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L’humour selon les magistrats de la cour d’appel de Paris

Dépêche AFP

L'Agrif a été déboutée mercredi par la cour d'appel de Paris des poursuites qu'elle avait engagées contre Charlie Hebdo après la publication de son numéro "Spécial Pape" de septembre 2008.

L'Alliance générale contre le Racisme et pour le Respect de l'Identité française et chrétienne (Agrif) estimait que l'hebdomadaire satirique avait "incité à la haine" envers les chrétiens, en publiant "deux petits libelles éminemment toxiques".

Dans le premier, titré "Fondamentaux", on pouvait lire: "Messe en latin, éducation religieuse, moeurs rigoureuses... Benoît XVI est pour un retour aux fondements du catholicisme. Nous aussi: que l'on redonne les chrétiens à bouffer aux lions".

Le second passage poursuivi était une "devinette": "De quel ouvrage pornographique est tirée cette phrase : +On lui amènera des petits enfants pour qu'il les touche+ ? Réponse : l'évangile selon Saint Marc. Et c'est juste après que ce gros cochon de Jésus-Christ s'exclame: +Laissez venir à moi les petits enfants+".

Le 2 juin 2009, le tribunal correctionnel de Paris avait débouté l'Agrif, la condamnant même à verser un euro de dommages et intérêts à Charlie Hebdo pour procédure abusive.

Mercredi, les magistrats de la cour d'appel ont confirmé le débouté. "Ironiquement et volontairement outranciers, inconvenants peut-être, les passages incriminés ne peuvent pas tromper sur le but poursuivi : faire rire le lecteur, lequel ne peut se méprendre sur leur sens et leur portée", ont-ils jugé dans leur arrêt.

Pour la cour, "il ne saurait être sérieusement soutenu que ces propos délibérément provocants et dans la ligne éditoriale générale de cet hebdomadaire satirique, incitent de quelque façon que ce soit le public à (...) la haine".

"S'ils peuvent heurter quelques sensibilités, ces passages, imprégnés de l'humour sommaire en vigueur dans les cours de récréation, ne dépassent pas les limites permises de la liberté d'expression", a-t-elle conclu.

En revanche, elle a infirmé la condamnation de l'Agrif pour procédure abusive, estimant qu'une association ne pouvait être condamnée juste pour "absence du sens de l'humour".

[L'Agrif se pourvoit en cassation.]

Rappel : dimanche 11 avril, grande Journée du 25e anniversaire de l'Agrif à Villepreux.

Commentaires

  • Il serait intéressant de reprendre ces phrases, en les appliquant à d'autres et d'attendre les réactions et surtout les jugements qui ne manqueraient pas d'être prononcés.
    C'est un risque à prendre, mais on pourrait ainsi juger de l'impartialité de le justice, non?

  • on prend les mêmes phrases, vous changez les mots chrétiens par les mots "juifs", et les mots lions par "fours crématoires", et vous obtenez une bronqua médiatico-politique, justifiée compte tenu des horreurs que ces croyants ont vécus pendant le communisme et pendant le nazisme.

    bref ce que l'on autorise pas pour les juifs, à juste titre et heureusement d'ailleurs, on l'autorise pour les catholiques....logique, c'est de l'humour,voyons, non?

    moi ni pour les juifs, ni pour les chrétiens, ni pour les musulmans, ni pour aucune communauté religieuse, cela ne me fait rire : il faut croire que nos magistrats aiment l'humour morbide, noire, tortionnaire comme les romains pendant les jeux : c'est de la bonne distraction, voyons!!!! peuple, riez, avec césar (c'est de l'humour, pour moi aussi, ici..;!!!

  • L'AGRIF croyait s'adresser à un aréopage de juristes, elle avait à faire à un jury d'esthètes chargés d'apprécier l'humour.

    Ainsi la désopilante cour d'appel a attribué le prix de l'humour à CH et a critiqué le manque d'humour de l'AGRIF. Simple, plein d'humour et de bon goût... Quels esthètes géniaux composent cette cour !

    Cet arrêt devrait être proposé pour concourir au mondial de l'humour.

    En réalité, ces "esthètes" ne sont pas des juristes (ils ne sont pas des esthètes non plus d'ailleurs). L'égalité de traitement de tous, qui est l'âme de la justice, qui est un principe juridique fondamental, dépasse visiblement ces rigolards (qui ne rigolent, ces bons apôtres, que des chrétiens et du christianisme à l'exclusion de toute autre confession).

    Souhaitons bonne chance à l'AGRIF devant la "Cour de cassation".

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