Cette affiche est apparue sur un panneau de la municipalité de Nantes. Elle a suscité un tollé et a été prestement enlevé. La mairie a parlé d’une « erreur interne »…
Mais on voit que la pression se fait de plus en plus insistante. A l’automne dernier une campagne conjointe de l’UE et du Conseil de l’Europe déclinait sur tous les tons le slogan « la liberté est dans le hijab » avec diverses femmes voilées. Face aux réactions, la campagne a été « retirée », nous assurait-on. Elle fut retirée de Twitter, mais maintenue sur les sites des institutions européennes…
La Commission européenne a lancé il y a quelques mois une « Conférence sur l’avenir de l’Europe », où les citoyens étaient censés donner leur avis. Sur chaque sujet un « panel » de 200 citoyens tirés au sort devait donner des recommandations. Personne n’en parle parce que bien sûr c’est un pitoyable leurre. S’il en était besoin on a une preuve avec le fait que les 2e et 4e propositions les plus approuvées ne figurent ni dans les propositions retenues ni même dans celles qui ont été prises en considération mais n’ont pas été retenues. La 2e, c’est « mettre un terme à toute immigration de pays non européens », la 4e : « expulsion rapide de l’UE en cas d’infraction grave, quiconque abuse des aides n’a pas le droit de rester ».
Voici ce que deviennent les soi-disant recommandations du panel : « La législation des États membres en matière de migration devrait être harmonisée au niveau européen et le pouvoir des institutions devrait être renforcé, avec des procédures plus efficaces pour la gestion des frontières, des arrivées et des systèmes d’accueil ». Autrement dit, toujours plus d’Europe, c’est aux institutions européennes de décider et non aux Etats membres…
Et voici l’un des « visuels » de la dite Conférence.
Commentaires
Votons bientôt pour démolir ces foutaises !
Idem aux législatives !
Le citoyen de base n'a rien d'autre à sa portée.
Phénomène connu et du à deux penetrations dans les agences et services de communication
- celle des gauchistes qui veulent utiliser les musulmans comme soldats de la Révolution
- celle des musulmans diplômes de sciences po et assimilés et qui transportent dans leurs entreprises leurs idees remplacistes.
Enfin n oublions pas que la gauche et les verts sont très perméables au discours communautariste
Ce post traite de deux questions : la politique migratoire et la manifestation de la conviction religieuse par voie vestimentaire dans l'espace public en France. Sur le premier point, je n'ai que des convictions générales, qui se réfèrent à la compétence propre des autorités publiques de l'État et à l'exercice de la vertu de prudence par ces autorités publiques. Je n'ai pas compétence pour apprécier où mettre le curseur. J'ai simplement à l'esprit Gaudium et Spes n. 36 qui traite de la consistance propre des réalités temporelles et de la compétence propre des autorités publiques. Ainsi, la voie de l'incantation de valeurs élevées se révèle-t-elle radicalement insuffisante pour évaluer et réaliser le bien public dans un contexte spatio-temporel donné. Pour le reste je ne demande qu'à m'instruire.
La question des signes extérieurs d'appartenance religieuse dans l'espace public en France est redoutable. Cinq éléments me semblent incontournables :
1. La valeur constitutionnelle et conventionnelle de la liberté de conscience et de culte en France et la prohibition de discrimination sur critères d'appartenance religieuse. V. Const. art.1 et loi de 1905 art.1 (qui a valeur constitutionnelle). V. Conv. EDH art.9. On rappellera que le droit de la conscience s'étend à ses manifestations collectives et publiques, ainsi qu'au droit de changer de religion ou de conviction.
2. Les nécessaires distinctions posées par le droit français : espace public/bâtiments publics ; agents du service public/usagers du service public ; sans compter la force contraignante des règlements intérieurs des entreprises privées, à la condition qu'ils existent. V. la jurisprudence "Babyloup".
