Saint Raymond Nonnat par Antonio del Castillo, musée Goya de Saragosse. Voici la notice qui l’accompagne, sur le site – en français - du musée :
Antonio del Castillo, peintre cordouan du premier baroque naturaliste, est l’auteur du tableau de Saint Raymond Nonnat, saint mercédaire du XIIIe siècle qui s’est dédié à la rédemption de saints chrétiens aux mains des musulmans au centre de l’Afrique (1). L’iconographie répond parfaitement à l’esprit de la Contre-Réforme catholique, qui continue dans le baroque, et promeut la dévotion aux saints en tant que médiateurs devant Dieu pour le salut des fidèles. Le tableau, provenant sans aucun doute d’un couvent mercédaire, puis de l’église paroissiale de La Rambla (Cordoue), fut peint par Castillo durant les années 1640, avant la canonisation du saint en 1657. Le naturalisme et les persistances ténébristes sont présents dans cette peinture de saint Raymond, qui porte l’habit avec un scapulaire de l’ordre de la Merced, et avec la doublure ou le revers de l’habit rouge, pour indiquer qu’il avait été nommé cardinal. Sur la tête, il porte la couronne d’épines qu’il reçut du Christ, et sa bouche est fermée par un cadenas que lui posèrent les musulmans dans sa prison d’Algérie, pour qu’il arrête ses prédications. De la main gauche, il tient la palme du martyr, avec les trois couronnes de chasteté, d’éloquence et de martyr. De la main droite, il tient un petit ostensoir, qui fait référence à l’Eucharistie que lui porta un ange avant sa mort.
(1) C’est-à-dire au rachat des chrétiens captifs des musulmans, non pas au centre de l’Afrique mais sur la côte algérienne. Rachat auquel se consacraient les « mercédaires », à savoir l’ordre de Notre Dame de la « Merced », mal traduit en français par « merci » : il s’agit proprement de la rançon.
Voir aussi : saint Raymond Nonnat a deux choses à nous dire.
Commentaires
Les sens de merced
1) salaire, récompense (du latin merces)
2) grâce, faveur
3) bon vouloir, discrétion, merci, gré. "a la merced de las olas" = au gré des vagues. " a la merced del dueño" =au bon vouloir, à la discrétion du propriétaire.
4) "Vuestra merced", votre grâce, contracté aujourd'hui en "usted"
En français le sens initial de merci était "grâce", "pitié" que l'anglais "mercy" a gardé (pitié, miséricorde, "Lord have mercy")
Grand merci à Dauphin ! On peut ajouter ce tout petit point ; "merci" du protoroman à la Renaissance signifie en effet "pitié, grâce, gratification", le caractère d'échange propre au latin (mercede[m] = rémunération payée, salaire) s'étant effacé, le mot devint l'expression d'une réciprocité entre celui qui offrait une gratification bienveillante et celui qui la recevait. Il nous reste de cette belle évolution "Dieu merci" (grâce à Dieu), et "crier merci" (demander grâce).
On pourrait traduire "ordre de la Merci" par "ordre de la Miséricorde" (mais le mot est un peu à la mode)
merci à YD pour cette très belle notice à saint Raymond Nonnat !
MAIS dans le nom de l'ordre il s'agit bien de la RANÇON. Il a été créé pour donner des rançons en échange de la libération des chrétiens. Et non pas une "gratification bienveillante" !!!
On peut effectivement traduire par ordre de la miséricorde, mais CE N'EST PAS ce que saint Pierre Nolasque avait à l'esprit.
De même qu'il ne s'agit pas de la "rédemption" (spirituelle) des captifs, mais bien de leur "rachat".
Tout cela est très concret, et c'est trahir les créateurs de l'ordre que de ne pas garder ce caractère concret.
Il n'y na aucune contradiction avec le sens de "merci". Au Moyen Age le chevalier ou le combattant d'un certain rang fait prisonnier, était "à la merci de son vainqueur" qui fixait les conditions ou la rançon pour sa libération. Il y donc bien sous-entendue la notion de "rachat", "rançon" pour la libération de prisonniers.
Oui, du latin "merx", marchandise, valeur...
En tout cas un saint d'une double et brûlante actualité. ..
@Gustave
Merx, cis (f) c'est la marchandise
Merces, edis (f) c'est le prix, la récompense, le salaire, le gage, le louage (d'où le mot mercenaire). Le neutre "salarium, ii " est un synonyme