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Le cardinal Müller

LifeSiteNews a publié une grande interview du cardinal Gerhard Müller. On lira avec intérêt la traduction de Jeanne Smits, notamment dans ce qu’il interprète comme l’athéisme qui se répand dans l’Eglise.

Et voici trois phrases qui ne passent pas inaperçues.

Lorsque j'étais préfet de la Congrégation pour la foi (2012-2017) personne ne m'a rien dit de ce problème, très probablement parce qu'on aurait craint de ma part une réaction trop « rigide ».

...

Amoris laetitia doit être absolument en accord avec la Révélation, et ce n'est pas à nous d’être en accord avec Amoris laetitia, du moins pas dans l'interprétation qui contredit, de manière hérétique, la Parole de Dieu. Et ce serait un abus de pouvoir que de sanctionner ceux qui insistent pour une interprétation orthodoxe de cette exhortation apostolique et de tous les documents magistériels pontificaux.

...

Il est irritant de voir des personnes sans éducation théologique promues au rang d’évêques qui à leur tour, pensent devoir en remercier le pape au moyen d’une soumission puérile.

Et cette réponse laconique et lapidaire à une longue question:

Chacun peut réfléchir aux critères selon lesquels certains sont promus et protégés, tandis que d’autres sont combattus et éliminés.

Commentaires

  • Le cardinal Müller avait été quelque peu malmené sur certains blogs à la fin de l'année dernière. Il était considéré comme un "jaune" pour avoir soutenu qu'il était possible d'interpréter Amoris Laetitia dans un sens orthodoxe (Préface aux Réponses amicales aux critiques d’Amoris laetitia).
    Pourtant, les évêques maltais avaient déjà publié leur interprétation hérétique de cette exhortation (en janvier 2017) et pope Frankie les en avait déjà félicités (avril 2017).
    Il faut se réjouir que le cardinal Müller adopte une position claire, mais sa ligne est un peu fluctuante. La logique n'a connu aucune avancée notable depuis Aristote et personne n'a jamais pu faire que deux et deux soient cinq, ni même quatre et demi. Un cardinal de l'Eglise catholique devrait savoir cela mieux que quiconque.
    Amoris Laetitia appelle une interprétation hérétique et le comprendre est à la portée d'un enfant qui sait un peu son catéchisme.

  • Tant mieux si Müller se décide enfin à parler clairement. Mais il a, dans le passé évité soigneusement de se solidariser avec les Cardinaux des "dubia" ou avec l'excellent Mgr. Schneider, sans doute parce qu'il travaillait pour Bergoglio.

    Il a donc fallu que ce dernier le chasse carrément pour qu'il ose parler librement. On aimerait que nos Excellences fussent plus courageux que ça, mais mieux vaut tard que jamais...

  • Bien sûr que si la logique a connu des avancées notables depuis Aristote, à partir du XIXe siècle : de Morgan, Boole, Frege, Peano, Russell & Whitehead, Tarsky, etc. Donc ce n’est pas ce que vous vouliez dire. Et, bien avant Aristote, on savait que 2 et 2 font 4 (même si une démonstration n’est pas accessible depuis très longtemps en arithmétique formalisée).

  • Je citais approximativement mon cher Heidegger :
    "La logique détachée de son fondement ontologique originaire n'a pas fait un seul pas en avant depuis Aristote en dépit de Hegel et de Kant." C'est dans Etre et temps, mais c'est une affirmation qu'on retrouve dans d'autres textes. Heidegger fait ici allusion à l'Organon, mais aussi au fait qu'Aristote pose le principe de non-contradiction comme assise de sa métaphysique.
    Le fait que l'homme soit un "animal mathématique" et que l'univers lui apparaisse comme un ensemble d'objets mathématiques amène la question philosophique du mode d'existence de ces objets, mais permet aussi de comprendre ce que veut dire Heidegger : Aristote ou Russell ne sont pas plus des inventeurs qu'Euclide ou Fermat ; mais en logique, Aristote a formulé l'indépassable.
    Voilà plusieurs fois que vous me faites observer que je dis ce que je ne veux pas dire, ou que je n'arrive pas à dire ce que je veux dire : merci de m'en laisser juge, car j'essaye d'éviter de parler pour ne rien dire.

  • Pour en revenir à Amoris Laetitia, je ne suis pas grand druide et je n'ai aucune formation métaphysique. Il m'a pourtant suffi de lire ce texte à sa parution pour y trouver la contradiction qui en fait un texte hérétique, ne pouvant appeler par conséquent qu'une interprétation hérétique. Le péché, comme un objet mathématique, a une double réalité, objective et subjective. On ne peut lui contester la première sous prétexte d'un défaut d'imputabilité de la seconde, puisque pour contester légalement la réalité subjective du péché, on est obligé d'universaliser la contestation de sa réalité objective.

  • "Le péché, comme un objet mathématique, a une double réalité, objective et subjective...." nous dit Stavrolus. Et que 2 et 2 font 4 nous rappelle Curmudgeon.

    Dans le domaine de l'infini tout est possible. Exemple :
    2/infini = l'infini. 5/l'infini = l'infini. Comme les dénominateurs sont les mêmes on peut les enlever. Et alors on obtient que 2=5
    L'Eglise catholique est en ce moment entrain de jouer à ce petit jeu. Dans peu de temps, elle en arrivera même à prouver de cette manière que l'homosexualité est normale et bénie par Dieu.