3. L'ingérence de la République et de la loi dans le champ des mœurs sociales. Permettez-moi de dire que le port du voile islamique en France n'est pas du tout ma tasse de thé, surtout s'il s'agit de très jeunes fillettes. C'est hideux et choquant. Quelles que soient les motivations des personnes, ce sont bien des mœurs sociales résultant de l'appartenance musulmane. Or leur prohibition générale dans l'espace public français irait à l'encontre de notre droit et de ses principes. Tout l'ordre juridique du droit de la conscience s'en trouverait bouleversé. Et de ce fait, toute une pratique de la justice. Un positivisme autoritaire d'État viendrait effacer le caractère propre de la personne humaine et s'y substituer dans le champ de la conscience. Comme chacun sait, nous avons subi et subissons cela. Veut-on cela ? En droit positif, il arrive cependant que la loi apprécie les mœurs sociales pour évaluer le degré d'assimilation des personnes. C'est le cas du Code civil art.22-4 pour l'acquisition de la nationalité française. Le Conseil d'État a déjà rejeté une demande de naturalisation sur des critères autres que linguistiques, appréciant l'absence de liberté de la femme d'aller et venir, avec le fait qu'elle et ses jeunes fillettes étaient toutes voilées, etc. Ici, le port du voile islamique constituait un élément d'un contexte objectif ne permettant pas de constater un degré suffisant d'assimilation à la nation française pour accorder la naturalisation.
4. Le traitement abstrait des cultes par la loi de 1905 art.2, résultant d'un choix de neutralité par l'État et en conséquence, du renvoi des cultes au droit privé. l'État se trouve alors devant une double obligation, positive et négative : traiter tous les cultes indistinctement et donc abstraitement ; ne jamais s'ingérer dans leur contenu ni dans leurs pratiques, sauf impératifs d'ordre public. Eh bien, ça ne marche plus avec plusieurs cultes d'importance sociale significative. Dans ce cas se pose la question de la voie choisie par l'Italie en 1984, consistant pour l'État à contracter des "Accordi" (conventions) de droit public avec les cultes, ce qui permet à la fois de faire droit à l'expression de la conscience et de poser des limites mutuellement consenties. Ainsi, les questions françaises autour de l'expression musulmane mettent-elles en évidence l'obsolescence prévisible de la loi de 1905 et le bien fondé du régime de droit local d'Alsace-Moselle.
5. "Last but not least" revient le serpent de mer du droit de la liberté religieuse, avec la Déclaration DH de Vatican II, à laquelle j'adhère complètement et je l'espère, intelligemment. S'il existe une seule vérité plénière dans le Christ et une seule expression plénière de sa personne et de son action salvatrice dans l'Eglise catholique, il demeure que mon adhésion à cela passe par l'exercice inaliénable de ma liberté personnelle : une liberté informée et non contrainte par la grâce divine et l'agir instrumental et salvifique de l'Eglise catholique. Bien entendu, ma liberté trouve sa liberté dans l'adhésion elle-même à la Vérité plénière, sous l'influence de la grâce et de l'Eglise catholique.
Il existe cependant une approche séculière légitime et nécessaire de l'adhésion religieuse par les concepts de liberté de conscience et de culte. Cette approche se fonde en dernière instance sur la nature de la personne humaine et sur la loi naturelle que la puissance et la loi de l'État ne peuvent contourner mais proclamer et protéger au titre de la justice et du droit. Ici se situe la référence métajuridique - explicite ou implicite - au Dieu créateur dans la loi humaine. Une approche séculière de la religion se fonde aussi sur l'identité foncièrement séculière de la nation et de l'État au regard de l'Eglise catholique, société d'origine surnaturelle et pour cette raison, seule légitime et capable pour professer la vérité de la foi divine et révélée. La nation et l'État ne sont pas de constitution surnaturelle ; l'Eglise catholique, si. La nation et l'État ne sont pas l'Eglise catholique et réciproquement. C'est donc à travers la promotion de la loi naturelle et de la justice que la nation et l'État remplissent leur vocation divine et se rangent sous la royauté universelle du Christ-Roi. Si l'État est compétent pour garantir la liberté de conscience et de culte, hors nécessités d'ordre public (cf. le Temple solaire), il doit protéger toutes les consciences et tous les cultes en garantissant à tous la liberté de CHANGER de religion. Ici, nous parlons du droit de l'apostasie. D'un point de vue catholique et à l'intérieur de la foi catholique divinement révélée et reçue, c'est irrecevable et réprimé par la loi canonique (V. c.1364). D'un point de vue séculier, c'est à la fois vrai et nécessaire, parce que conforme à la nature de la personne humaine. Or, de ce point de vue, l'islam organisé ne peut reconnaître dans la société un droit de passer à une autre religion, surtout chrétienne, et s'évertue à vouloir faire reconnaître la notion de "diffamation des religions" en droit international. Il y a là une incapacité foncière de l'islam organisé à faire droit à la nature et à la conscience dans l'exercice de la loi naturelle. S'il convient de faire la distinction entre les personnes et les doctrines, ça pose un problème d'acceptabilité et d'assimilation sociale du fait musulman en espace français.
