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L’« encyclique »

A la lecture de l’« encyclique », on peut d’abord croire à une blague. Comme on le voyait déjà avec l’extrait annonçant l’imminente apocalypse écologique par le réchauffement climatique, toute une partie du texte ressemble à un pastiche d’un texte du Club de Rome des années 60, remis au goût du jour façon GIEC. Sans doute cette partie est-elle écrite par le tout nouvel académicien pontifical Schellnhuber. Lequel se dit précisément toujours membre du Club de Rome (je ne savais pas que ça existait encore).

Puis il y a une partie qui est un pastiche, mais laborieux celui-là, des programmes des partis écolos. Ou plutôt des documents internes de ces partis, tendance intello. L’auteur de cette partie paraît beaucoup broder sur un livre de Romano Guardini de 1950, intitulé La fin des temps modernes. C’est long, ennuyeux, prétentieux et jargonnant. Exemple :

Le problème fondamental est autre, encore plus profond: la manière dont l’humanité a, de fait, assumé la technologie et son développement avec un paradigme homogène et unidimensionnel. Une conception du sujet y est mise en relief qui, progressivement, dans le processus logique et rationnel, embrasse et ainsi possède l’objet qui se trouve à l’extérieur. Ce sujet se déploie dans l’élaboration de la méthode scientifique avec son expérimentation, qui est déjà explicitement une technique de possession, de domination et de transformation.

Ces deux pastiches sont saupoudrés de façon aléatoire et parcimonieuse de références plus ou moins chrétiennes. Le tout se poursuit par une leçon de morale au ras des pâquerettes : ne cuisinez pas plus que ce vous pouvez manger, éteignez la lumière, évitez le plastique, utilisez les transports publics, etc. Avec une perle : « Si une personne a l’habitude de se couvrir un peu au lieu d’allumer le chauffage, alors que sa situation économique lui permettrait de consommer et de dépenser plus, cela suppose qu’elle a intégré des convictions et des sentiments favorables à la préservation de l’environnement. » L’auteur n’imagine même pas qu’on puisse se chauffer par des énergies renouvelables, ou qu’on puisse avoir des pulls anti-écologiques, fabriqués à l’autre bout de la planète par des « exclus » exploités… Enfin viennent quelques vraies considérations chrétiennes, d’un style tout différent. Donc ce ne doit pas être un canular. On est censé croire que c’est une vraie encyclique.

Il en ressort que l’homme des pays riches est responsable du réchauffement climatique qui fait peser une menace imminente sur la planète, car « les prévisions catastrophistes ne peuvent plus être considérées avec mépris ni ironie (…) Le rythme de consommation, de gaspillage et de détérioration de l’environnement a dépassé les possibilités de la planète ». Dépassé, comme le coma du même nom.

On peut peut-être encore s’en sortir, mais il faut tout changer. Il faut une « conversion écologique ». Au point que « l’heure est venue d’accepter une certaine décroissance dans quelques parties du monde, mettant à disposition des ressources pour une saine croissance en d’autres parties ». Ce qui ne veut rien dire, sinon que la décroissance provoquerait un chômage de masse… On ne voit pas en quoi cette récession et ce chômage profiteraient aux pauvres, mais peu importe, l’essentiel est de placer les mots « pauvres », « faibles », « exclus », aussi souvent que possible. Car « les exclus (…) sont la majeure partie de la planète, des milliers de millions de personnes ». Et beaucoup d’entre eux sont déjà chassés de leurs pays à cause des conséquences du réchauffement climatique, dans une scandaleuse indifférence des riches…

Le pire n’est pas dans cette logorrhée mondaine ressassant la bien-pensance pseudo-scientifique et politico-médiatique tiers-mondiste écolo. Tout cela sera oublié dans quelques mois.

Le pire est que, pour la première fois dans un document censé être du magistère, apparaît un hommage à Teilhard de Chardin, à « l’apport de P. Teilhard de Chardin » : « L’aboutissement de la marche de l’univers se trouve dans la plénitude de Dieu, qui a été atteinte par le Christ ressuscité, axe de la maturation universelle. » Allusion au fameux point oméga vers lequel converge toute l’humanité, toute la création, sans qu’il y ait besoin de rédemption.

La référence à Teilhard de Chardin (qui est il est vrai en bonne compagnie avec les idéologues du réchauffement climatique, puisqu’il était lui-même un imposteur sur le plan scientifique) implique bien entendu que le pape, dans un document du magistère, parle de l’évolutionnisme comme s’il s’agissait d’une évidence, d’une vérité établie, d’un acquis indiscutable, qu’il n’est même pas besoin de définir, ni même de présenter (voir le paragraphe 81).

