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La bienheureuse Françoise d’Amboise

Le bienheureux Jean Soreth, général de l'ordre des Carmes, qui faisait la visite des couvents de Bretagne, arriva à Nantes. La sainte eut un entretien avec lui ; elle comprit, en écoutant ce saint religieux, que le Seigneur l'appelait à embrasser l'ordre du Carmel, et elle commença sans retard à préparer l'exécution de son pieux dessein.

Il y avait, près de Vannes, un monastère de Carmes, nommé le Bon-Don, situé sur un petit tertre, environné de prairies et de bocages. Ce monastère était particulièrement propre au recueillement et à la contemplation. Françoise choisit ce lieu pour y fonder son couvent de Carmélites. L'entrevue de la Bienheureuse et du révérend Père Jean Soreth avait eu lieu dans le courant et probablement vers la fin de l'année 1459 ; et dès le 16 février 1460, la sainte duchesse obtenait du pape Pie II une bulle qui autorisait la fondation projetée.

Elle vint alors à Vannes avec trois de ses nièces et quelques jeunes filles qui partageaient ses désirs de vie religieuse. Toutes ensemble, elles commencèrent à mener une vie commune et à prendre les habitudes du cloître, récitant l'office divin, gardant le silence, observant les jeunes, ne sortant que rarement et toujours deux à deux.

Un spectacle si nouveau devait nécessairement attirer l'attention, et le monde dédaigné par Françoise se mit à la poursuivre de sa colère et de ses railleries. La persécution lui vint de sa propre famille. Son père, le seigneur d'Amboise, forma le projet de la marier avec un prince de la maison de Savoie. Françoise était jeune encore, elle était douée des plus belles qualités et pouvait prétendre aux plus nobles alliances. Louis XI, qui occupait le trône de France, avait épousé Charlotte de Savoie, et c'était un frère de cette princesse que le seigneur d'Amboise destinait à sa fille. Le roi embrassa avec ardeur un projet qui pouvait servir sa politique ambitieuse.

Pendant que tous ces desseins se formaient à la cour de France, la Bienheureuse résolut de rompre d'une manière éclatante avec le monde. Elle se trouvait alors à son château de Rochefort avec sa mère et sa petite communauté naissante. Un jour donc elle se rendit à l'église de la paroisse. Son aumônier, Jean Houx, homme de sainte vie, célébra la messe. Au moment de la communion, Françoise se lève, va s'agenouiller au pied de l'autel, et là, pendant que le prêtre tient entre ses mains la sainte hostie, elle prononce à haute voix ces paroles : « Dès à présent, je fais vœu à Dieu et à la Vierge Marie du Mont Carmel de garder chasteté, sans ,jamais e marier, Dieu inspirant mon désir de me rendre religieuse, afin de vivre en perpétuelle continence. En signe de quoi je reçois le précieux corps de Notre Seigneur Jésus-Christ et vous en serez tous témoins ».

La sainte duchesse était désormais armée pour le combat. L'épreuve ne se fit pas attendre. Un de ses oncles, le seigneur de Montauban, arriva peu de temps après à Rochefort, pour lui faire connaître les projets formés à la cour de France et la presser à un second mariage. La Bienheureuse fut inébranlable.

(…)

Louis XI partit pour retourner en France, après sa visite à la sainte duchesse ; mais, loin d'abandonner ses projets, il avait, en partant, donné l'ordre d'enlever de force la Bienheureuse et de la conduire en France. Les seigneurs de Beaurepaire et de Montauban disposèrent tout pour exécuter les ordres du roi. Ils firent amener des bateaux derrière le jardin des Frères prêcheurs, à l'endroit où se trouve aujourd'hui le Port-Maillard, et s'étant mis d'intelligence avec les serviteurs de Françoise, ils résolurent de se saisir de sa personne à minuit, et de la conduire par la Loire hors des limites du duché, pour la mettre sous la puissance de Louis Xl.

Au milieu de toutes ces agitations des hommes, Françoise eut recours à Dieu et se mit en prière. Ce fut alors qu'arriva le fait raconté par les plus anciens historiens de la Bienheureuse et qu'il ne parait guère possible de révoquer en doute. On était à la fin du mois de mai ; la Loire se trouva subitement gelée, au milieu de la nuit, jusqu'à Mauves, dans un espace de deux lieues. Le reste de son cours demeura libre. Il était impossible de ne pas reconnaître le doigt de Dieu dans la merveille qui venait de s'opérer. Les oncles de Françoise partirent immédiatement pour retourner en France, et la sainte duchesse, si admirablement délivrée des persécutions dont elle avait été l'objet, se rendit à l'église des Carmes pour y témoigner à Dieu sa reconnaissance. En rentrant dans sa maison, elle dit à ses filles qui se réjouissaient autour d'elle : « Eh bien !  avez-vous pas vu comment Dieu a fait miracle en notre faveur ? Oh ! qu'il est bon à ceux qui colloquent leurs espérances en lui, et non pas dans les enfants des hommes ! Qu'il mérite d'être aimé et servi ! Encourageons-nous donc à le louer et persévérons constamment au saint propos que nous avons fait de lui consacrer tous les jours et toutes les actions de notre vie ».

Dieu avait levé les obstacles qui s'opposaient aux pieux desseins de Françoise ; elle se hâta d'en procurer la complète réalisation. Les Carmélites que le bienheureux Soreth faisait venir de Liège pour la nouvelle fondation arrivèrent à Vannes, et, le 21 décembre 1463, elles furent mises en possession de leur couvent du Bon-Don, dédié sous le nom et l'invocation des Trois Maries.

Extraits d’un résumé de la Vie de la bienheureuse Françoise d’Amboise par Mgr Richard, vicaire général du diocèse de Nantes (puis archevêque de Paris et cardinal). On trouve sur internet les constitutions de Françoise d'Amboise pour les carmels féminins de Bretagne (il y en aura quatre), un siècle avant sainte Thérèse, un siècle et demi avant les premiers carmels féminins en France.

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