Parfois, je me dis que la confusion des ordres, naturel et divinement révélé, n'est pas l'apanage exclusif de l'islam organisé (qui n'a rien de divinement révélé). On trouve la même chose dans certaines franges de l'espace catholique. Mais bon, il faut rester fraternel et continuer les "discussions doctrinales", pour autant qu'on veuille les conduire sans anathèmes réciproques. Ça reste des discussions entre catholiques. De surcroît, faudrait interroger la cohérence pratique de ceux qui, tout en rejetant la Déclaration DH et une juste laïcité, adoptent les lois et procédures de la République pour défendre leur droit à bon droit. Mais bon...
Il y a quelques années, je recevais un homme musulman d'environ 40 ans. Il me disais qu'il en avait marre de l'islam et me demandait comment faire pour devenir catholique. J'ai commencé à lui parler de la Sainte Trinité en un seul Dieu. Après, je lui ai donné quelques indications pratiques. Et il savait que j'empruntais avec doigté le chemin de sa conscience, à la fois Temple de la liberté humaine et de Dieu qui vient.
Si vous pensez que l'Eglise catholique est "seule légitime et capable pour professer la vérité de la foi divine et révélée", je me demande comment vous pouvez adhérer complètement, et surtout intelligemment, à la déclaration Dignitatis Humanae de 1965.
Pardonnez-moi mais ce n'était pas le sujet. Le sujet c'était seulement de montrer que désormais pour les élites l'image normale de la femme nantaise, française, européenne, est celle de la femme qui porte le hijab. La norme est l'islam.
C'est-à-dire qu'une fausse religion qui n'a rien à faire dans le berceau historique de la chrétienté européenne est non seulement tolérée mais publiquement promue par ces mêmes autorités qui font des pieds et des mains pour déboulonner les statues de la Vierge Marie ou de saint Michel Archange.
Il me semble que c'est bien le sujet, que Dignitatis Humanae est aussi le sujet et qu'un "pape" ouvertement anticlérical est encore le sujet.
Bien sûr, si elle est ainsi encouragée, ce n'est pas parce qu'elle est séduisante ou parce qu'elle propose un modèle de société qui serait plus conforme à la laïcité républicaine, c'est parce qu'elle est fausse et parce qu'elle nie la divinité du Christ. C'est ce qui plaît aux gens qui font la loi chez nous et qui ne sont pas les musulmans.
Eh bien c'est tout le problème car je tiens ensemble la foi catholique et l'anthropologie naturelle. Et les deux ont le même Dieu pour fondement. Je vous remercie de votre question qui ne cesse d'être la mienne. Pour l'heure, le point de départ de ma réflexion est que je distingue sérieusement l'ordre naturel des hommes et l'ordre surnaturel de la foi révélée et de l'Eglise catholique. Cela ne fait de moi ni un schizophrène ni un relativiste. Dans les cercles qui carburent à la pancarte dans le dos des autres, ce n'est pas simple à faire admettre. Mais bon : courage et espérance.
Je regrette de ne pas savoir ce qu'est l'anthropologie naturelle pour me mettre à votre niveau. Je pense qu'il s'agit d'une pseudo-science inventée par Humbolt (qui fut éduqué selon les principes de Jean-Jacques Rousseau) et reprise par des auteurs comme Durkheim. C'est sans doute une de ces théories qui ont permis la floraison des sociologues, ces jean-foutre qui encombrent les universités depuis soixante ans avec pour tout bagage un baccalauréat obtenu en session de rattrapage.
