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En Indonésie, le "scandale Fikri"

Le scandale qui passionne les Indonésiens depuis quelque temps est la répudiation d’une jeune femme de 18 ans par son mari quatre jours après leur mariage.

Le mari, Aceng HM Fikri, est un fonctionnaire important, chef du district de Garut (2,4 millions d’habitants), province de Java ouest. Il est déjà marié selon la loi civile qui ne reconnaît pas la polygamie, mais puisqu’il est musulman il considère qu’il a le droit à d’autres femmes. Il s’est donc islamiquement marié, le 14 juillet, avec une jeune fille de 18 ans. Et quatre jours plus tard il lui a envoyé un texto de répudiation, disant qu’il n’avait pas dépensé 250 millions de roupies (20.000 €) « pour une fille qui n’était même par vierge ». Et à ceux qui lui reprochaient son attitude, il expliquait : « En dépensant tout cet argent, j’avais le droit de m’attendre à ce qu’elle soit vierge. Coucher avec une célébrité m’aurait coûté moins cher. »

Les associations féminines et de défense des droits de l’homme sont montées au créneau. Le « scandale Fikri » a fait le tour de l’Indonésie et provoqué des manifestations demandant la démission du chef de district. L’affaire est arrivée jusqu’à la présidence de la République, et le président a demandé au ministre de l’Intérieur d’obtenir la démission de Fikri, pour conduite inappropriée et indécente.

On remarquera que dans ce pays où la loi ne reconnaît que le mariage monogame, et où la polygamie est spécifiquement interdite aux fonctionnaires, l’un d’eux peut prendre une autre épouse sans encourir de sanction : on lui demande seulement de démissionner… parce qu’il l’a méchamment répudiée.

Cette affaire souligne que la polygamie est en fait très répandue en Indonésie (avec des épouses de deuxième classe – éventuellement esclaves - qui n’ont aucun droit puisqu’elles ne sont pas légalement mariées).

La question est de savoir s’il y a une affaire Fikri à cause d’une prise de conscience du problème, ou s’il y a une affaire Fikri parce que le phénomène ne cesse de s’étendre. La réponse est vraisemblablement la seconde hypothèse : il y a en Indonésie, comme dans tous les pays musulmans, une islamisation qui rend de plus en plus artificielles et de moins en moins appliquées les législations laïques prises en d’autres temps (en l’occurrence sous Suharto).

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