A la suite de l’interpellation de 42 clandestins qui s’étaient installés dans des campements devant les hôpitaux de Lille, Valenciennes, Tourcoing et Roubaix, et des cris d’orfraie des lobbies contre cette nouvelle « rafle », le préfet du Nord a tenu une conférence de presse pour mettre les points sur les i.
Il a rappelé que dans cette affaire des « sans-papiers » qui s’étaient installés d’abord dans le parc de la Bourse du travail de Lille et avaient été délogés le 1er août, un accord de « sortie de crise » avait été signé par six associations : établissement d’une liste de 150 noms dont les dossiers seront examinés « au cas par cas » ; délivrance, dès le dépôt de la liste, d’un document permettant aux « sans-papiers » de circuler librement le temps de l’examen des dossiers ; délivrance immédiate d’un document provisoire en attendant la carte de séjour pour les personnes qui seront régularisées. Mais l’accord avait été rejeté par le « Comité de soutien aux sans-papiers du Nord », ainsi que par la Ligue des droits de l’homme et le MRAP, et une partie des clandestins avait commencé une nouvelle opération, harcelant les urgences des hôpitaux.
« Ceux qui se placent en dehors des accords et de la législation ont fait et feront l’objet d’un examen de situation, a déclaré le préfet. Si elle n’est pas conforme à la loi, ils seront reconduits à la frontière. Depuis 1996, c’est la 13e ou 14e grève de la faim de sans-papiers à Lille. Je veux dire non au chantage, non à la manipulation et non au terrorisme intellectuel. Pendant 11 ans, on a fait une équation tout à fait anormale : grève de la faim égale régularisation. L’équation va changer. Maintenant : grève de la faim égale reconduite à la frontière. »
Et il a précisé : « Sur les 42 personnes interpellées mardi, 35 sont en situation irrégulière et vont faire l’objet d’une mise en rétention administrative avant d’être éventuellement reconduites à la frontière. Parmi eux il y a 26 Guinéens, 6 Algériens, 2 Marocains et 1 Sierra-Léonais. »
Voilà de mêmes accents : le préfet du Nord parle comme... le président de la République. On notera toutefois le mot « éventuellement ». Ce n’est pas tout de faire de belles déclarations préfectorales, il y a aussi la justice... Et dans de nombreux tribunaux règne le « terrorisme intellectuel » que dénonce le préfet...