Le bureau de presse du Saint-Siège a annoncé que le pape avait relevé Mgr Fernández Torres de la charge pastorale de son diocèse. Sans donner la moindre raison.
Mgr Daniel Fernández Torres, 57 ans, était évêque d'Arecibo (Porto-Rico) depuis 2010.
Dans une déclaration publiée sur le site Web du diocèse, Mgr Fernández Torres déclare :
Je regrette profondément que dans l'Église où la miséricorde est tant prêchée, dans la pratique, certains manquent d'un minimum de sens de la justice. Aucune procédure n'a été engagée contre moi, je n'ai pas été formellement accusé de quoi que ce soit et simplement, un jour, le délégué apostolique m'a communiqué verbalement que Rome me demandait de démissionner. »
Un successeur des apôtres est maintenant remplacé sans même entreprendre ce qui serait une procédure canonique régulière pour destituer un curé.
On m'a informé que je n'avais commis aucun crime, mais que j'avais soi-disant « manqué d'obéissance au pape et n'avais pas été suffisamment en communion avec mes frères évêques de Porto Rico.
On m'a suggéré que si je démissionnais du diocèse, je resterais au service de l'Église au cas où, à un moment donné, on aurait besoin de moi à un autre poste ; une offre qui prouve en fait mon innocence.
Mgr Fernández Torres, me rappelle un lecteur que je remercie, avait fermement défendu l'objection de conscience contre les soi-disant vaccins COVID-19…
Commentaires
C'est dans quel article du droit canon que l'on peut virer un évêque?
401 §2
"§ 2. L'Évêque diocésain qui, pour une raison de santé ou pour toute autre cause grave, ne pourrait plus remplir convenablement son office, est instamment prié de présenter la renonciation à cet office. "
Ce qui est très vague et permet au dictateur actuel de virer qui il veut. Les curés sont mieux protégés contre les abus de pouvoir de leur évêque: can 1740-1752.
Pour répondre correctement à la question, il faut :
1. Distinguer les offices canoniques (ici, évêque diocésain, auxiliaire ou coadjuteur d'une part ; curé territorial ou personnel d'autre part) ;
2. Distinguer la figure de la renonciation de la figure de la révocation ;
3. Situer la figure de la renonciation dans le champ de la révocation, c'est à dire en cours de processus de révocation ;
4. Distinguer, sur le plan des motifs, la faute délibérée ou par négligence appelant une réponse administrative d'une part ; le délit très grave appelant une réponse pénale, d'autre part ;
5. Énoncer le droit pertinent, codiciel et extracodiciel.
Ainsi, pour un évêque diocésain (qui est un office) :
Le c.401-2 traite de la libre renonciation provoquée à l'office (l'évêque est instamment prié) ;
Le c. 193-2 traite de la révocation de l'office pour causes graves et selon le droit ;
Le MP "Comme une mère aimante" (sic) du 4 juin 2016 prévoit la révocation d'un évêque avec sa procédure aux conditions suivantes :
a) une faute très grave de l'évêque dans l'exercice de l'office, ou une faute simplement grave de négligence dans le traitement des abus sexuels
b) la mise en place d'une procédure administrative par le Dicastère compétent, avec monition, instruction, exercice des droits de la défense, éventuel complément d'instruction, décision finale présentée au Pontife romain pour approbation en forme spécifique, insusceptible de recours ou d'appel (c.333-3).
c) Dans le cadre de cette procédure, il est proposé à l'évêque de donner sa renonciation. S'il refuse (comme l'évêque de Porto Rico), la révocation suit son cours.
d) S'agissant des curés de paroisses, le droit distingue plus nettement la renonciation par le droit (c. 538-3) ou par le curé (c. 187ss.) d'avec la révocation qui suit une procédure très précise et "ad validitatem", pour ce qui est de la révocation elle-même (c.1740-1747) ou des recours administratifs particuliers (c. 1732-1739) qui sont tous suspensifs de plein droit jusqu'à la Signature.
d) A noter que le c. 1733 invite le curé recourant à se confier à un organisme de médiation prévu par le droit pour sortir de la voie contentieuse. Une solution mutuellement acceptée pourrait être la libre renonciation.
e) La révocation et la renonciation apportent des solutions différentes s'agissant de l'exercice d'un ministère futur. La renonciation ne ferme pas la porte. Mais sa validité résulte de ce que ni sa proposition ni son acceptation ne sont contraignantes.
Je ne connais pas ce dossier. Après le droit il y a les hommes, avec leurs imperfections et tentations. Il est donc utile, surtout pour un évêque, de connaître le droit et de pratiquer la vertu de prudence. Comme chacun sait, dans nos milieux ecclésiastiques, les réactions impulsives et les paniers de crabes peuvent se trouver à tous les étages. Quand on en est conscient, le pire n'est pas toujours sûr. On peut même éteindre intelligemment un litige sans que personne ne perde la face. À méditer d'urgence.
