Jeanne Smits rapporte que le ministère slovaque de la Santé vient d’abroger la loi qui contraignait tous les hôpitaux du pays à pratiquer des avortements. Cette décision fait suite à une vigoureuse campagne de l’association slovaque Droit à la Vie, et constitue donc une victoire des militants de la vie.
Mais elle doit aussi être mise en perspective avec le discours de Benoît XVI au nouvel ambassadeur slovaque, le 13 septembre dernier. Tout le discours faisait référence à l’accord signé en 2000 entre la République slovaque et le Saint Siège. Le pape rappelait que sur les quatre points de cet accord, deux ont été ratifiés par Bratislava, mais deux autres ne l’ont pas encore été, dont celui du droit à l’objection de conscience. Or le pape se disait reconnaissant envers l’ambassadeur d’avoir donné à nouveau son assurance que la République de Slovaquie était attachée à l’accomplissement de ces deux points, et il réaffirmait de son côté que le Saint-Siège était prêt à fournir son assistance, de toutes les façons possibles, pour que cela aboutisse.
Il s’agit là d’un élément nouveau. En effet, l’article sur le droit à l’objection de conscience était en panne depuis février 2006, quand le Premier ministre fit savoir que le gouvernement slovaque ne ratifierait pas ce point. Cela provoqua une grave crise politique, car tous les ministres démocrates chrétiens démissionnèrent. Depuis lors, le nouveau gouvernement social-démocrate avait en quelque sorte gelé la question, en laissant entendre qu’il ne chercherait pas à imposer de nouvelles législations contraires à la doctrine de l’Eglise (par exemple pour les homosexuels), si on lui fichait la paix avec l’objection de conscience.
D’où l’importance du discours du pape, suivi de l’abrogation de la loi sur l’obligation de l’avortement dans les hôpitaux, qui est explicitement une reconnaissance de l’objection de conscience.
Il faut aussi rappeler pourquoi le gouvernement slovaque avait ajourné sine die la ratification de l’article sur l’objection de conscience. C’était sur pression de la Commission européenne. Celle-ci, alertée par les lobbies de la culture de mort, avait demandé un rapport sur la question à son très officiel « Réseau d’experts ». Lequel avait remis, le 14 décembre 2005, un avis qui condamnait l’accord sur l’objection de conscience. Les experts concluaient que le projet viole les engagements internationaux de la Slovaquie, notamment au regard de la Convention européenne des droits de l'homme ; qu'il porte atteinte aux droits des femmes à accéder aux services médicaux qui procèdent légalement à des avortements et comporte donc à leur égard une discrimination ainsi qu'une menace de "traitement inhumain et dégradant" ; qu'il porte également atteinte à la liberté de conscience et à l'égalité de traitement des personnes qui ne sont pas catholiques et qu'il crée symétriquement une discrimination en faveur de l'Église catholique ; qu'il viole par conséquent le principe de non-discrimination figurant tant dans les traités que dans la législation communautaire relative à l'accès au service de santé. (Je reprends ici les conclusions selon les termes de l’excellente analyse qu’avait faite François de Lacoste Lareymondie dans Liberté politique.)
Ainsi, c’est pour éviter une inéluctable condamnation de l’Union européenne que le gouvernement slovaque avait reculé.
Nul doute que la décision concernant les hôpitaux va relancer la question, comme on peut déjà le constater par un article vengeur de Rue89 intitulé : La Slovaquie cheval de Troie du Vatican ?
Car il ne s’agit pas seulement de l’avortement, et il ne s’agit pas seulement de la Slovaquie, comme le montrait fort bien, dès février 2006, François de Lacoste Lareymondie.
Commentaires
Merci pour ces compléments très importants en effet.
J'aurais évidemment dû évoquer Benoît XVI.
Cela dit, l'information sur le ministère de la santé ne figure (en anglais) que sur LifeSite et je n'en ai pas trouvé d'autre trace... et je ne maîtrise pas le slovaque.
Je ne sais donc si c'est bien la clause de conscience pleine et entière qui est ainsi reconnue, s'agissant d'une décision administrative. J'ai vu (sur Rue89 aujourd'hui) que cette clause "lierait" même la Slovaquie au Vatican, aux termes d'un instrument international alors ? Bizarre... Rien de cela n'est très clair dans mon esprit : avez vous d'autres infos ?
Amitiés
[Non je n'ai rien d'autre à avouer, j'ai dit tout ce que je savais. D'après l'information de Lifesite, il ne semble pas que ce soit la clause de l'accord avec le Vatican qui soit ratifiée, pusiqu'il s'agit de l'abrogation d'une loi (vous avez sans doute raison de l'appeler règlement, car seul le Parlement peut abroger une loi, en tout cas chez nous) sur les seuls hôpitaux. Cela ressemble donc à une application anticipée de la clause non encore ratifiée. Le gouvernement slovaque attend sans doute maintenant la réaction de la Commission européenne... YD]
Les droits de l'homme, s'ils ne sont édifiés sur le bien commun de la vérité, de la justice dans une société vivifiée par l'amour, deviennent fous.
Ainsi le droit à l'avortement, c'est le droit de tuer son prochain, cela viole le droit à la vie et le droit à l'égalité, cela viole l'amour que se doivent tous les hommes, c'est donc un mensonge, ce droit à l'avortement.
Rien n'est plus contraire au droits de l'homme que l'idéologie du "droit des femmes à l'avortement".