L’allocution de François, lors de son audience générale de mercredi, a eu les faveurs des médias du monde entier : il soulignait que les « divorcés remariés » ne sont « pas excommuniés ».
A lire le texte, on vérifie qu’il n’y a rien de nouveau, donc rien de médiatique, dans le propos du pape. Pourtant ce n’est pas sans raison que les médias s’en sont emparés, même s’ils n’ont pas su pourquoi ils le faisaient.
Un avocat argentin, José Durand Mendioroz, a effectué l’analyse qui s’imposait. Elle a été publiée et résumée par Sandro Magister, et l’on trouve une traduction du résumé chez Benoît et moi.
José Durand Mendioroz fait remarquer qu’il y a un paragraphe de l’allocution de François qui est presque mot pour mot un paragraphe de Familiaris consortio, de Jean-Paul II (n.84).
La seule vraie différence est qu’au lieu de l’expression « pas séparés » (de l’Eglise) utilisée par Jean-Paul II, François dit : « pas excommuniés ». Il utilise un mot qui entretient la confusion entre le fait d’être exclu de la communion de l’Eglise et le fait d’être exclu de la communion eucharistique.
D’autre part, François évite soigneusement toute allusion à la suite du texte de Jean-Paul II : au rappel que les « divorcés remariés » ne peuvent pas communier parce qu’ils ne peuvent pas recevoir l’absolution de leurs péchés. Il s’agissait des trois paragraphes suivants…
J'ajoute que François, au lieu de cela, ose citer Benoît XVI comme si le pape émérite avait parlé comme lui, alors que dans le texte en question (qui est un rapide propos oral en réponse à une question), Benoit XVI rappelle lui aussi l'impossibilité de l'absolution et donc de la communion pour les « divorcés remariés ».
Commentaires
Lire le numéro 47 EVANGELII GAUDIUM
Il est flou Mais il sait ou il va.
47. L’Église est appelée à être toujours la maison ouverte du Père. Un des signes concrets de cette ouverture est d’avoir partout des églises avec les portes ouvertes. De sorte que, si quelqu’un veut suivre une motion de l’Esprit et s’approcher pour chercher Dieu, il ne rencontre pas la froideur d’une porte close. Mais il y a d’autres portes qui ne doivent pas non plus se fermer. Tous peuvent participer de quelque manière à la vie ecclésiale, tous peuvent faire partie de la communauté, et même les portes des sacrements ne devraient pas se fermer pour n’importe quelle raison. Ceci vaut surtout pour ce sacrement qui est “ la porte”, le Baptême. L’Eucharistie, même si elle constitue la plénitude de la vie sacramentelle, n’est pas un prix destiné aux parfaits, mais un généreux remède et un aliment pour les faibles.[51] Ces convictions ont aussi des conséquences pastorales que nous sommes appelés à considérer avec prudence et audace. Nous nous comportons fréquemment comme des contrôleurs de la grâce et non comme des facilitateurs. Mais l’Église n’est pas une douane, elle est la maison paternelle où il y a de la place pour chacun avec sa vie difficile.
48. Si l’Église entière assume ce dynamisme missionnaire, elle doit parvenir à tous, sans exception. Mais qui devrait-elle privilégier ? Quand quelqu’un lit l’Évangile, il trouve une orientation très claire : pas tant les amis et voisins riches, mais surtout les pauvres et les infirmes, ceux qui sont souvent méprisés et oubliés, « ceux qui n’ont pas de quoi te le rendre » (Lc 14, 14). Aucun doute ni aucune explication, qui affaiblissent ce message si clair, ne doivent subsister. Aujourd’hui et toujours, « les pauvres sont les destinataires privilégiés de l’Évangile »,[52] et l’évangélisation, adressée gratuitement à eux, est le signe du Royaume que Jésus est venu apporter. Il faut affirmer sans détour qu’il existe un lien inséparable entre notre foi et les pauvres. Ne les laissons jamais seuls.
49. Sortons, sortons pour offrir à tous la vie de Jésus-Christ. Je répète ici pour toute l’Église ce que j’ai dit de nombreuses fois aux prêtres et laïcs de Buenos Aires : je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités. Je ne veux pas une Église préoccupée d’être le centre et qui finit renfermée dans un enchevêtrement de fixations et de procédures. Si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie. Plus que la peur de se tromper j’espère que nous anime la peur de nous renfermer dans les structures qui nous donnent une fausse protection, dans les normes qui nous transforment en juges implacables, dans les habitudes où nous nous sentons tranquilles, alors que, dehors, il y a une multitude affamée, et Jésus qui nous répète sans arrêt : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Mc 6, 37).
Rebonsoir,
1. Le texte de Jean-Paul II, notamment du numéro 79 au numéro 84 de l'exhortation apostolique Familiaris consortio, est vraiment d'une très grande clarté et d'une très grande force. Merci beaucoup de nous renvoyer à ce document, insusceptible de donner lieu à une "herméneutique" "évangélique", comme on dit aujourd'hui...
2. Il y a une phrase assez importante : "L'Eglise, cependant, réaffirme sa discipline, fondée sur l'Ecriture Sainte" (selon laquelle elle ne peut admettre à la communion eucharistique les divorcés remariés.).
3. Sa discipline, cette discipline, est fondée sur l'Ecriture sainte, ce qui signifie qu'une modification de cette discipline qui serait fondée, elle aussi, en apparence, sur l'Ecriture sainte, pourrait faire entrer l'Eglise en contradiction avec l'Ecriture et en contradiction avec elle-même.
4. C'est une coincidence, mais dix ans après cette exhortation apostolique, nous avons eu droit à cette lettre apostolique :
http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/apost_letters/1994/documents/hf_jp-ii_apl_19940522_ordinatio-sacerdotalis.html
5. Le raisonnement utilisé par le même Pape Jean-Paul II, à propos de l'ordination sacerdotale exclusivement réservée aux hommes, est à peu près le même que dans Familiaris consortio, et prend appui, notamment voire surtout, sur l'Ecriture sainte.
6. Quand bien même l'objectif des "périphéristes" ne serait pas d'affaiblir, d'amoindrir, l'autorité de la référence de l'Eglise catholique à l'Ecriture sainte, je crois que leurs manoeuvres actuelles, et, a fortiori, leur victoire éventuelle, au Synode de l'automne 2015, ont déjà eu ou auront bientôt ce résultat là.
Bonne nuit et à bientôt.
A Z
ça n'a rien de sensationnel, ça s'appelle du jésuitisme; c'est vrai, les divorcés remariés ne sont pas excommuniés, ils sont simplement exclus des sacrements tant qu'ils ne régularisent pas leur situation; après, on compte sur la totale inculture de la quasi-totalité des journalistes et autres élites à la mode
Le sens d'excommunication :
(canon 2257 §1) : l'excommunié n'est pas exclu de l'Église catholique, mais de la communion in sacris (ou pleine communion), c'est-à-dire de la participation aux biens spirituels qui dépendent de la juridiction de l'Église. L'excommunié reste baptisé de l'Église catholique et revient dans la pleine communion dès l'absolution, ou levée de la peine, sans avoir à être reçu en elle.(à nouveau)
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