  • @lorenzo
    le résultat de la division d'un nombre fini divisé par un nombre qui tend vers l'infini, tend vers zéro.
    La multiplication d'un nombre fini par un nombre infini tend vers l'infini, c'est ce que vous vouliez dire.
    Mais l''infini n'étant pas un nombre mais une entité mathématique artificielle, votre raisonnement est faux car si deux résultats tendent vers l'infini cela n'implique pas qu'ils sont égaux.

  • Cher Stavrolus :

    Quand je vous dis que vous n’avez pas voulu dire ce qu’on croit comprendre que vous avez dit, c’est une expression de courtoisie.

    La citation de Heidegger que vous donnez confirme évidemment que Heidegger ne savait absolument rien de l’histoire de la logique occidentale. L’impasse totale sur les réflexions des scolastiques, et le seul fait de mentionner Kant et Hegel en apporte une confirmation éclatante.

    Si vous voulez avoir une idée solide de l’histoire de la logique, les auteurs suivants sont écrits par des gens qui ont pris la peine d’étudier la question, ce qui n’est pas le cas de Heidegger :
    - I. M. Bocheński (OP) 1956 (allemand, puis anglais), qui offre même un chapitre sur la logique en Inde
    - Kneale & Kneale 1962.

  • Si vous considérez que Kant et Hegel n'ont pas leur place dans l'histoire de la logique occidentale, c'est peut-être vous qui n'y connaissez rien. A partir d'une simple citation, il n'est pas seulement imprudent mais il est absurde de juger des lacunes supposées d'un auteur qu'on n'a pas lu. De ce que Proust parle occasionnellement de Racine et de Molière, en concluez-vous qu'il n'a pas lu Corneille ? Ou d'une cuisinière qui vous a préparé du poisson, direz-vous qu'elle ne sait pas faire cuire un gigot ?
    Tout le monde sait qu'Heidegger connaissait à fond la scolastique, les Recherches logiques de Husserl et qu'il s'est beaucoup intéressé aux travaux de Frege et de Russell. Et en disant cela, je ne prétends nullement faire la liste exhaustive de ses lectures.

  • Et c'est reparti pour une discussion sans fin et sans rapport avec le sujet...

    J'ai une proposition à vous faire à tous les deux: créez un blog, ça ne prend que quelques minutes, et ça me dégagera un peu l'horizon...

  • Je vous rappelle que la seconde partie de La Critique de la raison pure s'intitule Logique transcendantale et qu'elle occupe environ les cinq sixièmes de l’œuvre en question. Hegel est lui-même l'auteur d'une Logique, qui est aussi d'ailleurs une métaphysique, ce qu'était déjà celle de Kant.

  • Je ne sais pas ce qu'en pense le cardinal Müller, mais vous devriez le lui demander, parce que moi je m'en fous complètement.

  • Désolé. Pas vu votre mise en garde.

  • On ne peut lui contester la première sous prétexte d'un défaut d'imputabilité de la seconde, si (plutôt que puisque), pour contester légalement la réalité subjective du péché, on est obligé d'universaliser la contestation de sa réalité objective.
    L'Eglise le fait dans certains cas, Par exemple le meurtre n'en est pas un, en cas de légitime défense ou sur un champ de bataille. Elle se fait déjà juge de la non-imputabilité de l'adultère en remariant des personnes qui ont consommé leur premier mariage. Mais si elle accepte à la communion des personnes remariées civilement ou vivant en concubinage, elle entre en contradiction avec sa propre logique. Elle accorde aux brebis le droit de contester subjectivement la réalité de ce qu'elle définit objectivement comme un péché. Voilà, c'est ce qu'il fallait dire, et je m'étais un peu embrouillé.

  • Il se mouille, le cardinal...
    Au moins l'atrocité du pontificat (si l'on ose dire) actuel sera d'avoir fait émerger des gens qui autrement auraient été bien ternes.

  • Muller : "Personne ne m'a parlé de ce problème"
    Quel problème ?
    L'athéisme qui se répand dans l'Eglise ?

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  • Juste pour appuyer le propos d'Yves Daoudal : elles sont plutôt hors sujet ces "disputata" d' "érudits" ! A vrai dire, elles nous fatiguent un peu !
    Dépéchez-vous chers amis "intellectuels" de créer votre blog pour croiser le fer entre vous !
    Par respect pour le blog de Daoudal ! ...et pour ses lecteurs !
    Merci !

  • On n'est pas des érudits, en tout cas pas moi. On aime bien se disputer sur le blog de Daoudal, quel que soit le sujet, parce que ses articles appellent le commentaire, la discussion et la dispute. Je ne fréquente pas beaucoup de blogs, mais je ne fréquenterais ni un blog où les commentaires sont fermés en permanence, ni un blog où une censure drastique s'appliquerait à tous les propos hors-sujet, politiquement incorrects ou n'ayant pas l'heur de plaire au seigneur des lieux.
    Le blog de Daoudal est exceptionnel parce que lui-même intervient peu et qu'il laisse les bavards, dont je suis, s'exprimer. Je ne parlerai pas de libéralisme, mais d'un espace de liberté. Qui créera un blog comme celui-là ? Certainement pas moi : j'en serais bien incapable.

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