Le gouvernement saoudien vient de publier une liste d’une cinquantaine de prénoms « blasphématoires » ou « inappropriés », en tout cas « incompatibles avec la culture ou la religion du royaume ».
Vous vous dites que les prénoms occidentaux (notamment américains, ou, pire, carrément chrétiens) envahissent le royaume gardien de l’islam, et qu’il est temps d’y mettre un terme.
Mais non. Certes, dans la liste on trouve bien Alice et Elaine, Sandy et Basile, mais ce sont des exceptions. Parmi les prénoms bannis il y a ceux qui sont donnés traditionnellement aux enfants dans les pays arabes et qui font de cet enfant un prince (Amir) ou une princesse (Amira), un roi (Malik) ou une reine (Malika), une altesse (Sumuw), ou carrément un royaume (Mamlaka). Tout cela est désormais interdit : seule la famille régnante est royale…
D’autre part on veille à un scrupuleuse orthodoxie : ainsi sont bannis Abdoul Nabi, Abdoul Hussein ou Abdoul Nasser - esclave du prophète, esclave de Hussein, esclave de celui qui donne la victoire - parce qu’on ne peut être que l’esclave de Dieu et selon l’un de ses 99 noms du Coran. On ne doit pas non plus usurper le nom de prophète (Nabi, et pour les filles Nabiyya).
En fait même des puristes admettent Abdoul Nasser puisqu’il s’agit d’Allah, mais ici on soupçonne le gouvernement wahhabite de rejeter une éventuelle référence à l’ancien raïs égyptien… De même est interdit Benyamin alors qu’il s’agit d’un prophète (Benjamin, l’un des 12 fils de Jacob), mais aussi du Premier ministre israélien…
Enfin, certains interdits sont proprement incompréhensibles, car il s’agit de prénoms faisant partie intégrante de l’islam et même du Coran : Malaak (ange), Jibril (Gabriel), Basmala (au nom de Dieu), Tabarak (béni).
Et le gouvernement saoudien ne paraît pas conscient du problème qui va se poser aux enfants de ceux qui portent un prénom aujourd’hui interdit. Car dans ce pays on appelle les gens par leur prénom suivi de « fils de », avec le prénom du père…
Commentaires
ça craint pour celui qui s'appelle Benjamin fils de Benjamin
À chacun ses fachos, tous dingues...