Merci pour cet éclairage pertinent, P. Christian.
S'agissant de Mgr Torres, il n'y a eu aucune procédure canonique, comme il le dit bien dans sa lettre. C'est de l'arbitraire bergoglien, comme on commence à en avoir l'habitude. Rappeler le droit canon ne sert plus à rien dans cette église où le droit est si facilement remplacé par le fait du prince. Ainsi, il vaut mieux pour un évêque être sodomite, voleur ou hérétique que d'aller contre sa majesté qui siège illégitimement sur le trône de Pierre.
Faute de réactions européennes, et surtout françaises, car on cultive le silence (qui vaut approbation) par chez nous, voici la lettre de soutien d'un évêque argentin :
Un bon évêque "miséricordié".
"Le progressisme imposé par le Saint-Siège avance sans relâche, sans se soucier de faire parmi ses victimes des hommes de Dieu, dont l'action conduit l'Église à s'épanouir. L'évêque d'Arecibo, à Porto Rico, Monseigneur Daniel Fernández Torres, a été démis de son diocèse pour avoir défendu l'objection de conscience à la ridicule "obligation morale" de vacciner, imposée par le Saint-Siège.
L'Église d'aujourd'hui ne se préoccupe ni de Dieu, ni de l’ordre du Christ d'évangéliser, mais uniquement d'imposer de "nouveaux paradigmes" et d'adhérer aux principes d'un Nouvel Ordre Mondial, étranger à la loi naturelle et à la révélation chrétienne. Le cas de Mgr Fernández Torres est un exemple clair de la manière dont l'Église s'éloigne de ce que devrait être sa mission. Peu importe que le diocèse d'Arecibo ait fleuri en vocations, et le plein exercice de ce que doit être la mission de l'Église. Un faux concept de "synodalité" oblige les bons évêques à se plier aux absurdités décidées par les conférences épiscopales, ou les groupuscules officialistes qui adhèrent aux nouvelles positions de Rome.
Il y a quelques années, j'ai été invité par l'évêque Daniel à prêcher les Exercices spirituels au clergé du diocèse. J'ai pu voir comment une Église particulière s'épanouit lorsque son évêque est un homme de Dieu, fidèle à la grande Tradition ecclésiale. Mais Rome ne s'intéresse pas à cela. Comme jamais auparavant, la centralité romaine est imposée au nom de l'"unité". Ces positions nous font aspirer à la liberté que les grands Papes soutenaient, appuyant l'épiscopat engagé dans la croissance de l'Église, et dans l'évangélisation de ceux qui étaient encore en dehors.
Par ces lignes, je souhaite assurer Mgr Fernandez Torres, à son vicaire général et au clergé de ce cher diocèse, de ma proximité spirituelle et de mes prières. Je prie également pour que cette mesure injuste et draconienne ne conduise pas à la destruction de tant d'initiatives véritablement catholiques qui y ont vu le jour et s'y sont développées. Que Dieu veuille que les autres évêques de Porto Rico se souviennent qu'il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes (Actes 5:29), même si ces hommes vivent au Vatican".
Héctor Aguer, Archevêque émérite de La Plata
Clair, précis, sans bavure.
Merci Louis pour la déclaration de l'archevêque émérite de La Plata en soutient à Mgr Fernández Torres.
Père Christian, maintenant que vous connaissez le dossier côté victime, qu'en pensez-vous? Vous pouvez toujours demander à Bergoglio son son de cloches, côté agresseur, mais vous pourrez attendre longtemps.
Celui qui a lu les Prophéties de Saint-Malachie comprendrons mieux, qui est sur le siège de Saint-Pierre à Rome aujourd'hui et toutes ses élucubrations. Je pense que la fin de cette religion est sur la bonne route du déclin, sauf si un grand sursaut.... des Hautes Sphères Vaticane réagissent.
Deux problèmes :
1. Sur le droit et la procédure :
Si la procédure du MP CMA n'a pas été respectée et si le Pontife romain a pris la décision sans aucune prise en compte de la procédure préalable par le Dicastère compétent, sa décision est valide (c.333-3). Mais un double problème se pose :
a) l'éventuel irrespect par le Pape de ses propres lois ecclésiastiques ( le MP CMA) ;
b) l'éventuel irrespect par le Pape des droits de la défense, qui relèvent du droit divin naturel et dont il n'est pas maître pour cette raison.
Une voie praticable est la "provocatio ad Sedem apostolicam" (adresse directe au Pape), que tout fidèle à le droit d'emprunter. Évidemment, la réponse, insusceptible de recours, dépend entièrement du Pape. Mais la démarche le renvoie publiquement à sa conscience et à sa propre pratique de la justice dans l'exercice de son ministère.