Apprenez que si l'individu a été créé par Dieu, la famille l'a été aussi, de même que la société. Et il y a comme une échelle paradoxale des influences sur ce primate qu'est l'homme : il a peu d'idées comme individu ; beaucoup lui sont apportées par la famille ; mais l'influence la plus puissante, et la plus délétère dans le cas d'une fausse religion publiquement reconnue, lui vient de la société. Vous en voyez aujourd'hui les effets à grande échelle avec le bobard du covid et de son "vaccin" inventés par l'oligarchie.
On peut tromper bien des gens, et pendant très longtemps. C'est pourquoi l'erreur ne doit en aucun cas être mise sur le même plan que la vérité.
Désolé, la famille et toute autre société sont d'abord faites de personnes individuelles douées de sociabilité. C'est pour cette raison qu'elles sont humaines. On peut effectivement répéter des souverains poncifs sans un minimum syndical de connaissances préalables et, comme Monsieur Jourdain, faire du communisme sans le savoir. Quant à l'anthropologie naturelle et chrétienne, la seconde partie de la Somme de Saint Thomas en parle d'abondance. Vous connaissez ?
Je ne trouverai pas le mot "anthropologie" chez saint Thomas pour la raison que ce terme est apparu vers 1507 pour désigner un répertoire d'hommes célèbres et qu'il n'a pris son sens moderne (Etude scientifique de l'homme) qu'à la fin du XVIIIe siècle. Entre temps, à partir de 1690, il désigne la science qui étudie l'homme en tant que composé d'un corps et d'une âme.
C'est sans doute dans ce sens-là qu'il faut parler d'une anthropologie de saint Thomas, anthropologie qui tient assurément une place essentielle dans la Somme théologique et qui prend en compte la surnature de l'homme tout autant que sa nature.
Je ne fais pas du communisme sans le savoir : la notion de contrat social, telle que formulée par Hobbes, Spinoza ou Rousseau, est une aporie. Il faut lui préférer la conception d'Aristote, de Cicéron ou de saint Thomas, à savoir que l'exigence de faire société est consubstantielle à l'homme. L'homme est un animal social. Je vous donnais un exemple récent, mais j'aurais pu en trouver cent qui montrent que l'individu n'est pas un électron libre qui choisit d'adhérer ou non à des croyances socialement admises. Il en subit le poids et sa liberté de choisir le bien dans une société qui promeut le mal est extrêmement restreinte. C'est pourquoi le rôle d'une Institution divine qui tient la Vérité de son divin Fondateur est de tout faire pour assurer le règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ, de soutenir les gouvernements qui le promeuvent et de ne tolérer l'athéisme et les fausses croyances que dans la sphère privée.
Le "droit de conscience" étendu à ses "manifestations publiques" n'est pas soutenable, n'en déplaise à Vatican II.
Aucun Etat au monde ne peut tolérer l'obstruction des voies publiques par processions ou prières publiques, si cela met en péril la vie des citoyens.
Et le Djihad, l'assassinat des mécréants dans la rue font partie des manifestations publiques du "droit de conscience" des disciples de Mahomet...
Le thème est difficile et les objections sont bienvenues. Pour honorer la demande de recentrage sur le sujet exprimée par M. Daoudal, je pars d'un fait rapporté par son post, à savoir : les affiches. L'affiche nantaise est stupéfiante et symptomatique. Elle présente une femme voilée comme visage et expression des mœurs sociales DES femmes nantaises. On a ici une représentation, non de la diversité, mais de la totalité selon l'unicité, par la présentation d'un unique visage, celui d'une femme musulmane voilée. Cette escroquerie est à la fois violente et suggestive. Elle suggère exactement la substitution d'une population et de ses mœurs sociales à une autre dans l'espace public de cette population plus ancienne et native. Par le choc de l'image, elle consacre l'idée même de remplacement d'une population et de sa culture. Elle redéfinit la population d'un territoire donné et ses mœurs par l'étrangeté elle-même. Ainsi, l'appartenance à la nation se caractérise-t-elle par une négation de la nation et de sa culture, allant jusqu'à faire perdre tout sens à la notion même d'immigration. Cette image présente donc une immigration odieuse et la réalisation commencée d'une guerre civile qui ne dit pas son nom.