Cela est vraiment grave. Comme est grave aussi, sur un autre plan, la référence à un soufi comme à un « maître spirituel » (sans autre qualificatif), pour faire croire qu’il y a un islam mystique et parfaitement franciscain…

Commentaires

  • L'utilisation de Teilhard est à comprendre à la lumière des paragraphes 99 et 100 de l'encyclique. On est loin de vouloir nier la Rédemption comme vous l'écrivez.

    Quant au soufi, c'est certes regretable, d'autant qu'on trouve des pensées équivalentes chez St François et St Bonaventure, sans la partie "initiés" !

    Mais cette encyclique n'a quasiment aucune portée théologique de sorte que le Magistère n'en sort pas affaibli puisqu'elle ne fait quasi pas partie.

    Cordialement

  • @ Meneau
    Vous pourriez avoir raison formellement.
    Mais matériellement le mal est fait.
    Un pape a engagé l'autorité magistérielle dans un document dont la valeur est tenue pour être la plus grande, à savoir une encyclique, sur un sujet qui ne la concerne pas au premier chef à savoir la philosophie de la nature, et qui n'est pour ceux qui en sont les véritables spécialistes rien d'autre qu'une hypothèse, à savoir l'attribution du réchauffement climatique s'il était prouvé aux activités humaines.
    Ce pape est un mystère d'iniquité.
    La renonciation de Benoît XVI m'est encore plus incompréhensible et douloureuse après coup que sur le coup, confronté désormais à toutes les frasques bergogliennes.
    Espère en Dieu et prends courage dit le psalmiste.
    Dans l'ignorance de la volonté divine et lors de l'épreuve c'est difficile.

  • Pope Pius XII called the writings of Pierre Teilhard de Chardin “a cesspool of errors.” The Church’s condemnation of his writings remains in force.

    http://msgrfoy.com/2014/01/03/teilhard-de-chardin-arch-heretic-by-monsignor-vincent-foy/

  • Je pense que pour sauver le pape vous faites semblant de ne pas comprendre ce que j'ai écrit. C'est évidemment Teilhard qui nie la rédemption. Autant citer Darwin et Marx.

  • Si je je mets pas le chauffage par pingrerie, j'ai tout bon ???

  • Ben ça dépend. Tout est lié. Donc si vous ne mettez pas de chauffage, mais que cela oblige votre voisin du dessus et votre voisin du dessous à en mettre deux fois plus, vous avez tout faux. Il faut penser glo-bal !

    Cordialement

  • Tout cela est bien triste...Que ne fait-on pas pour s'attirer les faveurs du "monde" ? Un monde qui de toute façon vous méprise au mieux, vous hait au pire...

  • c'est l'œuvre d'un antipape écolo-bolchévique acharné à détruire la Sainte Eglise

  • Sur Romano Guardini.
    Je me garderai de porter un jugement sur l'ensemble de son oeuvre que je ne connais pas bien, ni sur l'ouvrage incriminé ici que je ne connais pas du tout.
    Que la remarque formulée par notre excellent hôte n'enlève pas à ses lecteurs le désir de le lire, au moins L'esprit de la liturgie, qui me semble bien plus essentiel que celui de Benoit XVI. En résumé, la liturgie terrestre est pour les hommes le lieu d'apprentissage et de préparation à la liturgie célestes, comme les enfants par leurs jeux se préparent à la vie d'adultes.

  • "L'esprit de la liturgie, qui me semble bien plus essentiel que celui de Benoit XVI"

    Pouvez-vous en dire plus, Luc ? Merci.

    Pour le reste, c'est bien plus facile de rédiger une encyclique sur l'écologie que sur la théologie... N'est pas Benoît XVI qui veut.. Mais, évidemment, beaucoup de ceux qui n'auront pas lu les encycliques de ce dernier trouveront probablement celle de François meilleure (sans la lire)...

    Et si le thème a été choisi parce que facile, je crains que ce ne soit aussi pour plaire au plus grand nombre.

