyrille sont admirables en effet.
S. Cyrille n'est pas monophysite, il est catholique. Ses admirateurs ne sont pas monophysites, ils sont comme lui catholiques.
Léon XIII savait ce qu'il faisait en proclamant S. Cyrille Docteur de l'Eglise catholique.
Ce sont la plupart des critiques modernes, dans leur rage mystérieuse et inutile de tenter de "réhabiliter" Nestorius __ car l'époque moderne aime toutes les déviations __, qui tendent à salir S. Cyrille en en faisant un soi-disant "précurseur" d'Eutychès, écrasé, lui Eutychès, par le Concile de Chalcédoine, Concile qui a en même temps proclamé la gloire de S. Cyrille et de son oeuvre lors du Concile d'Ephèse, au cours duquel le patriarche d'Alexandrie avait agi sur MANDAT FORMEL du Pape S. Célestin Ier (mandat que cette critique néo-nestorienne a cherché à escamoter et à mettre "à l'ombre").
Le Concile de Chalcédoine a proclamé la gloire de S. Léon le Grand vivant (pour le "tome à Flavien") et la gloire de S. Cyrille, défunt depuis 7 ans alors.
Ne pas opposer S. Léon Ier le Grand à S. Cyrille, tous deux Docteurs catholiques.
Je reviendrai sur cela car je suis trop occupé en ce moment.
1 ) SUPERCHERIE DU MONOPHYSISME
Il est bien entendu qu'Eutychès a osé se réclamer mensongèrement de S. Cyrille d'Alexandrie __ mais après la mort de ce dernier qui ne pouvait plus le terrasser (tout comme Jansénius et le jansénisme ont plus tard osé se réclamer de S. Augustin en déformant sa doctrine de la grâce) __ il est donc bien entendu qu'Eutychès a osé se réclamer mensongèrement de S. Cyrille pour propager son hérésie.
2 ) CONSÉQUENCES SOTÉRIOLOGIQUES DU MONOPHYSISME
Dans l'hérésie monophysite, la nature humaine du Christ est escamotée, "absorbée" par la nature divine du Verbe au point de n'être plus qu'une apparence fictive. Conséquence sotériologique gravissime : cela dirimait et mettait en échec notre salut même par le Christ. Car si le Christ n'avait pas été réellement homme, corps et âme tout comme nous, s'il avait eu une chair fictive, et si le Verbe avait tenu en Lui la place de l'âme, ni notre chair ne pourra connaître la résurrection, ni notre âme la rédemption et le salut.
Car comme l'a défini catholiquement saint Grégoire de Nazianze :"Cela seul est sauvé qui a été parfaitement assumé. Tout ce qui n'est pas assumé par le Verbe n'est pas sauvé. Cela seul est guéri qui est assumé par le Verbe."
Si donc le Verbe fait chair n'a pas réellement assumé un vrai corps et une vraie âme, notre nature humaine ne peut être rédimée et giserait éternellement dans la mort. Voilà les conséquences __ mortelles, c'est le cas de le dire __ de l'hérésie monophysite.
3 ) CONSÉQUENCES DOGMATIQUES
Eutychès a déformé jusqu'à la caricature extrême la théologie alexandrine, qui dans son génie propre avait admirablement mis l'accent sur l'UNICITÉ de la PERSONNE du Christ (et non pas l'unicité de ses deux natures) (doctrine catholique) ; Eutychès confondit les deux natures. A l'opposé, Nestorius avait déformé jusqu'à la caricature extrême la théologie antiochéenne, qui dans son génie propre avait admirablement mis l'accent sur la DISTINCTION DES DEUX NATURES dans le Christ ; Nestorius divisa monstrueusement l'unique Seigneur en deux, le Verbe divin, d'une part, et un homme né de Marie, d'autre part, le premier habitant le second "comme un autre dans un autre", selon un mode de conjonction, ce qui l'amena par conséquent à refuser à la Vierge Marie le titre de Mère de Dieu, niant la maternité divine, puisque, selon son hérésie, elle n'est que la "mère de l'homme" dans lequel, comme il vient d'être dit, le Verbe a habité "comme un autre dans un autre".