Dans ce contexte rendu pénible par des groupements d'un Islam organisé et rendu délicat par le fait social du nombre, les questions du droit et des fondements du droit de l'expression religieuse s'invitent forcément et doivent être mises à plat sur la table (Ex: peut-on ou doit-on interdire le port du voile dans tout l'espace public ?). Se posent à nouveaux frais des questions de limites à l'exercice de la liberté de religion ou de conviction suivant les textes français et européens en vigueur. Le fait est qu'ils existent, quelle que soit l'appréciation qu'on en a. Comme je l'ai dit, des groupements de catholiques très traditionalistes et opposées à la notion de droit à la liberté religieuse n'ont pas manqué d'aller à bon droit en justice sur la base de textes et d'idées qu'ils réprouvent foncièrement. Dans certaines circonstances, le poison le plus violent cesse curieusement d'être nocif. La thèse et l'hypothèse ont un avenir.
Sans trop développer un sujet fondamental mais annexe, je constate l'importance des circonstances dans le développement de la doctrine catholique. On peut le regretter, mais nos sociétés ne sont plus "chrétiennes" par leur population et leurs institutions politiques. Elles sont à la fois mélangées et fracturées. C'est dans ce contexte et nulle part ailleurs que se précise la réponse doctrinale de l'Eglise quant à l'exercice des droits et à la compétence propre des pouvoirs publics en matière religieuse. C'est aussi dans ce contexte que résonne à nouveaux frais l'urgence missionnaire de proposer la foi catholique aux musulmans. Sans plus développer, je maintiens, pour ce qui est du droit et de son exercice, la légitimité d'un glissement de considération de la vérité religieuse dans son ensemble à la vérité de la personne humaine qui adhère à la Vérité depuis sa constitution ontologique créée par Dieu et décrite par Saint Thomas dans le prologue de la 1a-2ae de la Somme. Je maintiens aussi le caractère intrinsèquement séculier de la nation et de l'État (sans jamais avoir adhéré à la théorie du contrat social). Comme société, seule l'Eglise catholique a grâce pour professer la vraie foi, la profession de foi étant un acte de provenance et de nature strictement surnaturelles. Lue attentivement, la DH de Vatican II (V. aussi le c.748.1.2 qui en est issu) permet 3 choses : ne pas se tromper d'époque ; nommer la personne humaine comme sujet propre de droit en matière religieuse dans la société séculière ; assurer la paix civile par la reconnaissance de l'égalité fondamentale des citoyens en dignité au sein d'un même espace civil et politique. Faire des citoyens de seconde zone pour motifs d'adhésion à une religion plus ou moins dépourvue de vérité au regard d'une catégorie de croyants, revient à installer une forme d'Islam politique au sein d'une société civile ou nationale. Parfois depuis sa juste exigence de rigueur doctrinale, un certain traditionalisme catholique mime voire clone cet Islam politique organisé, en référence au Christ Roi de l'univers. Pathétique et dangereux comme une affiche.
Je n'ai pas besoin de rouvrir saint Thomas pour vous démentir quand vous écrivez que, selon lui, "la personne humaine adhère à la Vérité depuis sa constitution ontologique créée par Dieu". Soit vous remplacez le "adhère" (connaît ? a le souvenir de ?), soit vous supprimez le "depuis" (au moment de ?).
Entre les deux, il y a la chute.
Pauvres traditionnalistes catholiques ! Ils sont en effet la vraie menace face à "l'islam organisé". Au lieu de se tourner vers les pouvoirs publics au nom d'une laïcité qu'ils réprouvent, ils devraient plutôt s'adresser aux collectivités territoriales, qui organiseraient aussitôt des campagnes d'affichage avec bonnes sœurs en cornette et marcheurs pour la vie récitant le chapelet. C'est sûr ! Aucun doute là-dessus ! Il y a vraiment des esprits négatifs, dans ce monde de Bisounours !
Vous devriez écrire à Macron...
