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Saint Raymond Nonnat

Raymond vint au monde en Catalogne d'une façon qu'on serait tenté de qualifier de miraculeuse, au bourg de Partel, dans le diocèse d'Urgel. Il appartenait à une noble famille et sa mère, étant enceinte, mourut d'une fièvre ardente dans le septième mois de sa grossesse. Les médecins déclarèrent que l'enfant avait été étouffé en même temps et qu'il n'y avait pas lieu de faire une opération pour s'assurer s'il était encore en vie. Un des parents, en présence des incertitudes et des anxiétés du père, saisissant un poignard qu'il portait à sa ceinture, l'enfonça dans le côté de la mère. A l'instant l'enfant passa un bras, jeta un cri et, après qu'on eut élargi la plaie, apparut plein de vie à toute l'assistance. Aussi lui donna-t-on le surnom de Non Natus (non né), en effet il n'était pas né ; mais il était entré dans ce monde par une grâce spéciale de la Providence.

Dès sa plus tendre enfance, Raymond eut une dévotion particulière pour la très sainte Vierge qui, quand il fut plus âgé, lui fit connaître, par une révélation, son désir de le voir s'enrôler dans l'Ordre de la Merci, dont la mission principale était la rédemption des captifs. Il entra au Noviciat de Barcelone où saint Pierre de Nolasque lui donna l'habit. A l'âge de trente ans, on le jugea capable d'exercer l'office de prédicateur et bientôt il fut envoyé en Afrique pour racheter des captifs. Débarqué à Alger, il en trouva un si grand nombre que, n'ayant pas assez d'argent il se livra lui-même comme caution du paiement de leur délivrance. Ayant converti quelques musulmans par l'éloquence de sa parole, il eut à souffrir toutes sortes de tourments. Pour l'empêcher de parler, les infidèles imaginèrent de lui percer les deux lèvres et d'y placer un cadenas qu'ils ouvraient seulement pour lui donner à manger.

Après avoir enduré, avec une patience angélique, pendant huit mois, les tortures les plus inouïes, un bâtiment, en rade d'Alger, lui apporta enfin sa rançon et la nouvelle de sa nomination au cardinalat. A son arrivée dans Barcelone, on le conduisit en triomphe à la cathédrale avec les ornements de sa nouvelle dignité, en chantant le Te Deum.

Saint Raymond, passant un jour dans les rues de Barcelone, pendant un hiver très rigoureux, rencontra un pauvre vieillard qui avait la tête nue et il s'empressa de la couvrir avec son propre chapeau. La nuit suivante, pendant qu'il était en prière, il vit, dans un parterre émaillé des plus belles fleurs, la sainte Vierge tressant une couronne avec des jeunes filles de sa suite. L'une d'elles lui ayant demandé à qui elle était destinée, elle répondit que c'était pour celui qui n'avait pas craint de découvrir sa tête pour abriter celle d'un pauvre vieillard. A cette réponse, comme Raymond s'affligeait de ce qu'on voulait lui donner en ce monde la récompense qu'il n'attendait que dans le ciel, la vision disparut tout à coup. Il se trouva seul alors, n'ayant à côté de lui qu'un pauvre homme affligé qui avait la tête ceinte d'une couronne d'épines. Après l'avoir considéré attentivement, il reconnut qu'il avait devant lui Notre Seigneur Jésus-Christ et il voulut se prosterner ; le Rédempteur de tous les hommes, ôtant alors sa couronne de dessus sa tête, la lui présenta en lui disant que sa mère avait voulu le couronner de fleurs ; mais qu'il lui présentait les épines qu'il avait choisies lui-même, en n'acceptant pas d'autre gloire ici has que celle de la croix. Raymond prit la couronne et ressentit, en la mettant sur sa tête, une douleur si vive, qu'il recouvra immédiatement l'usage de ses sens, avec une grande consolation de ce qu'il avait vu dans son extase.