2. Sur le fond :
a) la légitimité de la vaccination obligatoire
D'un point de vue juridique, elle dépend du droit divin naturel, du droit séculier pertinent et pour l'Eglise, du renvoi du droit canonique au droit séculier (c.22). Sans développer, il m'apparaît que les critères de la CEDH et de sa jurisprudence sont intéressants, car ils se rapprochent épisodiquement du droit naturel. Tout n'est pas pourri, c'est mélangé et parfois on trouve d'excellentes remarques dans des observations dissidentes de juges de forte culture chrétienne (Pologne, Portugal, Italie, etc.). Enfin, il m'apparaît que la défense des droits de la conscience et de l'objection de conscience appartient tant au patrimoine catholique qu'au patrimoine juridique séculier ou canonique. Ne pas prendre en compte ce droit revient à consacrer un positivisme et un autoritarisme juridiques à l'opposé d'une conception correcte de la loi et du droit, exprimée notamment par Saint Thomas d'Aquin. Dans le problème qui nous occupe, la décision renvoie à des problèmes d'application des normes, mais aussi à un problème de compréhension de la nature des normes et du droit lui-même, objet de la justice. Pour ma part, je ne puis écarter un risque réel de dérive positiviste, autoritaire et arbitraire à tous les étages dans l'Eglise catholique, dans un suivisme à l'égard de nombreux pouvoirs publics. Je ne connais pas le dossier, mais je ne suis pas naïf et j'écoute la remarque de l'autre évêque avec grand intérêt.
D'un point de vue moral, il m'apparaît que l'emploi d'un moyen éprouvé et fiable pour satisfaire à une nécessité personnelle et sociale relève d'une obligation morale de prudence et de justice ouvrant à une obligation proprement juridique s'agissant des autres.
Enfin, sans traiter de tous les aspects, il m'apparaît qu'un moyen toujours en phase d'essais cliniques en vue d'une autorisation définitive garantissant l'innocuité et l'efficacité d'un médicament preventif ne saurait faire l'objet d'une obligation juridique même indirecte ni d'une obligation morale. V. aussi la jurisprudence prud'hommale récente, même si une décision ne fait loi qu'entre les parties. V. surtout la législation européenne contraignante sur la prohibition d'une obligation même indirecte en phase d'essais cliniques. Le drame en la matière est que l'État français a corrompu la notion même d'essais cliniques pour arriver à ses fins, en substituant des critères techniques aux critères juridiques, seuls pertinents en la matière qui nous occupe (v. l'excellent dossier d'un blog affilié à Mediapart renvoyant à des publications juridiques universitaires).
b) Le discours prescriptif de l'Eglise en matière vaccinale :
D'une manière générale, l'Eglise a mission de former la conscience, non de s'y substituer v. Si 15, 14. Sur un plan moral, l'Eglise, experte en humanité, enseigne légitimement sous condition de critères précis. Sur un plan juridique, elle renvoie à des règles et instances séculières proprement compétentes lorsque ces règles ne contreviennent pas au droit divin ni au droit canonique. C'est pour moi l'aspect le plus épineux et le plus critiquable de la question. Le droit étatique moderne, parce qu'il se contente de conduire les peuples l'épée dans les reins, foule aux pieds le droit divin naturel des personnes, de leur conscience, de leur sociabilité, empêchant même les personnes de satisfaire aux exigences du droit divin positif (la Messe).
Pour peu qu'on en fasse une lecture recherchant l'intelligence, le droit est une matière sévère mais prodigieuse. A aucun évêque, à aucune conférence d'évêques n'incombe la mission de l'effacer. Le droit de l'Eglise, société parfaite (Pie XII) et société sacramentelle à l'image du Verbe incarné (Vatican II et Paul VI) est consubstantiel à la dignité, à la liberté et à l'égalité fondamentale de tous les fidèles du Christ.
Une dernière note. Parce que je pratique l'italien, je ne puis m'empêcher de ressasser la fin du discours d'une honorable députée italienne répondant au projet gouvernemental d'obligation vaccinale : "un atto d'amore costretto e sotto ricatto è STUPRO" ( un acte d'amour obtenu sous contrainte et par chantage, ça s'appelle un viol).
Si on admet que le cas de Mgr. Torres est condamnable, ce que personnellement je ne crois pas du tout vu ce qui est rapporté, il faudrait alors condamner et destituer la presque totalité de l'épiscopat allemand qui, lui, est carrément hérétique et schismatique avec son " Chemin de Synodalité ".
C'est à cela qu'on voit que l'Église va à vau-l'eau avec Bergoglio-el-Demonio ( comme l'appelle fort justement Dauphin ) : c'est un surnom tout-à-fait mérité qui devrait passer à la postérité...