  • Sur L'esprit de la liturgie.
    Benoît XVI a écrit son propre ouvrage en hommage à celui de Guardini, son compatriote malgré son nom et un de ses maîtres en théologie (via la lecture). Aussi pour comprendre l'acte faut-il se pencher sur ce qui est honoré. L'ouvrage de Benoît XVI est plus circonstancié que celui de Guardini qui s'attache seulement à découvrir l'essence de la liturgie, ce qui le rend de facto plus pérenne. Et s'il est plus circonstancié c'est bien sûr en raison de la crise liturgique que l'Eglise connaît depuis le Concile Vatican II. Non que les rits, les formes et l'ars celebrandi ne soient pas importants. Mais le caractère contextualisé du livre lui enlève autant d'éternité. À mon avis, il faut les lire à la suite. Celui de Benoit XVI se trouve facilement. Celui de Guardini vient d'être réédité par une maison d'édition catholique ou se trouve sur le net.

  • "fabriqués à l’autre bout de la planète"

    Si vraiment les transports jouaient sur le réchauffement de la planète, on ferait tout pour que chaque pays consomme ce qu'il fabrique !

    C'est tout le contraire qui se passe ! On a donc là une fumisterie remarquable ! Le but : la taxe carbone qui permet comme le nom l'indique, de taxer ceux qui produisent, au bénéfice du secteur tertiaire ! Bref le milieu financier !

    En fait, le scientifiques ont plutôt peur que l'on aille vers un refroidissement !

  • "Club de Rome (je ne savais pas que ça existait encore)."
    Malheureusement cette saloperie mondialiste est toujours très active et sa première réunion a eu lieu à l'Academia dei Lincei à Rome en avril 1968. Son site:
    http://www.clubofrome.org/
    où vous trouverez la liste d'une centaine de membres dont le fameux Schellnhuber
    Voici les présidents:
    1969–1984 : Aurelio Pecceii
    1984–1990 : Alexander King
    1990–2000 : Ricardo Díez-Hochleitner
    2000-2015 : Prince Hassan bin Talal
    Inutile de dire que les véritables problèmes de pollution ne sont jamais dénoncés par cette engeance de manipulateurs.
    Le but de tout ce cirque mondialo-religieux, c'est de faire paniquer les populations pour qu'elles acceptent le gouvernement et la religion mondiale. Tout est prêt, tout est coordonné, tout est prévu (sauf l'intervention de Dieu)

  • " Les adeptes de la dépopulation sont à nouveau en mouvement, faisant pression pour l'élimination de six milliards de personnes sur la planète Terre afin de permettre à celle-ci d'atteindre sa
    «capacité de développement durable d'un milliard de personnes."
    Mais cette fois, l'ordre du jour du dépeuplement pourrait être codifié par le Vatican. Le Professeur John Schellnhuber a été choisi par le Vatican comme porte parole pour l'élaboration de l'encyclique papal sur le changement climatique. Il est le professeur qui avait précédemment déclaré que la planète est surpeuplée par au moins six milliards de personnes."

    http://fawkes-news.blogspot.fr/2015/06/le-specialiste-du-climat-du-vatican.html

    PS Trions mes frères. trions ...

  • Trions, prions, rions, crions. Notre époque est passionnante!

  • Comment un catholique peut dire qu'il y a trop de monde sur terre ????? Les hommes sont tous et chacun créé par Dieu lui - même et selon Sa volonté ( sauf ceux créés artificiellement par fiv/pma qui oblige Dieu a donner une âme ). DONC Dieu donnera tout ce qu'il faut à chacun laissant la liberté aux hommes d'en faire ce qu'il convient. Cette théorie est une insulte à Dieu au minimum et un péché contre l'Esperance.
    quant au climat, c'est aussi nier que Dieu en est le maître ! Certes l'homme peut un peu le boursculer mais toujours avec La volonté divine. Mais il faut dire que c'est l'homme le responsable , ainsi les avertissements du Ciel sur les catastrophes à venir ne peuvent être entendu.....

  • Bonsoir,

    J'ai trouvé seulement quatre occurrences du mot "nucléaire(s)", et pas une seule mise en cause approfondie, consistante, explicite, en un mot : significative, des dangers, limites, menaces, risques, inhérents à l'énergie nucléaire, même quand il n'y a ni accident, ni attentat, ni catastrophe naturelle :

    " 3. Il y a plus de cinquante ans, quand le monde vacillait au bord d’une crise nucléaire, le Pape saint Jean XXIII a écrit une Encyclique dans laquelle il ne se contentait pas de rejeter une guerre, mais a voulu transmettre une proposition de paix. "

    " 57. Il est prévisible que, face à l’épuisement de certaines ressources, se crée progressivement un scénario favorable à de nouvelles guerres, déguisées en revendications nobles. La guerre produit toujours de graves dommages à l’environnement comme à la richesse culturelle des populations, et les risques deviennent gigantesques quand on pense aux armes nucléaires ainsi qu’aux armes biologiques. "

