Je pense qu’il convient de signaler la rencontre au Vatican, hier, entre le roi Abdallah d’Arabie et le pape Benoît XVI, qualifiée, non sans raisons, d’historique, notamment dans les pays arabes, sans qu'on puisse dire précisément en quoi elle l'est ou peut l'être.
L’Arabie saoudite et le Vatican n’ont pas de relations diplomatiques. Mais le roi Abdallah a également rencontré le cardinal secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone et son secrétaire pour les relations avec les Etats, Mgr Mamberti. Et le Saint-Siège a publié un communiqué, ce qui est exceptionnel :
« La rencontre a donné l’opportunité de considérer les questions qui tiennent à cœur aux deux parties. En particulier, a été réitéré l’engagement en faveur du dialogue interculturel et interreligieux, visant à la cohabitation pacifique et fructueuse entre les hommes et les peuples, ainsi que l’importance de la collaboration entre chrétiens, musulmans et juifs, pour la promotion de la paix, de la justice et des valeurs spirituelles et morales, spécialement pour soutenir la famille ».
« Les autorités du Vatican ont exprimé leurs vœux pour la prospérité de tous les habitants du pays, et mention a été faite de la présence positive et industrieuse de chrétiens. »
« Enfin, il y a eu un échange de vues sur la situation au Proche Orient, et sur la nécessité de trouver une solution juste aux conflits qui affectent la région, spécialement celui entre Israéliens et Palestiniens. »
On remarque la mention du soutien à la famille, qui fait allusion aux conférences internationales où le Saint-Siège se retrouve avec les pays musulmans contre les tenants de la culture de mort.
On remarque aussi la mention de la présence positive et industrieuse de chrétiens en Arabie saoudite, avec cette formulation impersonnelle, « mention a été faite », ou « on a fait mention », qui implique que « les autorités du Vatican » en ont parlé, et que le roi d’Arabie a au moins écouté sans contester.
Cela est peut-être le plus « historique », dans la mesure où le royaume saoudien est tout entier considéré comme une mosquée, où il ne peut donc pas y avoir officiellement de chrétiens (c’est pourquoi ils n’ont strictement aucun droit).
Cela dit, on peut être perplexe devant le cadeau offert par le roi au pape : un grand glaive en or orné de pierres précieuses. Quand on connaît l’importance et la symbolique du glaive en islam, je ne peux m’empêcher de trouver que cela ressemble aux petits cercueils envoyés par la mafia...
Commentaires
"Cela dit, on peut être perplexe devant le cadeau offert par le roi au pape : un grand glaive en or orné de pierres précieuses. [...] je ne peux m’empêcher de trouver que cela ressemble aux petits cercueils envoyés par la mafia"
Précisément, êtes-vous bien sûr d'en connaître vraiment toute la symbolique? Je veut dire, suffisamment en pour conclure par cette réflexion négative?
Raph,
une simple piste : observez le drapeau de l'Arabie Saoudite...
Dans ce cas c'est plutôt un gage de bonne volonté. Un peu comme remettre symboliquement les clés de la ville à un hôte de marque.
Le glaive peut être instrument de suplice, comme la croix qui figure sur certains drapeaux (Suise, Danemarck), nous autres chrétiens avons pour emblême un instrument de suplice ! Les musulmans ont l'épée, nous avons la croix, à eux d'exercer la volence, à nous d'exalter la violence extrême subie par NSJC.Le Pape aurat donc dû offrir une simple croix au mahométan.Mais il devrait savoir aussi qu'on ne peut nullement négocier avec un mahométan.Le pape a-t-il lu le ""saint"" coran ?
[Tous les ans était organisée une réunion d’anciens élèves du cardinal Ratzinger, à laquelle celui-ci participait. En septembre 2005, la réunion se tint également, bien que le cardinal soit devenu pape, et elle se fit en présence du pape. Un jésuite professeur d’études islamiques avait été invité. Celui-ci se mit à expliquer que l’islam pouvait s’adapter à la modernité, entrer en convivialité avec les autres religions, à condition qu’il réinterprète le Coran et en adapte les principes. Le cardinal Ratzinger n’intervenait jamais dans ces conférences. Mais cette fois, il interrompit le conférencier pour dire que cela posait un problème de fond, car le Coran n’est pas la parole de Mahomet mais la parole de Dieu, pour l’éternité, et qu’il est donc irréformable. Cela a été raconté (plus en détail) par le P. Joseph Fessio, qui participait depuis 1977 à ces réunions. YD]