4 ) TOUTES LES HÉRÉSIES PROFITENT D'UNE TERMINOLOGIE THÉOLOGIQUE ENCORE INSUFFISAMMENT PRÉCISÉE
Malheureusement, le problème se compliquait aussi par le fait d'une terminologie théologique encore "flottante", même dans la première moitié du Ve siècle, donc prêtant flanc à l'ambiguïté __ et les hérésies, par essence diaboliques, s'y sont engouffrées : d'abord le sabellianisme, puis l'arianisme, puis l'apollinarisme, puis le nestorianisme, puis le monophysisme, et plus tard le monothélisme. Ce sont les hérésies qui ont amené l'Eglise à s'armer théologiquement d'une terminologie technique qui, au fur et à mesure, ne permettait plus aucune ambiguïté dont pourrait profiter ceux qui attaquaient, d'un angle ou d'un autre, la Tradition et le Dépôt de la foi.
C'est parce qu'au IVe siècle on ne s'entendait pas encore clairement sur la portée du mot "Ousie" (substance) et du mot "Hypostase" (personne), les prenant pour synonymes ou non, qu'Arius a pu développer son hérésie.
C'est parce que, encore au temps de S. Cyrille d'Alexandrie, le mot "Physis" pouvait légitimement être équivalent du mot "Personne" et du mot "Hypostase", mais aussi du mot "Nature", qu'Eutychès eut le culot de se réclamer et de se couvrir, a posteriori, de l'autorité de S. Cyrille, lequel avait dit : "Mia Physis". Mais ill va de soi que S. Cyrille entendait par "Mia Physis" "une seule Hypostase", "une seule Personne du Christ" (ce qu'il n'a cessé catholiquement de développer dans ses oeuvres), et non pas "une seule nature" (sous-entendu la divine).
D'ailleurs, dans le Ve Anathématisme des Douze Anathématismes, que S. Cyrille a sommé Nestorius de signer, il est dit :" Si quelqu'un ose dire que le Christ est un homme théophore, et non pas Dieu en vérité (...) en tant le Verbe qui s'est fait chair, participant de la même façon que nous À NOTRE SANG ET À NOTRE CHAIR, qu'il soit anathème". Quelle plus éclatante manière d'affirmer la nature humaine du Christ, et de l'affirmer d'avance contre le monophysisme ?
5 ) LE CONCILE DE CHALCÉDOINE DÉMASQUE EUTYCHÈS ET CANONISE LA DOCTRINE CATHOLIQUE DE S. CYRILLE
Le Concile de Chalcédoine percera à jour en 451 la supercherie d'Eutychès jouant sur l'ambiguïté de la terminologie et déformant la théologie de S. Cyrille, mort 7 ans plus tôt et qui ne pouvait plus démasquer lui-même Eutychès. Il condamnera Eutychès et canonisera par acclamation, et dans sa Profession de foi, la théologie dogmatique de S. Cyrille.
6 ) SAINT LÉON Ier LE GRAND CLARIFIE DÉFINITIVEMENT LA TERMINOLOGIE TRINITAIRE ET CHRISTOLOGIQUE
En même temps, le grand mérite reviendra au Pape S. Léon Ier le Grand d'éclaircir définitivement les problèmes de terminologie théologique. Il le fait dans le fameux "Tome à Flavien" (le patriarche de Constantinople d'alors). Le Concile de Chalcédoine, après avoir écouté la lecture du Tome, se mit debout comme un seul homme et acclama sans fin le Pape au cri répété de : "Pierre vient de parler par la bouche de Léon."
