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  • A al-Qaryatayn, Syrie

    Plutôt que de répercuter à mon tour les « informations » que l’on trouve partout, du Syrien de Londres qui se fait appeler « Observatoire syrien des droits de l’homme » (même s’il a souvent de véritables informations), voici une traduction de la lettre envoyée hier par l’évêque syriaque orthodoxe de Homs et Hama sur la situation à al-Qaryatayn et dans la région (qui est un désert avec des oasis) :

     

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    photo.jpgChers sœurs et frères de l’Eglise et des organisations humanitaires,

    Salut et paix au nom de Jésus-Christ.

    Le 22 mai 2015 le père Jacques Mourad, le prêtre de l’église Saint-Elie d’al-Qaryatayn, était kidnappé, et après cet incident des familles chrétiennes vivant là ont pris peur et ont commencé à partir pour aller vivre dans des secteurs plus sûrs comme Fairouzah, Zaidal, Saddad, et Homs.

    Le 4 août 2015 l’Etat islamique a attaqué le village d’al-Qaryatayn et en a pris le contrôle après avoir tué des membres de l’Armée arabe syrienne. L’Etat islamique a également tenu captives toutes les familles et a commencé des négociations pour en libérer certaines. Quelque 200 familles ont été relâchées, et 100 autres sont toujours détenues dans les maisons des groupes terroristes. Nous avons reçu ces familles déplacées au siège de notre archidiocèse et leur avons fourni les biens de première nécessité parce qu’elles étaient parties de chez elles sans rien prendre avec elles, ni vêtements ni biens personnels. Ainsi nous nous occupons de leur fournir des vêtements, un logement, et des médicaments.

    Au même moment une attaque a été lancée sur le village de Hawarin qui se trouve à peu près à 10 km de la ville de Saddad, ce qui a conduit de nombreuses familles à s’enfuir devant le danger, et environ 2.000 personnes sont allées à Saddad, et les prêtres les ont reçues et les conseils ont commencé à leur ouvrir des églises et des salles pour qu’elles y dorment, afin de leur fournir de la nourriture et des soins médicaux et d’hygiène. Beaucoup de familles de Saddad ont pris peur et ont décidé de partir, surtout les femmes et les enfants, mais les hommes sont restés pour protéger les maisons. Tous ces événements sont un lourd fardeau financier pour nous car nous avons fourni le transport des familles, l’eau et la nourriture pour un grand nombre de familles d’al-Qaryatayn, et d’Harawin à Saddad, et d’al-Qaratayn et Saddad vers d’autres villages plus sûrs.

    Nous vous écrivons cette lettre pour vous informer à propos du besoin que nous avons de votre soutien à ces familles afin de leur fournir ce dont elles ont besoin, nous espérons que vous pourrez contacter des donateurs pour une aide financière ou matérielle afin que nous puissions :

    - Evacuer les gens de Saddad et al-Qaryatayn vers des zones sûres.

    - Payer les loyers d’environ 100 familles.

    - Fournir des médicaments.

    - Fournir de la nourriture et des paniers de produits d’hygiène.

    - Fournir du lait et des couches pour les bébés.

    - Fournir des traitements aux blessés.

    - Fournir une aide financière aux familles qui n’ont aucune ressource.

    Prenant en considération que le nombre estimé de gens déplacés de Saddad et al-Qaryatayn et d’environ 1500 familles.

    Merci beaucoup d’avance, et s’il vous plaît priez pour nous ici en Syrie.

    Homs, le 6 août 2015.

    Selwanos Boutros Alnemeh

    Métropolite de Homs et Hama pour l’Eglise syriaque orthodoxe

    *

    Voici une carte de la région de l’ouest de Homs, censée représenter la situation au 5 août, mais elle est malheureusement périmée car la veille l’Etat islamique avait pris al-Qaryatayn (en bas à gauche, avec la flèche qui montre l’offensive) et Hawarin (écrit Hawarini, non loin de là au nord-ouest, et un peu plus loin Saddad écrit Sadad).

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  • La Prime qui vaut trois millions

    La jeune femme qu’on voit à droite, Isabelle Prime, était une otage française au Yemen. Elle vient d’être libérée. Selon son interprète (l’autre jeune femme de la photo), la rançon versée par la France dépasse les trois millions de dollars.

  • “Incompréhensible” et “inacceptable”

    A l’occasion du premier anniversaire de l’exode des chrétiens de la plaine de Ninive chassés par l’Etat islamique, François fait parvenir une lettre à Mgr Maroun Lahham, évêque auxiliaire de Jérusalem des Latins et vicaire patriarcal pour la Jordanie, par l’intermédiaire de Mgr Nunzio Galantino, le secrétaire général de la Conférence épiscopale italienne, qui est à Amman du 6 au 9 août.

    Dans cette lettre, le pape dénonce des « persécutions atroces, inhumaines et inexplicables ».

