Rerum Creator optime,
Rectorque noster, aspice:
Nos a quiete noxia
Mersos sopore libera.
Très bon créateur de toutes choses, vois : libère nous, qui étions immergés dans le sommeil, d’un nuisible repos.
Te, sancte Christe, poscimus,
Ignosce tu criminibus :
Ad confiténdum surgimus,
Morasque noctis rumpimus.
Christ saint, nous te le demandons, pardonne, toi, les crimes : nous nous levons pour les confesser, nous rompons les pauses de la nuit.
Mentes manusque tollimus,
Prophéta sicut noctibus
Nobis geréndum præcipit,
Paulusque gestis censuit.
Nous levons nos esprits et nos mains, comme nous a prescrit de le faire le prophète pendant la nuit, et comme Paul l’a montré en actes.
Vides malum, quod fécimus:
Occulta nostra pándimus:
Preces geméntes fundimus,
Dimitte quod peccávimus.
Vois le mal que nous faisons : nous mettons au jour ce qui est caché en nous : nous répandons, gémissants, des prières, remets, parce que nous avons péché.
Præsta, Pater piíssime,
Patríque compar Unice,
Cum Spíritu Paráclito
Regnans per omne sæculum.
Amen.
Fais-le, Père très bon, et l’Unique égal au Père, avec le Saint-Esprit, qui règnes pour tous les siècles. Amen.
Hymne des matines, typiquement « ambrosienne », et donc traditionnellement attribuée à saint Ambroise, avant qu’on l’attribue à saint Grégoire le Grand, et que finalement on ne l’attribue plus à personne. Voici la traduction de Jean Racine, dramatiquement amplifiée dans un sens jansénisant, mais autrement plus réussie que celle de Corneille.
Commentaires
Oui, très beau.
Vous êtes sévère avec Corneille, qui du moins n'invente pas des fantaisies (Dieu qui révoque ses propres arrêts) et n'escamote pas la dernière strophe, au contraire il la magnifie.
C'est l'inconvénient de découper une page... La doxologie est la même pour toutes les hymnes des matines et des vêpres (et de tierce, sexte et none) au temps per annum. C'est pourquoi Racine ne la répète pas. Voici comment il la traduit, et c'est très beau aussi :
Exauce, Père saint, notre ardente prière,
Verbe son Fils, Esprit leur nœud divin,
Dieu qui, tout éclatant de ta propre lumière,
Règnes au ciel sans principe et sans fin.