- Sur le dogme trinitaire, S. Léon définit qu'il y a une seule Ousie (ou Substance) en trois Hypostases consubstantielles (Père, Fils, Saint Esprit). - Sur le dogme christologique, S. Léon définit qu'il y a une seule Hypostase, une seule Personne du Christ en deux natures parfaites et unies, l'humaine et la divine (Union hypostatique).
On ne peut, après 451, user d'une autre terminologie, ou y mettre d'autres sens.
Avant la mise au point de S. Léon, il était courant d'utiliser synonymement "Physis" et "Hypostasis", À CONDITION d'y entendre l'unique personne du Christ (comme le faisait S. Cyrille), et non pas d'y entendre une seule nature en lui, la divine au détriment de l'humaine (comme le faisait le monophysisme d'Eutychès).
7 ) NÉO-NESTORIANISME DE TOUTE UNE ÉCOLE MODERNE D'EXÉGÈSE ET D'HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE
Depuis le XVIIIe siècle et jusqu'aujourd'hui, existe une école moderne de critique historique et d'exégèse, néo-nestorienne inavouée, dont la malignité cherche à salir S. Cyrille d'Alexandrie dans le seul but de "réhabiliter" Nestorius (si c'était possible), en tâchant de faire endosser au Docteur catholique d'Alexandrie la paternité de l'hérésie d'Eutychès, doctrine déformante de la théologie traditionnelle d'Alexandrie, à l'opposé de celle de Nestorius, déformante de la théologie traditionnelle d'Antioche.
La méthode-clé de cette école néo-nestorienne ?
a - Faire l'impasse et faire silence sur le fait que la terminologie théologique était encore flottante du temps de S. Cyrille, et ce jusqu'à la veille du Concile de Chalcédoine.
b - Prétendre mensongèrement que, puisque S. Cyrille a dit "Mia Physis", il voulait entendre par là "une seule nature", et de se précipiter pour dire alors : "c'est la position monophysite".
Ceci est une supercherie et un révisionnisme historiques : toutes les oeuvres de S. Cyrille sont là, qui expliquent le sens catholique du "Mia Physis", entendu __ comme il était encore permis de l'entendre à son époque __ comme "l'unique Hypostase", l'unique Personne" du Christ, ce qui est tout de même le leitmotiv constant de S. Cyrille. Une Personne, en deux natures parfaites.
8 ) SAINT CYRILLE DOCTEUR DE l'ÉGLISE CATHOLIQUE
Comme je le disais succinctement hier, S. Cyrille d'Alexandrie fut proclamé Docteur de l'Eglise par le Pape Léon XIII, lui qui fit proclamer la Maternité divine de Marie par le Concile d'Ephèse et fit y mordre la poussière à l'hérésie de Nestorius.
Le simple fait qu'il est Docteur catholique, canonise toute son oeuvre comme oeuvre catholique et réduit à néant les menées obscures qui veulent calomnier sa sainteté.
Au reste, sur le site Introibo mentionné ici hier, il faut lire ce qu'écrit Dom Guéranger au sujet de S. Cyrille d'Alexandrie, au jour de sa fête. Dom Guéranger est au-dessus de tout soupçon d'accointance avec la moindre hérésie. Il dit pafaitement la gloire d'un Père, d'un Docteur et d'un saint catholique.
Ce que Benoît XVI enseigne également, au bas de la page concernée dans Introibo.
Je ne vois pas bien ce que vient faire ce long exposé dans un commentaire, même s'il est très bon.
Deux précisions:
Le fait qu'un père soit déclaré docteur de l'Eglise ne veut pas dire que toutes ses expressions soient d'une parfaite orthodoxie. (Un exemple facile est ce que disent saint Thomas d'Aquin, ou de façon beaucoup plus polémique, saint Bernard, contre l'Immaculée Conception.)
L'excellente notice de l'Année liturgique sur saint Cyrille d'Alexandrie, introduit au calendrier en 1882, n'est pas de dom Guéranger, mort en 1875.
- Présentez-nous donc des expressions de saint Cyrille qui ne sont pas d'une parfaite orthodoxie. Je les analyserai.