    Inexplicables, vraiment ? Je suis sûr que Mgr Lahham lui donnerait l’explication, s’il la lui demandait…

    Mais il est certain qu’on ne peut pas trouver d’explication quand on écrit une lettre sur les persécutions des chrétiens au Proche Orient sans employer une seule fois un des mots suivants : islam, islamisme, jihad, jihadistes, ni même “Daech”… ou terrorisme !

    Les chrétiens sont « victimes du fanatisme et de l’intolérance ». De qui ? De quoi ? On ne sait pas.

    Donc c’est inexplicable.

    Vers la fin de la lettre, François dénonce dans cette mystérieuse persécution des chrétiens un « crime inacceptable ».

    Mais il ne précise pas ce qu’est un crime acceptable.

  • La tactique de l'omission

    L’allocution de François, lors de son audience générale de mercredi, a eu les faveurs des médias du monde entier : il soulignait que les « divorcés remariés » ne sont « pas excommuniés ».

    A lire le texte, on vérifie qu’il n’y a rien de nouveau, donc rien de médiatique, dans le propos du pape. Pourtant ce n’est pas sans raison que les médias s’en sont emparés, même s’ils n’ont pas su pourquoi ils le faisaient.

    Un avocat argentin, José Durand Mendioroz, a effectué l’analyse qui s’imposait. Elle a été publiée et résumée par Sandro Magister, et l’on trouve une traduction du résumé chez Benoît et moi.

    José Durand Mendioroz fait remarquer qu’il y a un paragraphe de l’allocution de François qui est presque mot pour mot un paragraphe de Familiaris consortio, de Jean-Paul II (n.84).

    La seule vraie différence est qu’au lieu de l’expression « pas séparés » (de l’Eglise) utilisée par Jean-Paul II, François dit : « pas excommuniés ». Il utilise un mot qui entretient la confusion entre le fait d’être exclu de la communion de l’Eglise et le fait d’être exclu de la communion eucharistique.

    D’autre part, François évite soigneusement toute allusion à la suite du texte de Jean-Paul II : au rappel que les « divorcés remariés » ne peuvent pas communier parce qu’ils ne peuvent pas recevoir l’absolution de leurs péchés. Il s’agissait des trois paragraphes suivants…

    J'ajoute que François, au lieu de cela, ose citer Benoît XVI comme si le pape émérite avait parlé comme lui, alors que dans le texte en question (qui est un rapide propos oral en réponse à une question), Benoit XVI rappelle lui aussi l'impossibilité de l'absolution et donc de la communion pour les « divorcés remariés ».

  • Saint Donat

    La fête de saint Donat a été supplantée par celle de saint Gaétan de Thienne. Elle n’est plus qu’une commémoraison.

    Saint Donat fut le deuxième évêque d’Arezzo. Il fut martyrisé sous Julien l’Apostat (qui avait été, dit-on, son condisciple), le 7 août 362. Les historiens modernes soulignent que les plus anciens documents lui donnent le titre de confesseur, et non de martyr. Mais son successeur Gélase fit construire un oratoire sur sa tombe (où sera ensuite construite la cathédrale d’Arezzo), or à cette époque seuls les martyrs étaient ainsi honorés.

    Peut-être l’a-t-on qualifié de confesseur pour tenter de le distinguer de « saint Donat martyr », patron de nombreuses paroisses italiennes. Car il y a eu un (au moins un) autre saint Donat avant lui, et les deux sont néanmoins mélangés, comme on le voit par exemple dans plusieurs notices wikipedia, qui nous disent que le corps de l’évêque d’Arezzo se trouve à Castiglione Messer Raimundo et qu’il y est porté en procession tous les cinq ans. Mais la vidéo de la procession de 2011 montre clairement, bien qu’elle ait lieu le 7 août, qu’il ne s’agit pas de saint Donat d’Arezzo : ce martyr est un jeune Romain, et non un évêque (et le site de la commune dit bien qu’il s’agit du corps d’un martyr de la catacombe de la Via Tiburtina). C’est aussi ce que l’on voit sur certaines images pieuses qui représentent l’évêque comme un jeune soldat romain...

    D’autre part les historiens modernes qualifient de légende le plus fameux miracle de saint Donat : un jour qu’il célébrait la messe, les païens firent irruption, et, dans la bagarre, le calice de verre tomba et se brisa en de nombreux morceaux. Saint Donat ramassa les morceaux et le calice se reforma aussitôt. Toutefois il manquait un morceau au fond. Or saint Donat fit communier les fidèles sans qu’une goutte du vin consacré ne tombe. Devant ce spectacle, 79 païens se convertirent. Ce fut le motif de la condamnation du saint.

    Les historiens actuels jugent qu’il s’agit d’une légende parce que le récit le plus connu est celui de la « Légende dorée ». Mais il y a beaucoup de choses vraies dans la Légende dorée (le nom étant à prendre dans son sens originel : ce qui doit être lu). Et surtout saint Grégoire le Grand, dans ses Dialogues, six siècles plus tôt, fait allusion à ce miracle comme à quelque chose que tout le monde connaît.

    Ci-dessous l’impressionnant maître autel de la cathédrale d’Arezzo, ou « arche de saint Donat », qui renferme le tombeau du saint.

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