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“Théologie orthodoxe”

Le début du chapitre 44 d’Ezéchiel dit ceci, selon la traduction de la TOB :

L’homme me ramena vers la porte extérieure du sanctuaire, celle qui fait face à l’orient ; elle était fermée. Le Seigneur me dit : « Cette porte restera fermée, on ne l’ouvrira pas ; personne n’entrera par là ; car le Seigneur, le Dieu d’Israël, est entré par là ; elle restera fermée. »

Une note dit ceci :

La théologie orthodoxe voit ici une préfiguration de Marie qui a été vierge avant la naissance et est restée vierge après la naissance de Jésus.

Merci aux orthodoxes de nous donner l’interprétation orthodoxe de ces versets.

Mais cette note souligne l’effroyable réalité quant à ce que sont les prétendus spécialistes « catholiques » qui traduisent la Bible.

Car il a donc fallu un orthodoxe pour dire ce qui est... la tradition catholique attestée depuis les pères de l’Eglise.

Non seulement l’interprétation « orthodoxe » est celle que donnent saint Jérôme, saint Ambroise, saint Augustin, saint Thomas d’Aquin citant saint Augustin, etc., tous les auteurs catholiques qui traitent de la virginité perpétuelle de Marie, mais en outre elle se trouve deux fois dans la liturgie traditionnelle. Par un répons des matines de l’Avent, et par la lecture des matines de la Sainte Vierge le samedi au mois d’avril (citation de saint Jérôme).

Autrement dit, les prêtres catholiques qui ont collaboré à la TOB étaient tellement savants qu’ils ignoraient que les pères de l’Eglise latine, et après eux toute la tradition occidentale, donnait de ce passage exactement la même interprétation que la « théologie orthodoxe ».

Franchement, ça me dépasse.

Commentaires

  • Mon bon Monsieur... et encore, bienheureux êtes vous, car dans ma tob de 1998, il n'y a rien du tout! Ca doit être dans la nouvelle tob sortie il y a quelques années (avec le 4e livre d'esdras etc). Les orthodoxes ont donc mis eux aussi quelques décennies à se réveiller.
    Dans l'interview concernant la nouvelle bible par les dominicains, le p. Olivier Thomas parle de l'aspect commercial que les éditions de la bible représentent. Je me dis parfois que les éditeurs semblent faire exprès de publier des bibles très médiocres, et de les améliorer petit à petit, pour vendre plus de bouquins.

  • Les traducteurs et exégètes catholiques ont emboîté le pas aux protestants dans la remise en question systématique des bibles traditionnelles sous prétexte de méthode "scientifique", A cela se rajoute l'influence judaïque qui consiste à gommer, minimiser ou altérer tout passage messianique dans l'AT.
    L'ignorance est devenue telle que peu de catholiques remarquent ces brigandages systématiques et orientés vers l'avènement d'une religion mondiale.

  • Je ne crois pas du tout à une influence juive. Simplement, pour les exégètes modernes, une prophétie est impossible. Donc on l'estompe ou l'explique autrement. Je suis toujours surpris du peu d'implication des juifs dans les débats autour des textes vétérotestamenaires, alors qu'ils sont autant concernés que nous. D'ailleurs je me demande comment les "exégètes" historico-critiques peuvent continuer librement un travail si manifestement antisémite...

  • @éric. Attention ! Il ne faut pas oublier que l'Eglise n'a que faire de l'interprétation que peuvent donner les Juifs des Livres Sacrés.

    En effet, l'Église c'est la Nouvelle Alliance et comme le dit Saint Paul dans une épitre, un voile demeure pour les Juifs qui les empêche de comprendre et de découvrir le Christ et ce n'est que quand on croit au Christ que ce voile tombe et qu'on comprend pleinement les Écritures.

    Donc, l'Église seule possède les clés pour interpréter
    l'Ancien Testament.