- Je n'ai pas dit que les docteurs et les Pères étaient infaillibles. Sur certaines questions, ils peuvent avoir leur opinion personnelle, que l'Eglise n'a pas officialisé et qui n'engage qu'eux. Ce n'est pas pour le gravissime et injustifié soupçon de monophysisme, chose tranchée officiellement par l'Eglise.
- Peu importe la date à laquelle Dom Guéranger a louangé S. Cyrille. Je me base sur son texte figurant dans Introibo.
- Dire que "le fils de l'Homme jouit au ciel de la vision béatifique" est une proposition mal sonnante, téméraire, captieuse, fausse, acatholique en sa formulation singulière, suspecte d'hérésie et favorisant l'hérésie. J'en ai donné une explication raisonnée.
"Ce n'est pas LE CAS pour le gravissime et injustifié soupçon de monophysisme, chose tranchée officiellement par l'Eglise."
L'expression évidente est μία φύσις τοῦ θεοῦ λόγου σεσαρκωμένη, qui est aujourd'hui irrecevable telle quelle, et dont les monophysites ont fait un argument essentiel (même si c'est à tort). - Contrairement à ce que vous affirmez, φύσις veut dire "nature" (dans tous les sens du mot en français), éventuellement substance chez Aristote, et espèce dans certains cas. Jamais "personne".
Pour dom Guéranger je note que selon vous il aurait écrit après sa mort. Ce n'est pas banal.
Vision béatifique. Je me limite à deux témoins, saint Thomas d'Aquin et Pie XII:
"Il convenait que, voulant conduire à la gloire un grand nombre de fils, celui pour qui et par qui sont toutes choses, rendît parfait par des souffrances le chef qui devait les guider vers leur salut." (Hébreux 2, 10) Et c'est pourquoi il fallait que sa connaissance bienheureuse qui consiste en la vision de Dieu, convienne souverainement au Christ homme, parce que la cause doit toujours être plus parfaite que son effet.
La divinité est unie à l'humanité du Christ selon la personne et non selon la nature, mais l'unité personnelle ne supprime pas la distinction des natures. Et c'est pourquoi l'âme du Christ, qui fait partie de sa nature humaine, a été, par une lumière participée de la nature divine, élevée à la science bienheureuse par laquelle Dieu est vu dans son essence.
Par l'union, cet homme qu'est le Christ est bienheureux de la béatitude incréée, tout aussi bien que, par l'union, il est Dieu. Mais en dehors de la béatitude incréée, il faut que la nature humaine du Christ possède une béatitude créée qui lui permette d'atteindre sa fin ultime.
Saint Thomas d’Aquin Somme III, 9, 2
La vision de l'essence divine convient à tous les bienheureux dans la mesure où ils participent de la lumière qui leur est communiquée par le Verbe de Dieu, selon cette parole de l'Ecclésiastique (1, 5 Vg) : "La source de la sagesse, c'est le Verbe de Dieu au plus haut des cieux." Or l'âme du Christ, unie au Verbe dans sa personne, est plus proche de lui qu'aucune autre créature. Elle reçoit donc plus parfaitement qu'une autre la communication de la lumière en laquelle Dieu est vu par le Verbe. Elle voit donc plus parfaitement que les autres créatures la vérité première, qui est l'essence de Dieu. C'est pourquoi S. Jean écrit (1, 14) : "Nous avons vu sa gloire, comme celle du Fils unique du Père plein " non seulement " de grâce", mais aussi " de vérité".
