Mgr Markus Büchel, évêque de Saint-Gall et, à partir du 1er janvier prochain, président de la conférence épiscopale suisse, s’est prononcé contre l’initiative populaire « Financer l’avortement est une affaire privée - Alléger l'assurance-maladie en radiant les coûts de l'interruption de grossesse de l'assurance de base », le 21 novembre, dans un quotidien suisse de langue allemande. Au motif que selon lui l’initiative ne réduira pas le nombre d’avortements mais sera un pas vers une médecine à deux vitesses : les riches pourront avorter, et pas les pauvres… Il a été aussitôt suivi par l’inénarrable abbé d’Einsiedeln, Mgr Werlen (qui n’est pas évêque mais fait partie de la conférence épiscopale) qui ose reprocher aux auteurs de l’initiative de ne pas remettre en cause l’avortement lui-même, alors qu’il sait parfaitement que pour le moment c’est impossible (l’avortement a été dépénalisé par une votation en 2002) et que l’initiative contre le remboursement de l’avortement par l’assurance maladie a été évidemment lancée par des militants pro-vie.
On peut se demander pourquoi l’évêque de Saint-Gall réagit maintenant, alors que l’initiative a été validée par la chancellerie fédérale le 16 août de l’année dernière. Sans doute était-il interrogé sur l’avis de la Commission de la sécurité sociale et de la santé, qui a pris position contre l’initiative le 2 novembre dernier, comme l’avait fait le Conseil fédéral le 9 mai.
On imagine que Mgr Büchel est surtout mécontent d’une initiative dont l’origine est encore l’UDC (comme pour les minarets, quand les évêques suisses avaient pris position contre l’UDC donc en faveur de l’islam). Cela dit, s’il y avait en effet 8 députés UDC dans le comité d’initiative, il y avait aussi 4 députés du parti démocrate chrétien, les 2 députés du parti évangélique, le député de l’Union démocratique fédérale, et même 2 députés du parti libéral-radical.
Quoi qu’il en soit le débat est relancé. Et l’évêque de Coire, Mgr Huonder, le poil à gratter de la conférence épiscopale, et son auxiliaire Mgr Eleganti, ont aussitôt fait savoir qu’ils n’étaient pas d’accord avec Mgr Büchel, car actuellement, par l’assurance maladie obligatoire, chaque assuré participe obligatoirement au financement de l’avortement, ce qui est contraire à la liberté de conscience.
Du coup, la conférence épiscopale va se saisir de la question, lors de son assemblée qui se tient du 3 au 5 décembre.
Il n’en fallait pas plus pour ranimer les ardeurs des auteurs de l’initiative, qui mettent les évêques au pied du mur en leur demandant publiquement de soutenir le projet. Car un non, ou une absence de consigne, seraient « une reconnaissance personnelle de la poursuite du financement de crimes horribles »…