Le Premier ministre slovène Janez Jansa prend manifestement à cœur son rôle de président du Conseil européen, multipliant les déclarations sur tous les sujets. Du haut de sa toute nouvelle et très provisoire autorité, il donne des leçons à tout le monde. A la Serbie , bien sûr (contentieux historique oblige), en estimant inéluctable l’indépendance du Kosovo. A ses voisins de Bosnie-Herzégovine, naturellement, pays qu’il estime faire peser une menace « plus grave » pour la stabilité des Balkans que le Kosovo, et il ne craint pas d’ajouter que les pays de l’Union européenne « doivent agir ». Mais aussi à la France. Là c’est le ministre des Affaires étrangères slovène qui prend le relais, pour fustiger notre pays coupable de ne pas vouloir respecter ses engagements sur la réduction des déficits, et pour signifier que « nous avons besoin du plein soutien de tous les Etats membres » pour poursuivre les négociations d’adhésion avec la Turquie.. .
Aujourd’hui, le Premier ministre slovène a passé les bornes, en osant s’en prendre au gouvernement portugais qui envisage un référendum sur le traité de Lisbonne : « Même s’il devait y avoir un référendum au Portugal, il serait positif, et c’est certainement le droit des citoyens portugais, du gouvernement et du Parlement portugais de choisir le mode de ratification. Mais l’Europe est très imbriquée, et nous devons nous demander comment les événements dans un pays peuvent influencer les événements dans un autre pays où la situation pourrait être quelque peu différente. »
C’est joliment dit, mais c’est une tirade digne des eurocrates les plus aguerris. Les Portugais ne doivent pas donner la parole à leur peuple, parce que si leur peuple est susceptible de bien voter, cela risque de donner des idées à d’autres, qui pourraient mal voter.
On voit que M. Jansa a pris des cours accélérés de « démocratie européenne », qui ne l’ont sans doute pas beaucoup changé de ce qu’il connut naguère à l’Alliance des jeunes socialistes dans la Slovénie communiste inféodée à Belgrade. A cela près qu’il était alors pour l’indépendance de son pays, et qu’il est aujourd’hui pour la soumission de tous les pays à la dictature européiste.
(Petit rappel. La Slovénie était un Etat de la Yougoslavie communiste jusqu’en 1991. Elle est plus petite que la Bretagne, tant en superficie qu’en population. Elle a dû créer artificiellement des régions pour bénéficier des aides régionales de l’UE, dont elle fait partie depuis moins de trois ans. J’aime beaucoup ce pays, que je connais bien, et j’ai des amis slovènes. Mais un peu de décence siérait mieux à ses dirigeants que cette odieuse surenchère européiste.)
Addendum. Dans la nuit de mardi à mercredi, la commission politique du parti socialiste portugais a décidé à une large majorité d'opter pour la voie parlementaire. L'annonce officielle doit être faite ce mercredi...
Commentaires
Magnifique !
Sont-ce des cours accélérés de “démocratie européenne”ou bien tout simplement des résurgences des bonnes vielles méthodes des démocraties populaires ?
On sait en quelle haute estime les démocraties populaires ont toujours tenu leurs populations et leur droit d’expression.
Je ne comprends pas l'attitude de la Slovénie (ni celle de la Bulgarie ou de la Grèce) sur l'adhésion de la Turquie à l'Europe. Je connais assez bien les pays dits balkaniques et il me semble que le joug ottoman ne leur a pas laissé de bons souvenirs. Au contraire, ces souvenirs me paraissent bien symbolisés par "la Tour des Crânes" à Nis en Serbie ou encore par tel panneau routier qui indique la direction de Constantinople et non d'Istambul, près de Kartala en Grèce. Quant à l'Autriche, son attitude est ahurissante. Mais l'opinion des dirigeants reflète-t-elle vraiment celle des peuples? Le débat sur les referendums éventuels tend à montrer qu'il nen est rien.
Nombreux sont les politiciens qui aiment agrémenter leurs discours des mots « démocratie », « valeurs républicaines », « démarche citoyenne » et cetera... Mais nous voyons que nous ne sommes pour eux que du bétail, ou au mieux des gueux sans éducation qui ne comprenons pas « ou sont nos intérêts ». En réalité ce ne sont pas vraiment nos intérêts qu'ils défendent. La preuve en est qu'il n'ont pas souhaité renforcer l'Europe avant de l'élargir, et songent désormais à accroître ses liens économiques avec les États Unis.
C'est génial...
Je ne sais plus ou j'ai lu une analyse (qui semblait très sérieuse) qui expliquait que la présidence Slovéne de l'UE était totalement artificielle, ce pays n'ayant pas les structures diplomatiques et les compétences pour ce faire. Et que derriere cette présidence, l'UE et la France, prochaine présidence, tenaient la plume.
Selon cet article, le Royaume-Uni serait mécontent de ce fait. G.Brown ayant promis aux anglais qu'on irait pas plus loin et N.Sarkozy n'arrétant pas de dire qu'il faut aller vers les politiques de défense, d'immigration... communes....