Saint Thomas d’Aquin III, Somme 10, 4
« Une telle connaissance toute aimante, dont le divin Sauveur nous a poursuivis dès le premier instant de son Incarnation, dépasse l’effort le plus ardent de tout esprit humain : par la vision bienheureuse dont il jouissait déjà, à peine conçu dans le sein de sa mère divine, il rend constamment et perpétuellement présents tous les membres de son Corps mystique, et il les embrasse de son amour rédempteur »
Pie XII Mystici corporis
1 ) SUR LA VISION BÉATIIFIQUE
Oui. A condition d'apporter un tel développement théologique, notamment celui de saint Thomas que vous citez (cependant pas la citation de "Mystici Corporis", je dirai ci-après pourquoi). Mais, encore une fois, l'affirmation ex abrupto __ comme ça, de but en blanc, hors de tout contexte idoine, que "le fils de l'Homme jouit de la vision béatifique", point, comme tout élu simplement méritant, et sous-entendu ni plus ni moins, cela demeure un raccourci plus que mal sonnant et téméraire, et une porte largement ouverte à la division et au cloisonnement dans la personne du Seigneur Jésus-Christ.
Davantage plus : dans la citation originelle que j'avais au début mise en cause, il eut fallu au moins parler d'une vision suréminente que possède l'âme du Christ, vision qualitativement spécifique, dans ce cas, comme le dit S. Thomas dans le 2e paragraphe que citez, et être toujours bien conscient du fait que "le Christ est bienheureux de la béatitude incréée, tout aussi bien que, par l'union, IL EST DIEU."
Quant à votre citation de Pie XII, elle n'est pas appropriée ici. Car le Pape ne parle pas d'une vision après l'Ascension (telle était la phrase originelle que j'avais mise en cause), mais il parle de la vision que le VERBE INCARNÉ ("dès le sein de sa mère") a eu et a sans cesse de l'indicible Vie trinitaire. Car il est "l'un de la Sainte Trinité". Et tout en pérégrinant parmi nous durant sa vie terrestre, le Verbe incarné n'a cessé, de toute manière, d'être dans la jouissance de la Vie trinitaire. Etant sur la croix un seul Seigneur, sur la terre comme au Ciel __ "Vous m'appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien" __, "il n'a cessé d'être auprès du Père", comme le dit S. Léon le Grand.
Ne pas apporter ces nuances, ne pas distinguer par des précisions adéquates cette vision spécifique et suréminente qu'à le Verbe fait chair au Ciel __ car il est au Ciel dans la chair __ d'avec la vision béatifique qu'ont les élus défunts après leur mort, est périlleux et demeure une porte ouverte à des imprudences en théologie christologique.
2 ) DOM GUÉRANGER ET SAINT CYRILLE
Vous ne saisissez toujours pas. Peu importe la date de sa vie où il a écrit cette louange de saint Cyrille __ AVANT sa mort... en 1875 (merci de la plate évidence...). Ce qui est admirable et méritoire, c'est que, de nombreuses années avant la proclamation du doctorat par Léon XIII, Dom Guéranger a parfaitement compris la grandeur du patriarche alexandrin et a composé cette louange de lui, précédant les intentions du Pape qui allait par la suite proclamer S. Cyrille Docteur. Est-ce difficile de comprendre cela ?...
Cela dit, la sainteté de S. Cyrille est immémoriale.
3 ) POUR LE "MIA PHYSIS" : ATTENTION AUX ANACHRONISMES ABERRANTS
Peu importe que "physis" ne signifie strictement aujourd'hui que "nature dans la langue française. Encore une fois, attention aux anachronismes : renseignez-vous sur la terminologie théologique du temps de S. Cyrille au Ve siècle : je l'ai déjà dit, le terme signifiait tout autant et égalemet "hypostase", "personne" pour les contemporains, selon différents contextes. C'est ainsi que Cyrille l'utilisait et l'entendait s'agissant de la personne du Christ. Il faut savoir l'INTENTION de l'auteur derrière le mot, intention développée __ en long et en large __ dans tous ses écrits christologiques.
