Jésus chasse « tous ceux qui vendaient et achetaient dans le temple » et il « renverse les tables des changeurs et les sièges de ceux qui vendaient des colombes » (Matthieu 21, 10-17).
L’épisode est raconté par les quatre évangélistes. Saint Luc ne cite aucun animal. Saint Matthieu et saint Marc citent uniquement les colombes. Saint Jean cite les colombes, les bœufs et les brebis. Mais c’est aux marchands de colombes qu’il s’adresse quand il dit : « Ne faites pas de la maison de mon père une maison de commerce. » Saint Bède, dans la lecture des matines, souligne que la colombe est l’image du Saint-Esprit, et que les colombes signifient les charismes du Saint-Esprit : « Or, dans le Temple de Dieu aujourd’hui, qui vend des colombes sinon ceux qui dans l’Eglise reçoivent de l’argent pour l’imposition des mains ? Par cette imposition, en effet, le Saint-Esprit est donné d’en haut. »
C’est la simonie, dont on jugerait à tort qu’elle n’existe plus (cf. par exemple le copyright des évêques sur leur très mauvaise traduction soi-disant liturgique de la parole de Dieu).
Si saint Matthieu ne cite que les colombes, il fait néanmoins allusion aux autres animaux du sacrifice, par l’intermédiaire du psaume 8. Jésus en effet cite le psaume 8 pour justifier que les enfants l’acclament comme le fils de David : « De la bouche des enfants et des nourrissons tu as parfait la louange ». L’épître aux Hébreux cite un autre verset de ce même psaume pour souligner que ce psaume parle bien du Christ, auquel tout est soumis sur la terre. Le psaume précise : les moutons et les bœufs, toutes les bêtes des champs, les oiseaux et les poissons. Or le psaume suivant qui évoque les bœufs est le 49e, et c’est le psaume où Dieu dit qu’il ne veut pas de sacrifices d’animaux, parce que tout ce qui est sur la terre est à lui et qu’il ne mange pas de la chair de taureau et ne boit pas du sang de bouc. Mais qu’il faut immoler à Dieu un sacrifice de louange. C’est la prophétie de ce psaume, la demande même de Dieu, que le Christ réalise dans le temple quand il chasse les marchands d’animaux. Le seul sacrifice doit être le sacrifice de louange, la seule louange digne de Dieu : le sacrifice du Fils de Dieu.
C’est pourquoi dans l’évangile de saint Jean, les Juifs demandent à Jésus quel est le signe qu’il accomplit (à la façon des prophètes d’autrefois), et il leur répond : Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai. « Il parlait du temple de son Corps. »
Commentaires
Autre question évangélique.
Les trois synoptiques, Matthieu, Marc et Luc, placent l'épisode des marchands chassés du Temple à la fin du ministère de Jésus, en l'an 33 donc, le lendemain de l'entrée solennelle à Jérusalem.
Tandis que Jean place l'épisode au début du ministère de Jésus, lors de sa première Pâque à Jérusalem, juste avant l'entretien avec Nicodème. En l'an 30 donc.
Quelle fut la vérité historique ?
Pour moi vos questions sont bizarres. Ce que vous appelez la "vérité historique" de cet épisode m'est totalement égal. La seule question que je puisse me poser est de savoir quel est le sens de la place de l'épisode dans l'architecture de l'évangile de saint Jean. Comme le sens, non la "vérité" (introuvable), de l'ordre des trois tentations du Christ.
La Vérité historique est facile à deviner: c'est par deux fois (et non pas une seule) que le Christ a chassé les marchand du temple: à la première et à la quatrième Pâque de la durée de sa "Vie Publique".
Bravo , Marie, c'est exactement cela, la réponse.
On peut certes penser qu'il y a eu deux épisodes de ce type. Mais je ne le crois pas. Parce qu'il s'agit d'un geste typiquement prophétique, et que c'est un geste qu'on ne fait qu'une fois.
Dans saint Jean il est au début de la première pâque. Dans les autres au début de l'unique pâque...
Cher monsieur Daoudal,
Vous avez raison, il faut vérifier. J'ai donc consulté la concordance des Évangiles sur la Vulgate, l'Histoire de Jésus: il y a bien deux épisodes, (d'après eux): le 1er raconté par St Jean, lors de la 1ère Pâque, le deuxième, au lundi de la semaine sainte, raconté par les autres évangélistes, 3ans plus tard.
Ce qui me fait penser à une signification encore plus redoutable, un genre d'avertissement, il faudra que j'approfondisse...
Mes amitiés
PS: et merci beaucoup pour les textes que vous publiez: j'apprends beaucoup grâce à vous!
On peut lire chez certains auteurs que les synoptiques concentrent en une année des événements étalés sur trois chez Jean ; la vie publique y serait ramenée à une année au lieu de trois. Les synoptiques s'attachent plus au paroles du Christ qu'à la chronologie car ils auraient été développés à partir de recueils oraux des paroles du Christ appris par coeur. Jean serait plus précis quant à la chronologie.
Certes. Mais les commentateurs antiques des évangiles, dès le Canon de Muratori, qu'on date des environs de l'an 170, et surtout Eusèbe de Césarée, se sont plus à faire remarquer que l'évangéliste Jean avait voulu combler les lacunes de ses prédécesseurs, dont il avait les ouvrages sous la main. Jean a voulu raconter en particulier l'apostolat judéen de Jésus, avant l'apostolat galiléen raconté par les seules synoptiques.
Je n'invente pas.
"Alors que les trois évangiles écrits précédemment avaient été transmis chez tous et chez lui aussi, il les reçut dit-on, en rendant témoignage de leur vérité. Mais il manquait à leurs écrits le seul récit des choses faites par le Christ dans les premiers temps et au début de sa prédication. Et ce motif est véritable. En effet, il est possible de voir que les trois évangélistes ont écrit seulement ce qui a été fait par le Sauveur après l'arrestation et l'emprisonnement de Jean-Baptiste, durant une seule année." E.H. III, 24, 11. Et plus loin : "Ainsi donc , Jean, dans son évangile écrit, rapporte ce qui avait été fait par le Christ lorsque le Baptiste n'avait pas encore été jeté en prison." E.H. III, 24, 12.
Selon le témoignage des Anciens, il faut regarder les évangiles comme complémentaires et non pas opposés et les prendre dans tout leur vérité historique, selon leur témoignage propre.
Jésus renverse et chasse fortement les gros vendeurs, ceux qui font profit éhonté dans le Temple.
Il demande aux vendeurs de colombes de sortir, sans doute avec douceur simple et claire.
Pourquoi ?
Parce que les abus qui déplaisent et narguent Dieu appellent réponse de même niveau. Dieu détruit les actes mauvais. Par contre, les colombes, messagères divines en d'autres endroits, sont bonnes, quand c'est le moment de leur service. Dieu n'est pas dur avec les petites gens.
Cela signifie qu'il nous reprend vertement dans nos méfaits, mais nous aborde doucement pour nous aider à renoncer à ce qui est bon, mais pas important.
- Vendre les colombes ? Oui, merci, mais allez ailleurs !
Cela nous aide à trier nos actes, et à choisir ce qui plait le plus à Dieu. Parfois, il faut oublier même ce qui n'est pas mauvais, mais à un autre endroit ou moment. Et se centrer sur le service exprès de Dieu.
Ainsi de faire Oraison, 100 % ce temps à Dieu.
Même si c'est à d'autres instants bon de cuisiner, marcher, ou rendre service.
Lu, je ne sais plus où...
Ne serait-ce pas dans Boulgakoff ?
Avec mes bonnes salutations
Glycéra