L’Algérien Cherif Bouchelaleg a été condamné hier à quatre ans de prison, dont deux ferme, pour avoir forcé un barrage de gendarmerie près d’une réunion d’où sortait le Premier ministre Dominique de Villepin, le 29 août 2006, à Sallanches. La gendarmerie s’était empressée de faire savoir que l’intrusion de l’énergumène n’avait rien à voir avec la présence du Premier ministre, preuve en était que l’individu, dont elle ne donnera le nom que plus tard, en était à son troisième vol de voiture de la journée, après avoir commis plusieurs vols avec violence les jours précédents...
Mercredi soir, à la télévision, Nicolas Sarkozy s’est une nouvelle fois vanté d’être l’homme qui a aboli la prétendue « double peine ». C’est précisément le cas Bouchelaleg qui l’avait fait changer d’avis sur la question. Il avait été ému par le « contexte familial » de ce voyou, qui avait au moins huit condamnations à son actif, et qui était sorti de prison en juin 2002, sous le coup d’un arrêté d’expulsion : il s’était marié en France et avait six enfants (aujourd’hui il en a huit). Le ministre de l’Intérieur fit voter une loi supprimant la « double peine » pour que Cherif Bouchelaleg reste en France. Cette loi fut votée à l’unanimité (c’est-à-dire que même des gens réputés de droite comme Thierry Mariani ou Jacques Myard la votèrent).
Cherif Bouchelaleg, qui était venu en France à l’âge de 11 ans dans le cadre du regroupement familial (son histoire est vraiment emblématique de bout en bout), est donc resté en France et a pu continuer ses activités... A Sallanches, il est connu pour son comportement violent, notamment envers ses voisins, et envers les employés de l’office HLM qu’il menace régulièrement pour obtenir un appartement plus grand que son... cinq pièces.
Il vient donc d’être condamné pour une trentaine de délits, dont une vingtaine commis dans les 48 heures avant l’incident Villepin. Tous délits qui auraient été évités si Nicolas Sarkozy n’avait pas été « ému » par le personnage.
Rappelons que lorsqu’il décida d’assigner Bouchelaleg à résidence, en attendant le vote de la loi, Nicolas Sarkozy n’avait pas abrogé l’arrêté d’expulsion. Il disait alors que tout nouveau trouble à l’ordre public, de la part de Bouchelaleg, entraînerait l’application immédiate de cet arrêté. Et il ajoutait : « Je ne peux pas prendre la responsabilité de balayer tout ce qui s’est passé. S’il refaisait une connerie dans six mois, on dirait que je suis inconscient. » Puis il a fait voter la loi qui empêche d’expulser Bouchelaleg. Lequel a commis non pas une connerie, mais une trentaine de conneries, dont bon nombre avec violence. Plus de six mois après, certes, mais on ne voit pas ce que ça change.
On peut donc affirmer, sans craindre d’être contredit par l’intéressé, même s’il est aujourd’hui président de la République, que Nicolas Sarkozy est inconscient.
Et l’on en aura sans doute bientôt d’autres preuves : dans quelques mois, Cherif Bouchelaleg sortira de nouveau de prison...