    " 104. Mais nous ne pouvons pas ignorer que l’énergie nucléaire, la biotechnologie, l’informatique, la connaissance de notre propre ADN et d’autres capacités que nous avons acquises, nous donnent un terrible pouvoir. "

    " 184. Quand d’éventuels risques pour l’environnement, qui affectent le bien commun, présent et futur, apparaissent, cette situation exige que « les décisions soient fondées sur une confrontation entre les risques et les bénéfices envisageables pour tout choix alternatif possible ».[131] Cela vaut surtout si un projet peut entraîner un accroissement de l’utilisation des ressources naturelles, des émissions ou des rejets, de la production de déchets, ou une modification significative du paysage, de l’habitat des espèces protégées, ou d’un espace public. Certains projets qui ne sont pas suffisamment analysés peuvent affecter profondément la qualité de vie dans un milieu pour des raisons très diverses, comme une pollution acoustique non prévue, la réduction du champ visuel, la perte de valeurs culturelles, les effets de l’utilisation de l’énergie nucléaire. "

    Seulement quatre occurrences, quatre ans après Fukushima (2011), et près de trente ans après Tchernobyl (1986), alors que le Pape François consacre par ailleurs de très longs développements, de très nombreux paragraphes, à de très nombreux autres sujets certains d'entre eux étant beaucoup moins dramatiques, beaucoup moins préoccupants, cela me semble quelque peu inquiétant.

    Merci bien de me dire ce que vous en pensez.

    Bonne continuation et à bientôt.

    A Z

  • Tout à fait d'accord avec vous.

    (Pour l'anecdote, j'ai participé à la première manifestation contre une centrale nucléaire en France. C'était il y a longtemps...)

  • Rebonsoir,

    1. Cette lettre encyclique me fait penser à un discours général de Premier Ministre en début de législature, qui ne veut oublier aucune personne, aucun problème.

    2. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de conception directrice, mais je dis que les sujets traités sont trop nombreux pour que certains, parmi les plus marquants d'entre eux, soient abordés en profondeur.

    3. D'autres Papes, avant François, ont déjà rédigé des encycliques, notamment des encycliques sociales, qui étaient, par endroits, de cette manière là, mais on était peut-être en droit d'attendre et d'espérer un propos tout aussi argumenté, mais un peu moins éparpillé, compte tenu du thème de cette encyclique.

    4. L'impression qui s'impose à moi est que le Pape veut courir trop de lièvres à la fois, alors que les problèmes qu'il évoque, d'une manière rapide, et en surface, parfois dans un même paragraphe, ne sont pas toujours de même nature, ou du même ordre.

    5. Sur les questions qui sont situées au croisement de la conscience et de la science, de la culture et de la nature, de l'écologique et de l'économique, de l'humain et du technique, du matériel et du spirituel, du moral et du social, du politique et du religieux, de la puissance et de la sagesse, il est extrêmement difficile de ne pas "s'emmêler les pinceaux", et de procéder à une analyse systémique de dynamiques structurantes à la fois cohérente et pertinente, car ces dynamiques comportent des boucles de "péri-action" ou de "rétro-action".

    6. Ainsi, la technique peut être à la fois la meilleure et la pire des choses : elle peut à la fois rendre possible davantage de pollution qu'avant, et rendre possible davantage de lutte contre la pollution qu'avant ; il y a donc une voie étroite à emprunter, et je ne dis pas que c'est facile, mais je dis que c'est encore plus difficile, quand on veut parler de trop de choses, sans toujours les articuler, les délimiter, les équilibrer, les hiérarchiser, d'une manière précise et prudente.

    Je me demande si nous n'assistons pas à la fois à l'épuisement et à l'évolution d'un certain type de geste magistériel, le Pape faisant d'abord appel à des spécialistes, et s'adressant ensuite à tous, sans que l'on sache toujours dans quelle mesure les spécialistes sollicités peuvent faire évoluer le point de vue initial du Pape, ou peuvent faire prévaloir leur propre point de vue, au sein même de l'encyclique.

    Merci bien de me dire ce que vous en pensez.

    Bonne continuation et à bientôt.

    A Z

  • Je suis surtout sensible à votre dernier paragraphe. C'est déjà ce que l'on voyait dans une partie de Caritas in veritate, la partie la plus discutable...

    Mais si cela doit se pérenniser, ce ne seront plus des encycliques... et l'on n'aura plus besoin de les lire.

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