Communiqué de Bernard Antony
Que l’on fasse mémoire notamment du sort tragique des enfants juifs déportés pendant la guerre, quoi de plus compréhensible ? Mais c’est pourtant une grave erreur, car une injustice discriminatoire, que vient de commettre encore Nicolas Sarkozy en imposant à chaque petit enfant de France le souvenir exclusif de l’un d’eux. Cela ne risque-t-il pas d’aller à l’encontre du but recherché ? Il y a encore en effet en France un peuple vendéen qui se souvient qu’à l’appel de l’ignoble tarbais Bertrand Barrère pour l’extermination de la Vendée , des dizaines de milliers d’enfants furent selon les massacres brûlés vifs ou égorgés par les « colonnes infernales » de Turreau ou écrasés sous les pieds des chevaux de Westermann.
Pourquoi ne pas se souvenir d’un enfants des Lucs ? Il y a en France des milliers de réfugiés cambodgiens qui n’oublient pas que dans le génocide communiste des Khmers rouges périrent des centaines de milliers d’enfants. Il y a en France des immigrés venus des pays de l’Europe de l’Est où le communisme perpétra encore d’immenses exterminations. Pourquoi ne pas se souvenir d’un de ces petits enfants d’Ukraine mourant par centaines de milliers dans la famine organisée par les héros d’Aragon ?
Il y a en France des Arméniens, des Chaldéens rescapés des génocides perpétrés par les Turcs où une cruauté sans limite amenait des monstres à dépecer des enfants sur les genoux de leurs mères avant de les tourmenter indiciblement ! Pourquoi ne pas se souvenir d’un petit enfant de Smyrne ou de Trébizonde ? Il y a en France des Pieds-noirs, des Harkis qui se souviennent des enfants violés, torturés, égorgés dans l’horreur des massacres perpétrés par les tortionnaires d’un Bouteflika ! Pourquoi ne pas se souvenir d’un petit enfant massacré, musulman, chrétien ou juif, de la Mitidja , de l’Oranie ou du Constantinois ?
En n’inculquant d’une manière continue, comme monsieur Sarkozy continue à le faire, qu’une mémoire discriminatoire on ira à l’encontre du but recherché. Les victimes de toutes origines, de toutes entreprises exterminatrices et génocidaires ne sont-elles pas également dignes de mémoire ? Pourquoi susciter si évidemment le sentiment qu’il n’y aurait de compassion que pour la souffrance du peuple juif ? Comment ne pas comprendre que cette sélectivité dans l’indignation mémorielle entraînera la conclusion que l’on fait du racisme dans la mémoire ?
Chrétienté-Solidarité et le Cercle d’Amitié Française Juive et Chrétienne invitent donc monsieur le président de la République à ordonner à son ministre de l’Education Nationale à préparer un document où il sera fait mémoire de tous les grands génocides perpétrés par les idéologies, sans oublier celle de notre temps où l’on aura déchiqueté par dizaines de millions les enfants dans le sein de leur mère.