Allez-vous accuser le Concile de Nicée d'hérésie pour avoir condamné, dans l'Anathématisme, "ceux qui disent que le Fils est d'une autre HYPOSTASE ou OUSIE" ("ex hétéras hypostaseos hé ousias"), semblant ainsi ne pas différencier, à cette époque (en 325), "hypostase" (chacune des Personnes distinctes) et "ousie (leur substance commune) ? Alors que nous savons que le Fils est parfaitement une autre hypostase que le Père... Comment le Concile peut-il condamner alors ceux qui disent que le Fils "est d'une autre hypostase" ? Le Concile de Nicée se serait tiré une balle dans le pied ?
Eh bien, à son époque : non. Les deux termes pouvaient encore être synonymes. C'est seulement depuis la seconde moitié du Ve siècle, notamment depuis S. Léon le Grand, que la différenciation de sens de ces deux termes s'est définitivement opérée. Aujourd'hui, oui : malheur à ceux qui ne distingueraient pas "hypostase" de "ousie". Mais au temps du Concile de Nicée, non. En parfaite orthodoxie, le Concile avait présenté comme synonymes les deux termes ; la terminolgie théologique techique s'affinant et se précisant progressivement, cette synonymie deviendra impossible après le Ve siècle.
Or l'Eglise est suffisamment intelligente pour comprendre que les Pères de Nicée, par le mot "hypostase", visait strictement le même sens que "ousie" (substance) et non pas la disctinction des Personnes. Ce n'est que depuis S. Léon le Grand que le mot "hypostase", en Orient comme en Occident, sera strictement réservé pour la distinction des trois Personnes et plus jamais pour désigner leur substance unique (ousie).
De même pour le temps de saint Cyrille, mort avant le Concile de Chalcédoine : jusque là, en Orient, "physis" et "hypostasis" avaient été longtemps indifféremment utilisés, tantôt pour signifier "nature" et tantôt pour signifier "personne", selon le contexte. C'est seulement après Chalcédoine et S. Léon que "physis" prit définitivement le sens exclusif de "nature". Pas avant.
Une fois qu'on est informé de cela, il faut donc éviter les anachronismes, qui deviennent alors soit de l'ignorance "crasse et supine" en la matière, soit de la mauvaise foi ; mauvaise foi à laquelle ont aussitôt recouru les nestoriens qui ressassaient leur ressentiment d'avoir vu la foi catholique triompher au Concile oecuménique d'Ephèse par S. Cyrille, agissant sur mandat formel du Pape Célestin Ier, et mauvaise foi à laquelle recourent encore et toujours les néo-nestoriens.
Si l'on ne veut pas comprendre cette question de terminologie concernant "physis", il faudra aussi accuser le Concile de Nicée de sabellianisme pour avoir apparemment nié que le Fils est d'une autre hypostase que le Père, puisqu'il a formellement condamné ceux qui disent "que le Fils est d'une autre hypostase". Or, a sens postérieur et définitif du terme, oui : le Fils est une hypostase distincte du Père.
Vous m'avez vous-même dit, monsieur, que vous n'étiez pas théologien. Soit. J'en ai pris acte. Mais je vois que vous n'êtes pas non plus historien du dogme, puisque vous semblez ne pas comprendre encore l'importance du problème, pourtant classique, de la terminologie théologique, qui était pas encore unifiée et codifiée aux époques dont il s'agit.
Permettez-moi de vous suggérer à cet égard la lecture attentive :
- Pour la connaissance de la terminologie théologique du Concile de Nicée, sur le problème "hypostasis / ousia", le titre suivant :
Père Éphrem BOULARAND, S.J. : "L'hérésie d'Arius et la Foi de Nicée", 2 tomes, aux éditions Letouzey, 1972.
- Pour la connaissance de la terminologie du corpus cyrillien (notamment de la 2e Lettre de S. Cyrille à Nestorius canonisée par les Conciles oecuméniques d'Ephèse puis de Chalcédoine), le titre suivant :
Père Pierre-Thomas CAMELOT, O.P. : "Les Concile d'Éphèse et de Chalcédoine, 431 et 451", aux éditions de l'Orante, 1962.
Pour ma part, je clos cette discussion.