Deux chercheurs contestent vigoureusement la manière dont le ministère de l'Intérieur traite les chiffres et statistiques de la délinquance, dans un livre à paraître jeudi. En soi ce n’est pas nouveau, et certaines techniques sont bien connues : refus d'enregistrer une plainte, déqualification d'une infraction de délit en contravention (non prise en compte dans les statistiques), regroupement de plusieurs délits sous un seul procès-verbal et en un seul comptage statistique... mais c’est peut-être la première étude fouillée et spécifique sur la question.
« Le système triche avec ces chiffres, c'est une manipulation », a affirmé à l'AFP Jean-Hugues Matelly, chercheur au Centre d'études sur la police à l'Institut d'études politiques (IEP) de Toulouse, co-auteur avec Christian Mouhanna, chercheur au CNRS, du livre "Police, des chiffres et des doutes" (Editions Michalon).
Le livre est un véritable réquisitoire contre la façon dont le ministère de l'Intérieur comptabilise, traite et rend publics les chiffres de la délinquance. Il fourmille de tableaux et de témoignages de policiers et de gendarmes qui, sous couvert d'anonymat, illustrent la thèse des auteurs.
Ceux-ci, dont l'un est par ailleurs gendarme en exercice, estiment que policiers et gendarmes travaillent « sous pression » et dénoncent les « faiblesses structurelles » et « l'instrumentalisation » des statistiques pour « montrer que la politique du gouvernement réussit ». « Les chiffres de l'Intérieur sont aberrants », souligne Jean-Hugues Matelly.
Commentaires
Pourquoi ne sommes nous pas étonnés de lire cela?
On savait depuis longtemps que ces chiffres étaient minimisés grâce à toutes sortes de manipulations. Mais c’est bien que des spécialistes du domaine le confirment. Mais je crains pour eux les sanctions qu’ils vont avoir à subire.