Je lis avec étonnement, sous la plume de quelqu’un qui pratique intensivement la liturgie traditionnelle :
Au cœur de la nuit, durant ma lectio divina, je relisais ces quelques lignes du psaume 36 : « Confie-toi en Yahvé, fais le bien, mets tes délices en Yahvé, et il te donnera ce que le cœur demande. Remets ton sort à Yahvé, confie-toi en lui : il agira. » Remplacez juste Yahvé par Jésus. Et vous comprendrez…
Mais le psaume 36 dit ceci :
Spera in Domino, et fac bonitatem (…) Delectare in Domino, et dabit tibi petitiones cordis tui. Revela Domino viam tuam, et spera in eo, et ipse faciet.
Même sans connaître le latin, on voit qu’il n’est pas question d’un quelconque Yahvé (d’invention très récente et heureusement toujours interdit dans la liturgie, même nouvelle) mais de Dominus, le Seigneur. Et alors il n’y a pas besoin de « remplacer » quoi que ce soit…
Commentaires
Merci cher Yves de cette observation fondamentale.
En élargissant le propos, comment un catholique doit il interpréter le nom de YHWH ?
Les juifs ont toujours prononcé YHWH "Adonaï": Seigneur...
Preuve en est que dans la Septante YHWH est traduit par Kyrios.
Un catholique ne peut donc interpréter YHWH que comme "Seigneur".
Mais dans la Bible de Jérusalem, vous rencontrez fréquemment Yahvé, notamment dans leur traduction des Psaumes.
d'où vient la vocalisation actuelle de YHWH ?
C'est complètement arbitraire. Certains voulaient que ce soit Yahoh...
Jusqu'à la fin du XIXe siècle on voyait surtout "Jéhovah".
C'est ce qu'on voit encore dans certaines Bibles, en espagnol ou en anglais. Mais la plupart des Bibles en d'autres langues que le français ont "le Seigneur" ou "Dieu". "Yahvé" ou "Yaweh" est essentiellement une particularité française. De toutes les Bibles modernes en français faites par des "catholiques", seule la TOB a "le Seigneur". Grâce aux orthodoxes... Les Bibles protestantes ont généralement "l'Eternel".
Certes
Mais "seigneur " est-il une bonne formule ?
Ne s agit il pas d un titre de noblesse relativement secondaire en français ?
Seigneur n'a rien de secondaire en français, bien que cette curieuse remarque soit sans doute à mettre en lien avec les questions que vous vous posiez il y a peu sur l'exigence de sacrifier les seniors au covid ou le covid aux seniors.
depuis quand "seigneur" est-il un titre de noblesse ?
il a en plus l'avantage d'être proche des mots italien et espagnol de même origine
Dans le film La Prière (2018), que j'ai regardé d'un œil distrait sur le conseil de ma fille aînée, il y a une messe un peu hippie, dans le style post-soixante-huitard, où la lecture d'un psaume donne à fond dans le Yahvé. J'avais mis ça sur le compte du metteur en scène, du producteur, du distributeur et de quelques uns des acteurs, tous issus de la communauté des Zélus.
Le film m'a d'ailleurs semblé assez insignifiant, entre plaidoyer pour le scoutisme et raout pour alcooliques anonymes. Pour la haute spiritualité chrétienne, mieux vaut revoir le merveilleux Fleurs d'Equinoxe ou le déchirant Crépuscule à Tokyo (drame de l'avortement), deux chefs-d’œuvre d'Ozu Yasujiro, qui était plutôt bouddhiste zen.
Hubert Monteilhet se battait contre Seigneur pour de multiples raisons (ça vient de Senior, Vieux ; ça introduit l'idée d'un vassal et non d'un disciple...). Il voulait la vraie traduction de Kyrios : Maître.
Je n'ai pas lu Monteilhet. Mais Kyrios veut dire Seigneur, quand il s'agit de Dieu. Ou "monsieur" quand ils 'agit d'un homme: mon-sieur: mon-seigneur.
Il y a effectivement un lien de vassalité. Dieu nous est infiniment supérieur et nous devons d'abord lui rendre hommage. La civilisation féodale vient du christianisme.
Maître se dit "didascale", terme employé fréquemment par les apôtres quand ils s'adressent au Christ.
http://yvesdaoudal.hautetfort.com/archive/2009/08/30/13e-dimanche-apres-la-pentecote.html
Pour Maître dans la Septante, il y a aussi despotes, souvent repris dans la liturgie orthodoxe.
J'ai entendu Monteilhet faire cette démonstration avec fougue, sur une estrade... (vers 2005).
Maître est en effet ambigu en français. Il traduit Didascalos/Magister/Rabbi (?) aussi bien que Kyrios/Dominus.
On se trouve en le prononçant en position de disciple mais aussi de serviteur (sans la connotation féodale qu'il y a dans Seigneur et qui est anachronique).
Cela dit, c'est une question d'habitude. Les mots s'érodent, se polissent à l'usage. Et nous sommes habitués à dire : Seigneur, à qui irions-nous ? et Domine, non sum dignus...
Cependant la génuflexion devant le Seigneur est elle aussi féodale. En Orient on ne fait de génuflexion, mais des métanies.
g marie est toujours égal à lui-même
y a-t-il une langue qu'il ne connaisse pas ?