L’agence Asianews publie une longue dépêche sur la situation en Syrie, dont l’essentiel est la retranscription de propos de S.B. Ignace Joseph III Younan, le patriarche de l’Eglise syriaque catholique. Voici une traduction de ces propos :
Les Etats-Unis, l’Union européenne et les Etats du Golfe ont une grande responsabilité dans cette guerre, qui a commencé comme un pacifique printemps arabe. En soutenant les rebelles, qui ne sont pas unis, ils ont excité la haine entre les gens. Nous, chrétiens, sommes déçus par le comportement de ces pays. Leur argent et leur pétrole ont acheté la conscience du monde, justifiant la violence.
Les chrétiens qui restent en Syrie sont les seuls qui peuvent porter témoignage, à travers leur vie et leurs valeurs, à la possibilité d’une réconciliation, maintenant quasiment exclue tant par le régime que par les rebelles.
La situation empire et devient plus déchirante de jour en jour. Ce n’est plus un printemps arabe, c’est un conflit sectaire entre la minorité alaouite et la majorité sunnite.
[L’Eglise a déjà appelé le régime à des changements démocratiques.] J’ai moi-même exprimé cette opinion à la télévision d’Etat. Il doit y avoir un changement, mais pas par la violence. L’impact de la haine sectaire durera des décennies après la fin de la guerre. [C’est pourquoi le bon chemin est celui d’une vraie réconciliation.] Il ne peut pas y avoir d’accord avec des conditions préalables. Si les rebelles l’emportent, ils réclameront la tête d’Assad, la communauté alaouite disparaîtra et peut-être aussi d’autres minorités. Il y a également un risque avec les conditions imposées par le président qui veut jeter hors du pays tous les sunnites…
Compte tenu de ce qui s’est passé en Irak, et par les conséquences de la guerre syrienne au Liban, nous, les chrétiens, du Proche Orient, sommes confrontés au grand défi de notre histoire, celui de rester dans nos cités et de convaincre notre jeunesse de ne pas fuir. Notre rôle est fondamental pour la réconciliation entre les gens divisés par la haine. Comme le pape l’a dit, nous devons prier et œuvrer pour la paix, le dialogue, la réconciliation et la défense des droits de l’homme ici en Syrie.
(De la petite Eglise syriaque catholique il ne resterait que 42.000 fidèles en Irak et 26.000 en Syrie. La majorité de ses fidèles vit désormais dans la diaspora.)