Ben si. Je ne sais si vous avez besoin de rouvrir Saint Thomas ou plus probablement de l'ouvrir. Il suffit de partir de l'acte de foi, lequel engage ensemble les facultés humaines d'intelligence et de volonté en raison de la non évidence immédiate ou médiate de l'objet de la foi divinement révélée. Il faut ensuite remonter à l'existence de ces facultés proprement humaines, qui découle de la constitution ontologique de la personne créée à l'image de Dieu. Tout ceci constitue un présupposé ontologique du libre arbitre et de son exercice, et un ancrage pour la nouvelle création par la grâce qui devient la loi intérieure de la poursuite du bien adéquat, du choix libre et de la possession ou vision de l'essence divine en laquelle se trouve la fin ultime de l'être humain. Autrement dit, la liberté informée et guérie du péché par la grâce est le moteur et le moyen du développement de la personne par ses actes humains et en conséquence, par des vertus acquises. Pour la constitution ontologique de l'homme à l'origine de ses facultés et de son libre arbitre, v. 1a-2ae, prol. ; pour la spécificité de l'acte de foi, v. 2-2ae, 2, 1 ; pour la grâce du Saint-Esprit déposée dans le cœur des fidèles comme contenu propre et principal de la loi nouvelle, v. 1a-2ae, 106, 1.
Bien entendu en cette vie, le libre arbitre, jouant son rôle dans une délibération de la conscience, peut se tourner vers un bien inadéquat, par erreur ou par perversité. S'agissant maintenant des rapports interpersonnels de la personne, il n'existe pas de droit à l'erreur ou à la perversité face au Dieu créateur et sauveur, lequel appartient à la société des hommes comme le fondement de leur nature et de sa reconstitution par la grâce. Il existe cependant un droit de la personne face à Dieu dans le cadre des actes méritoires, parce que Dieu l'a voulu en raison de la création unie au salut d'une personne ontologiquement capable de se déterminer et de coopérer.
Dans ses rapports interpersonnels dans la société civile et politique, laquelle résulte uniquement de la nature sociale de la personne et non de sa justification par la grâce, la personne tournée vers un choix erroné voire pervers en matière de foi et de morale ne perd pas de ce fait l'exercice de son droit à la liberté. Au fond, ce n'est pas l'erreur ou la vérité qui sont sujets de droit, mais la personne elle-même et elle seule. Cependant, une limite à l'exercice de la liberté peut et doit être posée lorsqu'un ordre public juste et de ce fait un bien commun essentiel, est mis en danger. Cette optique de la Déclaration DH, vous la contestez avec vos raisons que je comprends ; je l'adopte pleinement avec les miennes. Ceci ne m'empêche pas, bien au contraire, de poser la question d'une forte restriction voire d'une prohibition de formes d'Islam organisé en France. Cependant, avec Benoît XVI (qui à ma connaissance n'est ni un catholique approximatif ni un relativiste), je maintiens l'affirmation d'un droit civil et politique à la liberté de conscience et de culte qui constitue un vrai droit naturel de la personne et non un droit de la vérité ou de l'erreur, cette dernière perspective révélant une compréhension obsolète et inadéquate du droit.
Mon insistance sur l'ontologie de la personne et de sa liberté fonde d'abord en raison la légitimité et la nécessité d'une proposition missionnaire de la foi catholique, c'est à dire de l'unique Vérité religieuse plénière, aux musulmans. Elle fonde tout à la fois leur droit d'être personnellement et socialement ce qu'ils sont et le droit d'autrui, en particulier de l'État, de s'ingérer légitimement dans l'exercice de leur liberté, s'agissant de pressions sur des personnes, sur une culture nationale, sur la paix civile en France. Et là, ça n'est pas joué. Il resterait à rechercher un pont éventuel entre la théorie de Pie XII sur la tolérance religieuse établie en droit (Discours de 1953) et les affirmations de DH. J'apprécie fortement Pie XII, mais je ferai ça plus tard.
