Rachida Dati a mangé son chapeau (on ne sait pas si c’est un Dior, ou un YSL en hommage au cher disparu). Après avoir justifié le jugement de Lille, voilà qu’elle demande au parquet d’interjeter appel. Il est vrai qu’elle était quelque peu isolée face à la meute des bonnes consciences droits-de-l’hommesques, qui n’ont pas compris sa bienveillance islamique.
Rachida Dati n’avait pas craint de dire que la justice est là pour protéger les plus vulnérables, à savoir la jeune femme. C’était une inversion patente du rôle de la justice : la justice est là pour protéger le plaignant face à celui qui lui a fait du tort. Elle protège le volé, pas le voleur. Or, ici, la personne qui se dit lésée est le mari, et la personne qui lui a fait du tort est la femme. Si le jugement de Lille a été rendu, contrairement à la mission de la justice, pour protéger celle qui est dans son tort, c’est parce qu’en donnant raison au mari la justice empêche celui-ci (voire la famille de la jeune femme) d’exercer des représailles, de commettre un « crime d’honneur ». Ce qui est une preuve flagrante que le jugement a été rendu selon la loi islamique et non selon la loi française.
Face au tollé, et sans aucun doute sous la pression de Nicolas Sarkozy, Rachida Dati effectue donc un virage à 180 degrés.
Nombre de juristes doutent que cet appel soit recevable en une telle matière, et compte tenu que le jugement était définitif. Ce qui aurait été à coup sûr recevable eût été une demande de pourvoi en cassation dans l’intérêt de la justice (qui a été suggéré hier par François Fillon) et qui aurait donné l’occasion à la Cour de cassation de préciser la jurisprudence. Mais ce pourvoi est impossible parce que le délai est d’un mois après la notification du jugement aux parties (qui a eu lieu le 1er avril). En revanche, pour l’appel, il n’y a en fait pas de délai : le délai est d’un mois à partir de la notification du jugement au parquet par les parties, et les parties n’ont certainement pas fait cette démarche jusqu’à ce jour.
Maintenant, si l’appel est recevable, la suite ne va pas être triste. Compte tenu de la pression politico-médiatique, les magistrats n’auront pas d’autre choix que d’annuler le jugement de première instance. Ce leur sera d’autant plus facile qu’ils jugeront ainsi selon la tradition du droit français. Ainsi le musulman et sa femme répudiée seront de nouveau mariés. Le musulman se pourvoira-t-il en cassation, grâce à l’aide généreuse des lobbies laïcistes droits-de-l’hommesques? Ou bien décidera-t-il de divorcer ? Mais que va dire la jeune femme qui, renvoyée chez ses parents comme un traînée, était prétendument d’accord avec la procédure de nullité ? Le suspense est insoutenable...
Commentaires
Quel méli-mélo dans la procédure. Quel méli-mélo dans la justice. Je ne sais pas comment le Tribunal a pu justifier sa décision ? Je comprends que cette affaire donne du "fil à retordre" à la justice mais n'ayant pas assisté à la séance, je ne peux rien ajouter de plus. Bonne journée.
@ Lapinos
Apparamment la conscience laïque française voudrait même interdire la virginité. Quid du mode d'application d'une telle interdiction : dès le berceau ?
La différence entre le divorce et l'annulation est que la deuxième a pour effet de considérer le mariage comme n'ayant jamais existé, alors que le divorce dissout le mariage avec des effets postérieurs, comme éventuellement l'obligation de verser une pension alimentaire.
Il y a en outre une réflexion que je me fais dans cette histoire. La classe politico-médiatique s'offusque de ce qu'une valeur islamique, telle l'exigence de virginité, ait pu etre prise en compte par la justice pour prononcer cette annulation. En revanche, elle ne s'est pas offusquée du fait que la justice ait fondé l'interdiction de la soupe au cochon sur une autre valeur islamique, en l'occurrence sur la prohibition de la consommation de porc pour les musulmans.
"Célébré le 8 juillet 2006, le mariage unissait un ingénieur français converti à l'islam et une étudiante française de confession musulmane."
c'est ce qu'on peut lire dans un article de http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/05/30/debat-apres-l-annulation-d-un-mariage-entre-musulmans_1051815_3224.html
si l'information s'avère véritable, nul doute que certains vont encore se prendre les pieds dans le tapis.