Mgr Jean-Clément Jeanbart, archevêque grec-catholique melkite d’Alep, était hier l’invité de la Radio-Télévision Suisse (RTS) :
— Monseigneur, bonsoir. Vous êtes Jean-Clément Jeanbart, l’archevêque d’Alep, la voix des chrétiens de Syrie, qui ont tellement souffert ces dernières années, l’intervention russe, elle redonne des espoirs aux chrétiens ?
— Oui, effectivement. Je l’ai constaté auprès de mes confrères évêques et prêtres, mais aussi auprès des laïcs, et j’ai vu des signes clairs de reprise de confiance et d’espoir chez beaucoup.
— Vladimir Poutine défend des intérêts propres, des intérêts puissants, stratégiques, est-ce qu’en même temps selon vous il sert les chrétiens ?
— Oui, il sert les chrétiens. Est-ce qu’il le veut ou ne veut pas, je ne sais pas. Il a ses intérêts, nous ne sommes pas dupes, mais aussi il faut reconnaître qu’il est en train d’aider à nous sortir d’une situation inextricable.
— La lutte contre le groupe Etat islamique, selon vous c’est la priorité absolue ?
— C’est la priorité absolue parce qu’on ne peut pas avoir la liberté de s’exprimer, de dialoguer, de se rencontrer, quand il y a des gens qui excluent les autres.
— Qu’est-ce que vous répondez à ceux – notamment les Français aujourd’hui – le gouvernement français qui dit : Assad a commis tant d’atrocités qu’on ne peut pas le préférer à tout autre force en Syrie aujourd’hui ?
— Le gouvernement français est libre de dire ce qu’il veut et moi je ne suis pas un dictateur pour l’obliger à dire autre chose, mais je ne vois pas pourquoi il a une position aussi extrémiste.
— Le régime d’Assad a commis des atrocités. Est-ce qu’en dépit de cela vous considérez qu’il était mieux que la situation actuelle ?
— Qu’il ait commis des atrocités je crois que c’est évident, et peut-être la guerre l’a obligé à le faire encore davantage, qu’il ait été très dur avec les rebelles, aussi, il s’agissait de vivre – c’est ou vivre ou mourir – ou bien il fait la guerre ou bien il ne la fait pas.
— Aujourd’hui vous êtes à Genève invité du Cercle international de la Fondation pour Genève : un nouvelle conférence pour la Syrie à Genève, elle a ses chances ?
— Oui, certainement. Avec tout ce qui se passe maintenant, le progrès d’une certaine remise en ordre des choses, nous espérons beaucoup.