Pour répondre à votre saillie terminale, je pense que mon insistance sur l'ontologie de la personne et de sa liberté fonde définitivement mon aversion pour la politique gouvernementale de M. Macron. Pour faire court, je pense que cette action politique poursuit objectivement une déconstruction anthropologique radicale, un piétinement de la nature créée des personnes. Elle constitue aussi et ce ce fait une aversion envers notre tradition culturelle et finalement envers le Créateur lui-même. Elle s'en prend à la réponse libre des personnes à l'art médical humain, à l'égard d'une injection forcée de produits pour l'heure en phase d'essais cliniques. Elle s'en prend à la vie humaine corporelle par la pratique légale et massive d'avortements de plus en plus tardifs, dans le cadre d'une définition légale de la personne accordée à cette pratique. Elle s'en prend à la culture et aux mœurs françaises par l'installation d'un multiculturalisme irréaliste et finalement d'un monoculturalisme de substitution, avoué par voie d'affichage. Quand on s'en prend autant à l'homme et à la culture nationale, on va prendre de longues vacances aux îles Kerguelen, avec passe vaccinal sans limite de temps et port du masque perpétuel en extérieur. On n'a pas l'incongruité ni l'insolence publique de se présenter à une élection.
Vous faites à présent de la grâce sanctifiante une condition de l'adhésion de la personne humaine à la vérité. C'est ce que vous aviez oublié précédemment, mais je vous félicite de rectifier. Il n'était d'ailleurs pas nécessaire pour cela de renouveler le soupçon selon lequel je n'aurais pas lu saint Thomas.
Je ne sais pas si vous-même l'avez lu, mais pour une exégèse de ses écrits, vous souffrirez que je me fie à des auteurs moins chancelants.
Une condition d'adhésion à la vérité révélée. Pour ce qui est de la tolérance positive des Lumières, c'est compliqué et cela demande du discernement. Notamment pour lire en profondeur la DHC de 1789, dans laquelle il y a à prendre et à laisser, au terme d'une réflexion sérieuse et libre. Certains articles sont proprement inacceptables au regard de la loi naturelle.
Sur ce thème de la liberté religieuse, Saint Thomas est déconcertant. En effet, s'il rejette totalement la conversion forcée des païens et des juifs et le baptême forcé de leurs enfants contre la volonté du père, en raison du droit naturel du père, il admet et justifie la livraison des hérétiques au bras séculier, en oubliant cette fois le principe de la loi naturelle. Or les païens ont des rites, les juifs aussi, et Saint Thomas ne trouve rien à y redire. On a donc ici une affirmation de liberté naturelle qui ne va pas au bout de sa logique. Pourquoi ? Probablement en raison d'un lien fort entre unité de l'Eglise et unité du royaume terrestre, un lien alors perçu comme intime et nécessaire. Au XXe siècle, patatras ! Cette unité n'existe plus nulle part. Alors quand on est catholique, on fait comment pour jouir en paix de son droit dans pareils contextes ? On vit dans un État nazi, dans un État communiste, dans un État progressivement inféodé au nazisme, dans un État libéral totalement relativiste et positiviste, etc. Quand on est catholique dans ces situations, on fait comment ? On regrette l'État catholique de grand-mère en fossilisant la tradition de l'Eglise, ou bien on écoute ce que le Saint-Esprit dit à l'Eglise pour un juste développement doctrinal en vue d'une meilleure adaptation pastorale à l'égard des circonstances du moment ? Dans pareilles situations, il n'est plus possible de répéter "usque ad nauseam" l'affirmation d'un droit pour les seuls catholiques. Il faut énoncer un droit commun aux hommes sur la base de la loi naturelle et de leur constitution naturelle par l'acte créateur de Dieu. Même s'il ne sortait pas d'un point de vue ancien et d'une lecture encore partielle de la loi naturelle, Pie XII affirmait un droit de tolérance négative à établir en droit civil. C'était un pas de plus, la situation ouvrant à un progrès doctrinal consacré par la DH de Vatican II. C'est le même Pie XII qui, constatant l'aspiration généralisée à la démocratie à la fin de la seconde guerre mondiale, opérait un vrai progrès doctrinal dans son radio message du 24 décembre 1944 sur la démocratie. Évidemment, je ne me réfère en rien à la doxa lefebvriste dans laquelle éclate une version fossilisée de la tradition de l'Eglise, confortée par les actes et les habitudes de leur institut. Pour la référence à Saint Thomas, que vous affirmez avoir lu, j'attends vos sources par delà les gloses sur les gloses prétendument chancelantes. J'apporte un râteau et on fera le tri.