Le pape Grégoire IX, qui l'avait nommé cardinal et qui était instruit de toutes les merveilles que Dieu opérait par son serviteur, désirant jouir de sa présence, lui envoya l'ordre de venir le trouver à Rome. Raymond avait déjà reçu la bénédiction de saint Pierre de Nolasque, son supérieur, et se disposait à exécuter les ordres du Souverain Pontife, quand il fut saisi d'une fièvre violente, suivie de convulsions qui faisaient présager une mort prochaine. Il demanda alors qu'on lui apportât les Sacrements de l'Eglise ; mais comme le curé de la paroisse dans laquelle était situé le couvent de la Merci se trouvait absent, pendant qu'on l'attendait on vit entrer dans la chambre du Saint une longue procession d'anges vêtus en religieux de son Ordre, tenant chacun un flambeau à la main ; après eux parut le Souverain Maître, Notre Seigneur Jésus-Christ, un ciboire à la main, apportant le saint viatique au bienheureux malade. La chambre se trouva, au même instant, inondée d'une lumière si éclatante que tous les assistants en furent éblouis sans pouvoir distinguer ce qui se passait autour d'eux pendant l'espace d'une demi-heure. A la fin, interrogé par eux, Raymond leur répondit que, dans cette auguste cérémonie, il avait reçu le sacrement adorable de l'autel et qu'il ne désirait plus que de quitter le monde pour jouir de son Dieu à jamais. Ses désirs ne tardèrent pas à être accomplis et il rendit son âme à Dieu dans sa trente-sixième année.

Après sa mort, comme le curé de la paroisse et les religieux de la Merci se disputaient son corps, il fut décidé qu'il serait placé sur une mule et qu'on la laisserait aller où Dieu la conduirait. Elle s'en alla directement à la chapelle où le Saint avait reçu les premières faveurs de la mère de Dieu. Ses reliques sacrées y furent déposées et saint Pierre de Nolasque, apprenant qu'un nombre prodigieux de miracles s'opérait à son tombeau, y fit bâtir un monastère de son Ordre.

Saint Raymond est particulièrement invoqué pour les femmes enceintes et dans les douleurs de l’enfantement. L'origine de cette dernière invocation est signalée par une Antienne trouvée en 1626, disent les Bollandistes, avec d'autres manuscrits, dans une cassette de fer, à l'époque de la chute d'un vieux mur du couvent de Barcelone :

Levamen miseris S. Ramon impetra :
Te Deus vivum traxit ab utero matris extinctæ,
Ut ferres in partu laborantibus opem,
Et Christi fideles ab impiorum captivitate
Et periculis animæ liberares.

Saint Raymond, obtenez le soulagement des malheureux. Dieu vous a tiré vivant du sein de votre mère déjà morte, afin que vous portiez secours aux femmes dans les douleurs de l'enfantement et que vous délivriez les fidèles du Christ de la captivité des impies et des périls de l'âme.

Nous croyons devoir citer également cette prière qui a trait à la même invocation et qui est adressée à Notre Dame de la Merci et à saint Raymond Nonnat :

ORACIO

A la SS. Verge Maria Maria mare de las Merces, y al glorios cardenal S. Ramon nonat, pera demanar las donas prenyadas un felis part.

O piadosissima Verge Maria de las Merces ! Suplich vos per las entranyas dulcissimas de vostra pietat, oygan a la afligida, queus invoca y per lo qui seus dolor pariran, y per los merits de vostre sirvent sant Ramon, qual naixement fonch prodigios, me afa vorian en est part ; que jo vos oferesch ser humil esclava vostra, pera millor servir à vostre unigenit Fill Jesucrist redemptor nostre. Amen.

ORAISON

A la très sainte Vierge, mère de la Merci et au glorieux cardinal saint Raimond Nonnat, adressée par les femmes enceintes pour obtenir un heureux accouchement.

O très pieuse Vierge Marie de la Merci ! Je vous en supplie par les entrailles très tendres de votre amour, écoutez l'affligée qui vous invoque et par Celui qui est né de vous sans douleur et par les mérites de votre serviteur saint Raymond dont la naissance fut miraculeuse, favorisez-moi dans cette couche ; je vous offre d'être votre humble servante pour mieux servir votre fils unique Jésus-Christ notre Rédempteur. Amen.

Extrait de :

Les saints patrons des corporations et protecteurs spécialement invoqués dans les maladies et dans les circonstances critiques de la vie,
par Louis du Broc de Segange,
chevalier de l’Ordre de Pie IX et de la Légion d’honneur, membre correspondant du ministère de l’Instruction publique pour les travaux historiques, auteur de Notre-Dame de Moulins et des Faïenciers et émailleurs de Nevers,
publié par Louis-François Morel, chanoine archidiacre de la cathédrale de Moulins, recteur de l’externat Saint-Michel, ancien professeur de sciences, gradué pour l’enseignement secondaire, auteur de diverses publications.
Paris, Librairie Bloud et Barral, 4 rue Madame et 59 rue de Rennes.

Oui, il y a tout cela sur la couverture… Il manque la date : 1887.

Dans ce récit on trouve indiqués tous les attributs de saint Raymond Nonnat figurant sur la peinture d’Antonio del Castillo que j’ai reproduite l’an dernier.

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