  • Le temps me manque pour développer une réponse, et ce n'est pas vraiment le lieu (même si Y. Daoudal laisse avec générosité ce blog être aussi un peu le nôtre par les débats qui s'y déroulent!).J'ai longtemps pensé comme vous. J'ai révisé un peu ma position en lisant le livre du Cal Ratzinger Voici quel est notre Dieu. Bien que ce que vous disiez soit vrai, il faut tenir une certaine légitimité de l'interprétation juive. Voyez pp. 105; 147-148. En effet, d'une part les Ecritures avaient un sens avant la venue du Messie, d'autre part il faut rendre compte de la non-conversion des Juifs. (je reste conscient que c'est un vaste sujet... pour les lecteurs qui voudraient lire la réf à st Paul, c'est 2 cor 3.14-46)
    Par ailleurs, mon propos était de dire que face aux attaques des rationalistes qui expliquent que toute la Genèse, l'Exode etc, c'est du mythe, que ça n'a jamais existé etc., nous pourrions très bien faire front commun avec les Juifs qui sont attachés autant que nous à ces récits. Je ne vois pas où est le problème.

  • Ce qui suit n'impressionnera probablement guère les protestants d'aujourd'hui, mais peut tout de même être noté.

    Non seulement la virginité perpétuelle de Marie était uniformément admise par les principaux promoteurs de la Réforme, Luther, Calvin, Zwingli, et par les premiers Anglicans, mais il se trouve que, reprenant l'exégèse traditionnelle, Zwingli allègue explicitement le témoignage de ce passage d'Ezéchiel dans De vera et falsa religione commentarius (1525).

    Disponible en ligne (BNF ; Bayerische StaatsBibliothek). Et le passage est consultable aussi en ligne dans une traduction anglaise (1929, réimpression 2015), S. M. Jackson & C. N. Heller, eds., Commentary on True and False Religion, p. 114, haut.

    Le passage d'Ezéchiel est également mentionné par un Réformateur de la seconde génération, Heinrich Bullinger, successeur de Zwingli à Zurich, dans son sermon publié sous le nom De beata virgine Maria (1558). Information tirée de : Baschera, Gordon & Moser, Following Zwingli: Applying the Past in Reformation Zurich, 2014 (p. 157, bas).

  • A éric

    "VI, 1. Si quelqu'un vous interprète l'Écriture selon le judaïsme, ne l'écoutez pas."
    (Lettre d’Ignace d’Antioche aux Philadelphiens)

    Les juifs ne peuvent rien nous apprendre de bon sur le sens spirituel des Écritures (c'est malheureusement la doctrine actuelle).
    Seulement, ils peuvent ponctuellement nous aider à comprendre (et encore, ça se discute toujours) sur le sens littéral de certains mots hébreux.
    C'est ce qu'à toujours fait l’Église, que ce soit via saint Jérôme, Hugues de Saint Cher, Nicolas de Lyre, Cornélius a Lapide, les Frères Lémann etc. D'où effectivement le "front commun" que l'on peut partager avec eux sur la défense du Pentateuque, mais uniquement sur un plan littéral.

  • Le texte de st Ignace dit exactement ceci : "si quelqu'un vous expose (ermêneuê : exprimer, présenter; dans un second sens : traduire, d'où le "interprétation" en français, mais inconnu en grec) le judaïsme, ne l'écoutez pas. Car il est meilleur d'entendre le christianisme de la part d'un circoncis que le judaïsme de la part d'un incirconcis. Si aucun des deux ne parlent de Jésus Christ, ils sont des tombeaux, etc". Comme souvent, la logique d'Ignace n'est pas évidente. Il veut dire ceci:
    ce qui importe, c'est de parler du Christ. Ecoutez plus volontiers même un Juif, s'il vous parle du Christ (l'exemple est improbable, à dessein, pour marquer davantage la radicalité du propos), qu'un chrétien (c'est lui le "quelqu'un" de la première phrase), s'il vous parle du judaïsme, c'est-à-dire, dans le contexte des lettres, une apologétique destinée à contrecarrer l'Evangile et directement contraire à la foi.
    La phrase que vous citez (mal), en tant que telle, ne soutient pas votre thèse; mais j'accorde que tout le paragraphe le peut. Toutefois, en comprenant "judaïsme" comme s'opposant à "christianisme", on peut voir qu'elle ne contredit pas mon propos. En effet, les Juifs peuvent nous apprendre quelque chose du sens littéral, et ce n'est pas rien, puisque le sens spirituel se fonde sur lui. Ensuite, il serait plus juste de dire "les" sens spirituels, car st Thomas en distingue 3 : moral, christologique, anagogique. Les Juifs peuvent aussi partager avec nous le sens moral.
    Je vous remercie de m'avoir permis de me replonger dans Ignace cet après-midi, qui est un auteur qu'il fait bon de fréquenter.

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