L’icône miraculeuse de Nicolas II a été portée en procession dimanche dernier à Penza (chef-lieu de la province russe du même nom) entre l’église de la Théophanie et la cathédrale du Christ Sauveur. C’était dans le cadre de l’exposition itinérante « La famille royale : amour et miséricorde », réalisée par le monastère Stretenski de Moscou.
L’histoire de cette icône, qui n’est qu’une reproduction de l’icône originale, est étonnante.
C’est une Russe émigrée aux Etats-Unis, Ija Schmitt, qui eut l’idée de faire peindre une icône de Nicolas II, qui n’était pas encore canonisé. Elle en parla à un iconographe lui-même Russe émigré, Paul Tikhomirov, qui acquiesça avec enthousiasme. Puisque c’était en 1996 ils décidèrent que le tsar serait représenté dans ses vêtements du couronnement, dont c’était le 100e anniversaire. Avec en dessous cette inscription : « Cette sainte icône est pour la canonisation du tsar martyr de Russie ».
Pour ce 100e anniversaire, Ija et son mari firent faire 44.000 copies de l’icône sur papier, vendues au profit des vieux et des orphelins russes nécessiteux, et des milliers d’autres, plus petites, distribuées gratuitement en Russie. Des demandes de grandes reproductions vinrent de Russie, de Biélorussie et d’Ukraine, et aussi de Serbie, et plus de 20.000 furent vendues en Russie.
Fin 1996, le frère d’Ija, qui est prêtre, se rendit à Riazan en Russie et donna plusieurs exemplaires de l’icône à l’aumônier de l’hospice des pauvres. Lequel en donna un, après l’avoir encadré, à un médecin, le Dr Oleg Beltchenko, le 16 mars 1998, jour anniversaire de l’abdication de Nicolas II. Le médecin rapporta l’icône chez lui à Moscou. Le 5 septembre il vit une tache rouge sur la paupière droite du tsar. Le lendemain sur la paupière gauche. Il appela le monastère Sretenski, et le moine lui dit d’apporter l’icône le lendemain matin. Le Dr Beltchenko assista à la divine liturgie, avec l’icône dans un sac. L’officiant l’ayant reconnu, il fit chanter un tropaire en l’honneur du tsar-martyr. Alors quelqu’un s’approcha du médecin et lui demanda ce qu’était ce parfum. Le médecin lui répondit que c’était sans doute l’encens, mais qu’il ne pouvait en dire plus parce qu’il avait un rhume… L’autre insista : « Le parfum vient de quelque part près de vous, et c’est bien plus raffiné que de l’encens. » Le médecin le rabroua, lui disant que c’était une honte de bavarder comme ça pendant l’office. Mais d’autres fidèles vinrent à leur tour, attirés par l’odeur, demandant ce qu’il avait dans son sac. « Rien, juste une icône. » « Montrez-la nous ! » Alors il sortit l’icône, et le parfum se répandit dans l’église. L’icône y fut exposée pendant trois semaines, puis le médecin la rapporta chez lui. Mais il y avait tellement de gens qui voulaient la voir qu’il la confia à une amie qui avait un grand appartement. Quand on lui demanda comment il pouvait se séparer d’un tel trésor il répondit : « Cette icône n’est pas à moi, elle appartient à tous les Russes. »
Le 1er novembre, l’icône fut apportée au monastère de Marthe et Marie à Moscou, fondé par la grande duchesse Elisabeth, belle-sœur du tsar et elle-même martyre. Le 1er novembre est le jour anniversaire d’Elisabeth et de l’accession de Nicolas II au trône. Pendant la divine liturgie, quatre vagues de parfum se répandirent dans l’église.
Nicolas II fut canonisé par décision du Synode de l’Eglise orthodoxe russe en août 2000. Il est manifeste que l’icône miraculeuse, et les milliers d’autres reproductions qui étaient vénérées dans le pays, influèrent sur la décision.
Puis le Dr Beltchenko fit don de son icône au président de la Mission orthodoxe pour la renaissance des valeurs spirituelles du peuple russe. Elle est particulièrement à l’honneur lors de la grande procession de Iekaterinbourg, le 17 juillet.