Sandro Magister cite quelques interventions au synode sur les conversions de musulmans au christianisme.
Mgr Paul Desfarges, évêque de Constantine :
"Dans certains de nos pays – a-t-il expliqué – la grâce nous est donnée d’accueillir des fidèles provenant de familles musulmanes. En général, ce sont des gens qui étaient en questionnement intérieur depuis longtemps. Parfois, dans leur propre famille, ces nouveaux disciples sont rejetés ou en tout cas contraints à une très grande discrétion. Cependant, avec le temps, ils découvrent que leur histoire spirituelle avec Dieu a commencé bien avant leur conversion et que l’Esprit les a guidés par l’intermédiaire de telle ou telle personne musulmane de leur entourage qui incarnait des valeurs spirituelles et humaines. Ces disciples nous rappellent, eux aussi, que le dialogue de vie est au cœur du témoignage de l’Évangile."
S.B. Béchara Boutros Raï, patriarche des maronites :
"Dans les pays arabes – a-t-il expliqué – l’évangélisation est pratiquée d’une manière indirecte dans les écoles catholiques, dans les universités, dans les hôpitaux et les institutions sociales appartenant aux diocèses et aux ordres religieux, qui sont ouverts aux musulmans comme aux chrétiens. L’évangélisation indirecte est pratiquée surtout par le biais des moyens de communication sociale, en particulier catholiques, qui transmettent les célébrations liturgiques et divers programmes religieux. Nous constatons qu’il y a chez les musulmans des conversions secrètes au christianisme".
Ensuite, au cours d’un exposé particulièrement bien construit, l’archevêque Joseph Absi, auxiliaire et protosyncelle à Damas des grecs-melkites de Syrie, a fait état de "l’ouverture de certains musulmans au christianisme, sans doute aidée par les moyens actuels de communication" et du fait que "certains d’entre eux sont même parvenus à découvrir dans le Christ le visage aimant du Père". Mais, a-t-il ajouté, étant donné que "les musulmans n’arrivent pas à faire la distinction entre chrétiens et occidentaux puisque, pour eux, il n’y a aucune distinction entre ce qui est religieux et ce qui est politique et social", il arrive que le comportement des occidentaux, surtout au niveau culturel et politique, d’une manière générale, "porte atteinte à la sensibilité religieuse et nationale, aux valeurs, à l’éthique et à la culture des musulmans" et qu’il constitue donc "un obstacle à leur ouverture au christianisme et à leur éventuelle évangélisation". En effet, a-t-il expliqué, "la plupart des musulmans sont convaincus que le relâchement des mœurs, l’exploitation des peuples pauvres et faibles, le mépris de la religion musulmane qu’ils constatent chez les occidentaux, proviennent des chrétiens ou de chrétiens". D’où la question "comment et quoi faire pour éviter que les musulmans ne confondent christianisme et Occident, chrétiens et occidentaux, et ne se sentent bafoués, frustrés ?". Et la demande adressée au synode, de "se pencher sur cette question pour essayer d’éviter, dans la mesure du possible, les tensions et les malentendus et pour faire en sorte que les musulmans soient plus réceptifs à l’égard de l’Église et de l’Évangile".
Dans une déclaration particulièrement dramatique, John Ebebe Ayah, évêque d’Ogoja, au Nigeria, a souligné que "beaucoup de nos frères et sœurs musulmans rêvent de se convertir à la foi chrétienne mais ne peuvent le faire par peur de perdre la vie".