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Vendredi des quatre temps de carême

C’est l’évangile de la « piscine probatique ». Il semble que lorsque l’évangile fut traduit en latin on ne savait plus de quoi il s’agissait. Plusieurs manuscrits importants (que suit la Vulgate de Stuttgart) disent qu’“il y a à Jérusalem, sur la Probatique, une piscine”. Super Probatica : traduction littérale du grec. Mais en grec épi, qui veut surtout dire en effet “sur”, peut vouloir dire aussi “près de” : « près de la “Probatique” », c’est-à-dire près de la (porte) des brebis. A l’époque du Christ tout le monde comprenait (en grec). Mais par la suite, comme le mot “porte” était sous-entendu, on ne savait plus. Du coup les traductions latines ont gardé “probatique” comme un nom propre, ce qu’il était de fait, sans comprendre ce que voulait dire « Sur la des brebis ». D’autant que sur le plan symbolique il n’est pas indifférent qu’il s’agisse de la porte par laquelle passent les brebis, quand la piscine symbolise le baptême.

Quant au nom hébraïque de la piscine, il est, dit le texte grec, Bethesda. Un nom qu’on ne trouve nulle part ailleurs, mais dont le sens est clair : Bet-hesda : la maison de la miséricorde (l’araméen hesda étant une forme de l’hébreu hesed). Car c’est dans la maison de la miséricorde que le pécheur obtient le salut par le baptême. Le nom est curieusement devenu Bethsaida dans tous les manuscrits latins, sans doute par assimilation avec le nom du village de Pierre, André et Philippe – qui veut dire maison de la pêche, ce qui après tout n’est pas hors sujet… Quant aux traductions (?) modernes elles ont inventé « Bezatha », sous prétexte qu’on ne voit Bethesda nulle part ailleurs alors qu’il y a non loin de ce lieu une vallée de Bezatha…

On remarque que les textes grecs et latins disent : « Il y a à Jérusalem ». La phrase commence par ce verbe au présent. C’est un indice de l’ancienneté de l’évangile de saint Jean. Si cet évangile avait été écrit après la destruction de Jérusalem, comme le prétendent aujourd’hui la plupart des exégètes, on n’aurait pas « il y a », mais « il y avait ».

Cet évangile a été choisi à cause de la piscine (du baptême) en ce jour du deuxième scrutin des catéchumènes, parce que c’est aussi le 38e jour avant Pâques et que l’homme guéri était malade depuis 38 ans.

Saint Augustin a donné une longue explication symbolique de ces 38 ans, dont j’ai donné l’essentiel en 2010. L’homme était infirme parce que 40 est le nombre de la pénitence parfaite, et qu’il lui manque 2 : les deux préceptes de l’amour de Dieu et du prochain. Et c’est grâce à ces deux préceptes que l’homme est guéri.

Jésus lui donne trois ordres : lève-toi, prends ton grabat, et marche, poursuit saint Augustin. En lui disant « Lève-toi », il le guérit, mais les deux autres ordres, pris à la lettre, n’ont guère de sens : on ne voit pas pourquoi Jésus lui demande de partir sur le champ. Or ces mots sont répétés : trois fois, et même quatre fois. C’est qu’en lui disant « prends ton grabat », il lui donne le commandement de l’amour du prochain, et en lui disant « Marche », il lui donne le commandement de l’amour de Dieu. Parce que le grabat est son prochain : le grabat était son prochain qui le portait, maintenant c’est à lui de porter son prochain : « portez les fardeaux les uns des autres ». Et en lui disant de marcher, il le conduit vers Dieu qui est Amour. Preuve en est qu’il le retrouve ensuite au Temple : une fois guéri, l’homme est allé dans le lieu saint, dans le lieu de la Présence de Dieu.

Commentaires

  • "C’est un indice de l’ancienneté de l’évangile de saint Jean. Si cet évangile avait été écrit après la destruction de Jérusalem, comme le prétendent aujourd’hui la plupart des exégètes, on n’aurait pas « il y a », mais « il y avait »".
    J'ai lu aussi cette objection dans les ouvrages du P.de Ligny. Mais, à mon humble avis, elle n'est pas déterminante. En effet la piscine probatique existe toujours à Jérusalem puisque les fouilles archéologiques l'ont retrouvée. Elle n'a donc pas été détruite par la catastrophe de 70. D'autre part l'évangile de Jean est forcément postérieur à la mort de Pierre puisqu'il y fait allusion, donc postérieur à 64 pour le moins. Ensuite il fait allusion à la longévité exceptionnelle de l'auteur, l'apôtre Jean. Au point que certains disaient qu'il ne mourrait pas. Ce qui situe la rédaction du IVe évangile vers la fin du Ier siècle.

    C'est conforme à la tradition la plus ancienne, par exemple le Canon de Muratori, que Jean a vécu très vieux à Ephèse et même (d'après Irénée) jusqu'à Trajan. Donc dans les dernières années du premier siècle.

    Ce qui ne veut pas dire qu'il a attendu d'avoir 90 ans pour composer notre IVe évangile. L'Apocalypse, par contre, du même saint Jean, a été rédigée avant la chute de Néron, le sixième César, mais après la mort de Pierre et de Paul (les deux témoins). Dans entre août 64 et début 68 au plus tard.

  • Je ne suis pas du tout convaincu par l'explication symbolique de saint Augustin.

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