« Bienheureux les pauvres d'esprit, parce qu'à eux appartient le royaume des cieux. » Nous lisons, à propos de l'ambition des choses temporelles : « Tout est vanité et présomption d'esprit (Eccl. 1, 44). » Or présomption d'esprit veut dire audace et orgueil; on dit en effet vulgairement des orgueilleux qu'ils ont l'esprit haut, magnus spiritus, et avec raison, puisque le mot spiritus veut dire aussi vent; comme nous lisons dans un psaume : « le feu, la grêle, la neige, la glace, l'esprit de la tempête (Ps.148). » Et qui ignore qu’on donne aussi aux orgueilleux le nom d'enflés, comme qui dirait bouffis par le vent ? A quoi revient encore le mot de l'Apôtre : « La science enfle, mais la charité édifie (I Cor. 8, 1). » C'est pourquoi on a raison d'entendre ici par pauvres d'esprit les hommes humbles et craignant Dieu, c'est-à-dire qui n'ont point l'esprit qui enfle. Or la béatitude ne pouvait absolument avoir un autre principe, puisqu'elle doit arriver à la souveraine sagesse, et que « la crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse (Eccli 1, 16) » tandis qu'au contraire, « l'orgueil est donné comme le commencement de tout péché (Eccli 10, 15.). » Que les orgueilleux ambitionnent donc et aiment les royaumes de la terre; mais « heureux les pauvres d'esprit, parce qu'à eux appartient le royaume des cieux. »
(Saint Augustin, explication du Sermon sur la montage, livre 1, ch. 1)
Sur la fête de la Toussaint , Halloween, Samain, le jour des morts, etc., voir ma note de l’an dernier.
Commentaires
Ce n'est pas les pauvres d'esprit, mais les pauvres en esprit.
Pauvres d'esprit, cela signifie simplet.
Ce qui n'est pas le cas ici.
[J'ai reproduit telle quelle la traduction de la fin du XIXe siècle que l'on trouve à l'abbaye Saint-Benoît de Port-Valais. Je me suis demandé si j'allais modifier ce début, puis je l'ai laissé. "Pauvre d'esprit" a été très longtemps la traduction habituelle. Sainte Thérèse de Lisieux emploie encore cette expression (et l'on sait l'importance de ce thème dans sa spiritualité). Finalement, je ne vois pas de raison d'obéir à la lexicographie actuelle. D'ailleurs, d'une certaine façon, il faut en effet devenir "simplet", comme un enfant, infans, qui ne sait pas parler. YD]
En latin, c'est "pauvres en esprit"
Bossuet dans un sermon emploie lui aussi cette traduction.
D'ailleurs, c'est sémantiquement plus "correct".
Une erreur de language peut toujours être corrigée, nul besoin de recopier les fautes des autres.
Je pense d'ailleurs que si vous aviez écrit pauvres en esprit, il se serait trouvé pas mal de lecteurs pour vous faire remarquer une erreur de language.
Comme quoi.